Infiniti a fait du politiquement correct. Avec la G37 IPL, l'agressivité se limite à quelques appendices aérodynamiques supplémentaires comme ce déflecteur en forme de porte-poussière et ces bas de caisse évasés. Pas de quoi émouvoir les amateurs de tuning...

Sous le joli couvercle-moteur tatoué du sigle IPL, 18 chevaux additionnels ont rejoint la cavalerie. La puissance passe à 348. Ça ne se voit pas, mais ça s'entend. Le système d'échappement émet des notes plus rauques.

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Le châssis demeure sensiblement le même. Les ingénieurs prétendent avoir peaufiné les éléments suspenseurs et la direction, mais seulement pour les adapter au profil asymétrique des pneus. On a beau fouiller dans la documentation du constructeur, on n'y trouve rien. Le tour de taille des barres stabilisatrices, le rapport de démultiplication de la direction, rien ne change. Les deux boîtes de vitesses offertes conservent le même étagement et les étriers de frein mordent le même type de disques qui équipent les versions standards.

À l'intérieur, pas de révolution à première vue non plus. Excepté cette affolante sellerie rouge. Celle-ci tapisse l'habitacle à la condition d'opter pour la boîte automatique et la teinte extérieure noir malbec. Pour les autres, c'est - tristement - noir, mais avec des surpiqûres vermeilles, tout de même.

Poursuivons l'inventaire. Des appliques en aluminium exclusives plaquent le tableau de bord et le pédalier. Et quoi encore? Rien jusqu'à ce que l'on se glisse dans les baquets. Non, ce ne sont pas les mêmes ancres à bord des G37 standards. Les possibilités de réglages sont plus nombreuses et des appuis additionnels veillent à vous garder étroitement en contact avec l'auto. Idéal si, comme le regretté Gilles Villeneuve, vous conduisez avec vos fesses.

L'aménagement intérieur reflète un fort souci du détail. Les commandes se regroupent près du conducteur, comme un essaim d'abeilles autour du miel. Tout y est, mais l'ergonomie de certaines d'entre elles laisse à désirer. Comme ces commutateurs disséminés dans la partie inférieure gauche du tableau de bord. Et que dire de ceux postés au pied des baquets que l'on manipule difficilement? À ce sujet, pourquoi ne pas avoir retenu la solution avancée sur la première mouture, laquelle consistait à agrafer lesdites commandes carrément contre l'un des renforts des sièges?

Pour le reste, rien à signaler. C'est un coupé G37 comme les autres. Avec ses places arrière restreintes et son coffre qui l'est tout autant. Par chance, on peut moduler tout cela. On peut réserver ces places pour une veste ou un fourre-tout ou rabattre les dossiers pour augmenter le volume de chargement. Infiniti prétend - graphique à l'appui - qu'il peut contenir deux sacs de golf. Désolé, je ne joue pas.

 

Pour l'été seulement

Pour l'instant, Infiniti épingle le sigle IPL seulement au coupé à deux roues motrices. Le châssis dompte parfaitement la bête, tandis que la boîte automatique - préférez celle-ci à la manuelle, la revente n'en sera que plus facile - égrène ses sept vitesses au dixième de seconde. Cela vous enlève une épine du pied. Avec les palettes au volant pour un mode totalement manuel, c'est un régal, notamment pendant les ralentissements, où l'on entre chaque rapport avec un petit coup de gaz programmé, comme au bon vieux temps du talon-pointe.

Les disques de frein torturent la gomme, qui mord avidement le bitume. Le coupé G37 IPL freine comme un avion. La ceinture de sécurité sert ici à vous maintenir contre le dossier des sièges parfaitement enveloppants. Il accélère bien aussi, mais pas plus vite que la version standard. Seul le son des échappements fait croire que le film de la route défile plus rapidement. Surtout dans les tunnels où la réverbération acoustique paraît plus hallucinante encore.

La G37 IPL est plus puissante, mais son couple demeure stationné à 276 livres-pieds. Et elle n'est pas plus légère que la G37 normale. Son rapport poids-puissance plus favorable est uniquement attribuable aux 18 chevaux supplémentaires qui requièrent, eux aussi, l'usage d'essence super.

La distribution des masses est également la même. Cette IPL n'est pas plus agile qu'une autre G37 coupé. Qui s'en plaindra? Cette Infiniti figure parmi les machines les plus équilibrées. La direction à la fois vive et précise permet de l'inscrire facilement dans la trajectoire souhaitée. Mais le plus agréable à son volant est de le mettre en appui dans une grande courbe. Solide et imperturbable jusqu'à ce que les pneus rencontrent une déformation dans la chaussée. Cette IPL vous la transmettra instantanément. Plus encore que les G37 régulières, cette version cogne dur.

Le coupé japonais perd pied aussitôt que le coefficient d'adhérence de la chaussée se détériore. Les aides à la conduite veillent bien sûr à corriger, mais ce ne sont pas des magiciennes. Nous avons eu l'occasion de mettre ces dispositifs à l'épreuve, il y a deux ans, au cours de confrontations sur la neige, et la G37 à roues arrière motrices s'est révélée complètement nulle en démarrage sur une surface enneigée et glacée. Même chaussée de bons pneus d'hiver. L'auto patine. L'alarme est sonnée. Le système antipatinage puis le correcteur de stabilité électronique s'empressent de lui retirer ses lames. Ils la freinent. La G37 fait du surplace et les passants rigolent.

Voilà donc une auto coûteuse pour s'amuser l'été. Elle n'est pas la seule. D'autres constructeurs proposent des jouets similaires à des prix aussi élevés. Mais elles offrent une véritable valeur ajoutée à leurs produits. Pensons par exemple à la Mercedes C32 AMG, à peine plus chère, mais tellement plus enivrante à conduire. À une Lexus IS-F ou encore à une Audi S5, dont le rouage à quatre roues motrices permet de goûter au plaisir de la conduite 12 mois par année. Pour toutes ces raisons, nous préférons la version standard dotée du rouage intégral à cette IPL bruyante, coûteuse et tape-cul.

 

 

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Des appliques en aluminium exclusives plaquent le tableau de bord et le pédalier. Côté sellerie, les possibilités de réglages sont plus nombreuses et des appuis additionnels veillent à vous garder étroitement en contact avec l'auto.

CE QU'IL FAUT RETENIR

Prix: 57 200$

Frais de transport et préparation: 1950$

Version essayée: IPL

Garantie de base: 48 mois/80 000 km

Consommation obtenue dans le cadre de l'essai: 11,1 L/100 km

Pour en savoir plus: www.infiniti.ca

SURVOL TECHNIQUE

Moteur: V6 DACT 3,7 litres

Puissance: 348 ch à 7400 tr/min

Couple: 276 lb-pi à 5200 tr/min

Poids: 1709 kg

Rapport poids-puissance: 4,9 kg/ch

Mode: Propulsion (roues arrière motrices)

Transmission de série: Semi-automatique 7 rapports

Transmission optionnelle: Aucune

Direction/Diamètre de braquage: Crémaillère/11 mètres

Freins: Disque/Disque

Pneus: 225/45R19 - 245/40R19

Capacité du réservoir/essence recommandée: 76 litres/super

NOUS AIMONS

Le prix unique

La musique de ce V6

La finition exemplaire

NOUS AIMONS MOINS

L'étiquette sportive tirée par les cheveux

La nécessité de la remiser durant l'hiver

Les places arrière et le coffre seulement pour le dépannage

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Solide et imperturbable jusqu'à ce que les pneus rencontrent une déformation dans la chaussée, l'IPL cogne dur, plus encore que les G37 régulières.