Le constructeur automobile néerlandais Spyker, propriétaire de la marque suédoise Saab, a publié vendredi une perte nette de 72 millions d'euros (101 millions de dollars) pour le premier trimestre et indiqué que son objectif initial, la vente de 80 000 voitures en 2011, n'était «plus faisable».

Saab, racheté en janvier 2010 au géant américain General Motors (GM), est à la recherche de fonds, y compris par la vente de biens immobiliers, afin de reprendre sa production, interrompue début avril en raison d'un conflit avec des fournisseurs impayés.

«Les conséquences des récentes interruptions de production et des questions de financement sur nos prévisions pour 2011 ne sont pas encore très claires, mais il est réaliste de dire que notre objectif, la vente de 80 000 voitures, n'est plus faisable», a déclaré Victor Muller, directeur exécutif de Spyker, cité dans un communiqué. En 2010, Saab avait vendu 31 696 voitures.

Durant ses 20 ans passés dans le giron de GM, Saab n'avait jamais été dans le vert. En 2009, sa production avait plongé à 38 756 véhicules, contre environ 93 000 en 2008. Saab a vendu 9674 voitures au premier trimestre 2011, contre 11 448 au quatrième trimestre 2010.

Spyker avait précédemment annoncé s'attendre à des pertes en 2011 mais à un retour dans le vert en 2012, avec la vente de 120 000 voitures.

Basé à Zeewolde, au centre des Pays-Bas, et coté à la Bourse d'Amsterdam, le groupe avait racheté Saab à GM dans le but de relancer la marque suédoise, dont la production avait été interrompue fin janvier 2010.

«Spyker Cars propose de changer son nom en Swedish Automobile à la prochaine assemblée générale des actionnaires le 19 mai 2011», a par ailleurs indiqué Spyker, qui avait annoncé le 24 février avoir signé un protocole d'accord pour la vente de sa branche voitures de sport au holding britannique CPP Global, afin de se «concentrer exclusivement sur Saab».

L'Office national suédois de la dette (OND) avait dit jeudi avoir approuvé l'entrée de l'investisseur russe Vladimir Antonov, rejetée dans un premier temps pour des soupçons de liens avec le crime organisé, au capital de Saab.

L'homme d'affaires se dit prêt à investir jusqu'à 30 millions d'euros (42 millions de dollars) pour un maximum de 29,9% des droits de Saab, selon l'OND.

Avant que Saab puisse jouir de cet afflux de liquidités, il faut encore que le gouvernement suédois, la Banque européenne d'investissement (BEI) et GM - qui a conservé des parts - donnent leur accord au transfert de propriété.

«Nous avons ouvert des voies alternatives» en vue du financement de Saab à court et moyen terme, dont des «discussions» avec des constructeurs automobiles chinois, a également indiqué vendredi M. Muller.

L'OND avait, en 2010, garanti pour Saab un prêt européen de 400 millions d'euros. En contrepartie du consentement du gouvernement suédois, le 16 avril 2011, pour que Saab puisse vendre ses biens immobiliers, ce prêt pourrait être réduit à 280 millions d'euros. La BEI doit encore approuver ce changement.