La marque automobile suédoise Saab, en difficultés financières, ne bénéficiera pas des 150 millions d'euros (205 millions$) que devait injecter le chinois Hawtai, son propriétaire néerlandais Spyker ayant annoncé jeudi qu'un accord en ce sens avait été annulé.

«Étant donné qu'il était clair que Hawtai n'était pas en mesure d'obtenir toutes les approbations nécessaires, les parties ont été obligées d'annuler l'accord», a affirmé Spyker dans un communiqué.

Soumis à certaines conditions, dont l'approbation de certaines parties prenantes, l'accord annoncé le 3 mai devait permettre à Saab de reprendre sa production, interrompue depuis le 6 avril en raison d'un conflit avec des fournisseurs impayés.

L'accord devait également recevoir l'approbation définitive du gouvernement chinois ainsi que de la Banque européenne d'investissement (BEI) et de l'Office suédois de la dette (OND).

Interrogée par l'AFP, une porte-parole de Saab, Gunilla Gustavs, n'a pas été en mesure de détailler les raisons de l'annulation de l'accord, et notamment si les critiques de l'ambassadeur de Suède en Chine envers Hawtai y avaient joué un rôle.

Dans un rapport publié le 5 mai dans la presse suédoise, l'ambassadeur Lars Freden avait assuré que Hawtai avait gonflé ses chiffres de production et souvent changé de dirigeant ces dernières années.

L'accord, selon lequel Hawtai devait acquérir jusqu'à 29,9% des parts de Spyker, assurait «une alliance stratégique» pour la Chine, comprenant des coentreprises de production, de technologie et de distribution qui auraient notamment permis à Saab de faire son entrée sur le marché chinois.

«C'est décevant», a reconnu Mme Gustavs, ajoutant toutefois que «le travail continue pour assurer le financement à court et moyen terme». «Aucune date butoir n'a été fixée pour les discussions, mais arriver à un accord est notre priorité absolue», a-t-elle ajouté.

Spyker a affirmé que «les parties (Saab, Spyker, Hawtai) vont continuer les discussions au sujet d'une possible coopération, mais sur une base non exclusive» et a indiqué être en discussion avec «plusieurs partenaires chinois».

«Saab Automobile prévoit de reprendre sa production en fonction du résultat des discussions avec ses fournisseurs», a précisé Spyker dans son communiqué.

La participation d'Antonov toujours à l'étude

Racheté en janvier 2010 à General Motors et jamais bénéficiaire durant les 20 années passées dans le giron du géant américain, Saab est à la recherche de fonds, y compris par la vente de biens immobiliers dont sa principale usine située à Trollhättan, dans le sud de la Suède.

L'Office suédois de la dette avait, en 2010, garanti pour Saab un prêt européen de 400 millions d'euros, dont il a déjà reçu 217 millions d'euros.

En contrepartie du consentement du gouvernement suédois, le 16 avril, pour que Saab puisse vendre ses biens immobiliers, ce prêt pourrait être réduit à 280 millions d'euros. La BEI doit encore approuver ce changement.

L'OND avait par ailleurs approuvé, le 28 avril, l'entrée au capital de Saab de l'investisseur russe Vladimir Antonov, un ancien actionnaire de Spyker, rejetée dans un premier temps pour des soupçons de liens avec le crime organisé.

Avant que Saab puisse bénéficier des liquidités de l'homme d'affaires russe, prêt à investir jusqu'à 30 millions d'euros, il faut encore que le gouvernement suédois, la BEI et GM - qui a conservé des parts - donnent leur accord au transfert de propriété.