Autrefois «voiture à deux-roues» pour toute la famille italienne, aujourd'hui scooter chic se faufilant dans les grandes villes, la Vespa fête ce mois-ci son 60e anniversaire et demeure une des premières icônes du Made in Italy.

Autrefois «voiture à deux-roues» pour toute la famille italienne, aujourd'hui scooter chic se faufilant dans les grandes villes, la Vespa fête ce mois-ci son 60e anniversaire et demeure une des premières icônes du Made in Italy.

Avec sa silhouette fuselée en forme de guêpe (vespa en italien) et son célèbre carénage en acier, le petit véhicule, lié à jamais aux ruelles colorées de Rome, reste un symbole de liberté et d'élégance pour ses fans.

Et pourtant, quand le 23 avril 1946, Enrico Piaggio - patron des usines du même nom, alors spécialisées dans l'aéronautique - dépose son brevet à Florence, c'est d'abord avec un engin pratique et peu cher qu'il veut assurer son succès et relancer rapidement une entreprise saignée par la Seconde Guerre mondiale.

«Piaggio avait confié à un de ses ingénieurs, Corradino d'Ascanio, le soin d'inventer quelque chose de nouveau, qui puisse se produire facilement, avec peu de matière première et au moindre coût», raconte à l'AFP Tommaso Fanfani, professeur d'histoire de l'économie à l'Université de Pise et président du Musée Piaggio, à Pontedera, dans le centre de l'Italie.

L'ingénieur, qui n'a jamais conçu de deux-roues et trouve les motos encombrantes et salissantes, se met au travail avec résignation.

Mais pour rendre sa tâche exaltante, il pense à l'engin le plus confortable possible : pour protéger le conducteur contre la boue et la pluie, il dessine une carrosserie en forme de bouclier. Pour rendre le pilotage facile et agréable, il installe les vitesses sur le guidon. Pour faciliter le changement des pneus, il pense à une roue de secours.

«Ce que veut d'Ascanio, c'est une machine sur laquelle on soit assis comme sur un fauteuil», résume M. Fanfani.

Le succès est immédiat et foudroyant. De 2000 exemplaires en 1946, la production passe à 60 000 unités en 1950 et explose à 500 000 en 1953, alors que des usines se déploient déjà en Europe.

La Vespa devient alors le symbole du renouveau italien d'après-guerre et de la renaissance industrielle du pays.

«Les Italiens n'avaient pas encore les moyens pour acheter une voiture, alors ils s'en remettaient à la Vespa, qui est vite devenue l'automobile de la famille. L'image du foyer entier, avec le père, la mère et deux ou trois enfants installés sur le scooter l'a rendu mythique», explique encore M. Fanfani.

Soixante ans plus tard, près de 17 millions d'exemplaires sont sortis des usines Piaggio et les différents modèles, du 50 au 250 cc, se sont encore vendus à 90 000 exemplaires en 2005.

Sa réussite, la Vespa la doit aussi au cinéma, qui en a fait un objet de culte. Qu'ils soient glamour, comme Gregory Peck et Audrey Hepburn dans Vacances romaines (1953) ou tournés vers l'introspection, comme Nanni Moretti dans Journal intime (Caro diario, 1993) et Aprile (1998), les héros circulant sur le deux-roues ne manquent pas.

Aujourd'hui plus cher que ses concurrents - entre 2150 et 2350 euros (entre 3015 et 3295 $CAN) en Italie pour une 50 cc contre 1500 euros pour un modèle bas de gamme japonais - le scooter garde ses aficionados parmi les jeunes soucieux de soigner leur image, à Rome, Paris, Londres ou aux États-Unis.

Devenus objets de collection, les vieux modèles s'arrachent aussi dans les «clubs Vespa» ou dans des forums Internet spécialisés.

«J'ai bien essayé de passer à la moto dans les années 80, mais ça n'a duré que six mois, et j'en suis bien vite revenu», confie à l'AFP Adolfo Casaburi, collectionneur et membre du «conseil national» du Club Vespa d'Italie, qui vit près de Salerne.

«Sur une moto, il faut s'appliquer, faire attention à tout, alors qu'avec une vieille Vespa, les difficultés en ville peuvent se déjouer beaucoup plus facilement. C'est beaucoup trop agréable pour me convaincre de changer», résume-t-il.