D’une exposition automobile à l’autre, on voit défiler quelques dizaines de ces véhicules concepts qui font rêver un peu tout le monde, mais qui ne seront jamais commercialisés. Si certains inspirent les designers pour leurs « vrais » produits, d’autres ne sont que ça : des études de style. À moins que…

Le meilleur exemple d’une voiture qui a été présentée au public, mais qui n’a aucune chance d’être mise en marché, peu importe les raisons, est un véhicule qui a surpris tout le monde, au début de janvier, lors de son dévoilement au Consumer Electronics Show de Las Vegas. La Vision-S a pourtant tout ce qu’il faut pour conquérir l’amateur de voitures hi-tech : une silhouette futuriste, des jantes dégagées laissant facilement transparaître d’imposants freins dignes d’une sportive, et un niveau de finition qui donne l’impression qu’on a là un prototype pas très loin de la mise en marché. Il hérite aussi de 33 capteurs en tout genre, prêts pour éviter toutes les formes d’accidents auxquels on peut penser.

Léger détail : ce véhicule n’est pas le fruit d’un constructeur automobile. Il a plutôt été présenté par Sony, qui indique ainsi sa volonté de revenir en force comme fabricant de composants électroniques pour la voiture. Jusqu’ici confiné aux chaînes audio et à quelques interfaces multimédias qui n’ont pas connu un énorme succès (pensons aux premières versions du système Ford Sync…), Sony tente la grande séduction auprès des grandes marques automobiles en se lançant dans la conduite autonome et les accessoires connectés tous azimuts.

La Vision S ne sera pas un projet de véhicule qui finira en queue de poisson pour autant : ce prototype a été assemblé par Magna Steyr, filiale autrichienne de l’équipementier canadien Magna International. Magna, qui n’en est pas à une première visite au CES, signale ainsi à de gros acteurs intéressés à percer le secteur automobile qu’il est possible de confier une grosse partie du boulot à un sous-traitant de sa trempe. Pensons seulement à Apple ou Google, qui gardent tous deux un œil sur le marché automobile, mais qui hésitent, devant l’ampleur de la tâche.

Un véhicule « organique » flirtant avec la science-fiction

Si une étude de style permet généralement de savoir ce à quoi ressembleront les prochains véhicules d’une marque, dans le cas du Vision AVTR de Mercedes-Benz, ce n’est pas le but recherché. Sinon, les prochaines Mercedes troqueront la lunette arrière pour des écailles motorisées qui gigoteront au gré de l’humeur du véhicule…

PHOTO FOURNIE PAR MERCEDES

Le Vision AVTR de Mercedes

En fait, Mercedes-Benz a confié le gros de la création de ce concept aux gens du Lightstorm Studio, que pilote le réalisateur hollywoodien James Cameron. Le tout s’inspire de certaines créatures qu’on aura la possibilité de voir dans la suite du film Avatar, attendu en 2021.

D’habitude, le placement de produit consiste à prêter un véhicule pour qu’il soit mis en vitrine dans un film. Ici, c’est l’inverse qui se produit : on profite d’un événement où les visiteurs ont une certaine sensibilité envers le futur pour présenter un gadget qui fera jaser, et qui placera le titre du film sur presque toutes les lèvres.

Car « AVTR », ça se prononce Avatar. Mais ça veut aussi dire « Advanced Vehicle Transformation ». Il y a donc un peu de technologie automobile à bord de ce concept… D’ailleurs, sa console est dotée d’une surface tactile lisant le pouls des passagers, ajustant l’ambiance en conséquence, tandis que ses pneus sphériques permettent de se déplacer comme une reine, aux échecs : vers l’avant, de côté, ou en diagonale.

Sa pile au graphène, bonne pour 700 km d’autonomie, est aussi au stade conceptuel, mais celle-là s’avère probablement l’élément embarqué le plus susceptible de devenir réalité un jour. À condition de surmonter quelques obstacles majeurs, comme son coût de production élevé et sa difficulté à conserver une pleine charge sur une longue période, le graphène pourrait un jour remplacer le lithium, dit-on.

Bref, ça reste à voir. Mais le manque de réalisme de ces technologies n’empêchera personne de rêver. Encore moins les designers d’automobiles…