Les microvoitures comme les mini-camions kei-truck et les véhicules de quartier à basse vitesse sont trop fragiles et dangereux pour partager toute route avec de vrais véhicules dûment homologués.

À part la ceinture de sécurité, ils n'ont aucun dispositif de protection et des tests récents montrent qu'une collision à vitesse modérée avec un véhicule de promenade peut être mortelle pour leurs occupants.

 

C'est la conclusion à laquelle en arrive l'Institut américain des assureurs en sécurité routière (IIHS), après avoir fait des tests de collision avec le mini-camion Changan Tiger et la mini-voiture à vitesse basse GEM. (On peut d'ailleurs voir les photos de ces deux tests en cliquant ici).

 

Les conclusions de l'IIHS en ce qui concerne les kei-trucks sont encore plus pertinentes au Québec qu'aux États-Unis. Là-bas, la loi fédérale oblige les importateurs et fabricants à doter ces véhicules d'un limiteur de vitesse qui les empêche d'aller plus vite que 25 milles à l'heure (40 km/h), dit l'IIHS. Ce n'est pas le cas au Québec, où ils ont depuis peu accès à tout le réseau routier public, a dit hier Gino Desrosiers, porte-parole de la SAAQ.

 

Pour ce qui est des véhicules à basse vitesse, ils sont très peu répandus au Québec, et seulement en vertu d'un projet-pilote très restrictif. Aux États-Unis, ces voiturettes de golf améliorées sont très répandues, surtout dans le Sud. Quarante-six États américains leur donnent un accès restreint aux routes où la limite de vitesse est de 35 milles à l'heure (56 km/h) ou moins.

 

Les véhicules à basse vitesse et les mini-camionnettes sont des véhicules différents soumis à des règlements distincts, mais l'IIHS les a testés en même temps parce qu'il juge qu'ils ont les mêmes carences sécuritaires.

Ni l'un ni l'autre de ces véhicules n'a de coussins gonflables et leur carrosserie ne comporte pas de zone de déformation pour absorber la force des collisions ou la répartir dans des parties de la voiture autres que l'habitacle.

L'IIHS a fait ses tests habituels de collision et n'a pas choisi le pire scenario imaginable, comme se faire emboutir par un Hummer ou un camion-remorque 18-roues. Une Smart Fortwo a percuté la GEM de côté et un Ford Ranger a fait une collision frontale avec un mini-camion Tiger. La Smart est la plus petite voiture homologuée en Amérique du Nord et la Ranger (la camionnette la moins chère de sa catégorie) est celle qui a eu la moins bonne cote de sécurité de l'IIHS en collision frontale. La Ranger roulait à 35 milles à l'heure, le mini-camion Tiger, à 25 milles à l'heure.

 

Les ingénieurs de l'IIHS ont déterminé que si des humains avaient été à la place des mannequins dans les mini-véhicules, ils auraient été tués ou auraient subi de graves blessures. Par contre, les occupants de la Smart et du Ranger seraient sortis de la voiture sur leurs deux jambes, sans blessure grave.

 

L'IIHS reconnaît que l'usage de ces petits véhicules est plein de bon sens dans une ferme, une grande aluminerie, un campus universitaire, des lieux desservis par des chemins où il y a peu de circulation automobile. Mais elle note qu'il y a une contradiction entre «40 ans d'efforts pour améliorer la sécurité des véhicules» et l'autorisation sur les routes publiques de petits véhicules exempts des normes de sécurité et anti-pollution.

 

«Regardez la vidéo, c'est clair que la collision latérale est dévastatrice pour la GEM, affirme le patron de la recherche à l'IIHS, David Zuby. Elle ne résiste pas du tout aux forces de l'impact. La GEM et les autres véhicules à basse vitesse n'ont pas été conçus pour protéger leurs occupants dans des collisions avec des microvoitures comme la Smart, alors on ne parle même pas des grosses voitures, des VUS et des camionnettes dans la circulation de tous les jours.»

 

Bientôt des véhicules à basse vitesse au Québec?

 

Si la tendance américaine s'étend au Québec, la SAAQ sera de plus en plus sollicitée afin d'assouplir ses règlements: 46 États américains (seulement 8 en 2002) permettent les véhicules à basse vitesse comme le Nemo, la Zenn et la GEM sur les routes à basse vitesse. Pour ce qui est des mini-camions de la classe kei, 16 États les permettent sur certaines routes et la tendance est à la hausse, dit l'IIHS, qui déplore le message contradictoire qui émane des gouvernements fédéral et des États.

 

«D'un côté, on a la NHTSA (National Highway and Transportation Safety Agency) qui dit que ces véhicules sont conçus pour des environnements contrôlés, à faible risque, ou pour les fermes, dit M. Zuby. Et de l'autre côté, on a les États, qui les envoient sur la grand route.»

 

Selon l'IIHS, les véhicules à basse vitesse sont essentiellement des voiturettes de golf améliorées, qu'on avait imaginé dans un rôle très limité comme véhicule d'appoint dans les quartiers clôturés et sécurisés du Sud ensoleillé.

Comme au Québec, la majorité des mini-camionnettes qui roulent aux États-Unis sont des véhicules avec un volant à droite, importés du Japon. Certaines sont fabriquées aux États-Unis, avec des pièces japonaises et américaines.

Les véhicules à basse vitesse, très courants dans les quartiers clôturés et patrouillés de certains États américains, se raréfient à mesure qu'on monte au Nord vers les zones où l'hiver est neigeux. Ils ne sont pas autorisés sur la voie publique au Québec, sauf deux exceptions, dit Gino Desrosiers, de la SAAQ. Il existe depuis 2008 un projet-pilote permettant deux modèles spécifiques (la Zenn, jadis assemblée à Saint-Jérôme, et la Nemo, assemblée à Sainte-Thérèse) sur les routes où la vitesse est limitée à 50 km/h. Ces véhicules dont la vitesse ne dépasse pas 40 km/h doivent être immatriculés comme des voitures de promenade ordinaires.

 

Pour ce qui est des kei-trucks, au Québec, il y a diverses particularités selon l'âge du véhicule et la position du volant, mais en gros, ces micro-camionnettes ont maintenant accès à tout le réseau routier, peu importe la limite de vitesse. La SAAQ refuse les nouvelles demandes d'immatriculation sur les kei-trucks et kei-cars dotés d'un volant à droite, mais les propriétaires de véhicules achetés avant le 29 avril 2009 jouissent d'une clause «grand-père» qui leur permet de renouveler l'immatriculation de leurs véhicules.

 

Photo AFP

Surtout populaires dans les quartiers sécurisés du sud des États-Unis, les véhicules à basse vitesse comme la ZENN sont maintenant admis sur certaines routes dans 46 États américains.