(Vancouver) La société d’autopartage anciennement connue sous le nom de Car2Go cessera samedi ses activités nord-américaines, notamment à Montréal, emportant avec elle des données précieuses pour les constructeurs automobiles tournés vers l’avenir, selon un expert.

Ces données pourraient indiquer à quelle fréquence les gens choisissent un service d’autopartage par rapport aux autres formes de transport en commun ou si l’utilisation de ses voitures diffère d’un quartier à l’autre, mentionne Marc-David Seidel, professeur à l’école de commerce Sauder de l’Université de la Colombie-Britannique. On pourrait même savoir combien de trajets un véhicule effectue avant que les utilisateurs réclament qu’il soit nettoyé.

« L’essentiel de leur entrée sur le marché de l’autopartage a été une expérience à grande échelle », dit-il.

Share Now est le produit d’une fusion réalisée en 2019 de Car2Go, appartenant à Daimler AG, et de Drive Now, du groupe BMW.

Les géants de l’automobile derrière la société d’autopartage utilisent cette expérience pour comprendre comment ils parviendront à survivre dans un marché qui tend à s’éloigner de l’automobile, en particulier dans les zones urbaines, fait valoir M. Seidel.

Une porte-parole de Share Now, Tiffany Young, a fait savoir par courriel que l’entreprise analysait les données anonymes pour évaluer l’offre et la demande. L’objectif est d’optimiser la distribution de la flotte et de déterminer les prix. Elle utilise aussi ces données pour déterminer si elle a « la bonne combinaison de produits » sur ses marchés, a-t-elle ajouté.

Share Now continuera d’offrir des véhicules en autopartage dans 17 villes européennes. Dans plusieurs d’entre elles, il s’agit d’une flotte entièrement électrique.

Vancouver était le plus grand marché de l’entreprise en Amérique Nord. Elle y comptait plus de 300 000 clients, a souligné Mme Young. L’an dernier, ces clients ont effectué plus de deux millions de déplacements et parcouru plus de 19 millions de kilomètres, a-t-elle déclaré.

Selon Share Now, les marchés nord-américains n’ont pas les infrastructures nécessaires pour accueillir une grande flotte de véhicules électriques partagés. L’entreprise a aussi cité « l’évolution rapide » de la concurrence et l’augmentation des coûts d’exploitation.

Elle croit que l’avenir de l’autopartage passe par les véhicules électriques.

Les constructeurs automobiles font face à des décisions stratégiques, souligne M. Seidel. Ils peuvent continuer d’exploiter leur propre flotte ou se concentrer sur la vente de véhicules à d’autres entreprises d’autopartage ou à des particuliers qui louent leur véhicule quand ils ne s’en servent pas.

L’avènement des véhicules autonomes modifiera aussi le transport, prédit le professeur. Il laisse entendre que ces véhicules sans conducteur seront vraisemblablement électriques et pourront être rechargés dans des zones situées à l’extérieur des centres-villes.

« Tous les grands constructeurs automobiles traditionnels à essence ont du mal à déterminer ce qu’ils doivent faire. »