L'équipementier automobile japonais Takata a écopé d'une amende civile record de 200 millions de dollars aux États-Unis, dont 130 avec sursis, pour ses «échecs» dans le scandale des coussins gonflables défectueux à l'origine d'au moins huit morts dans le monde.

«Pendant des années, Takata a construit et vendu des produits défectueux, a refusé de le reconnaître et n'a pas su fournir une information complète (...) à ses clients et au public», a déclaré le secrétaire américain aux Transports, Anthony Foxx, dans un communiqué.

Aux termes de l'arrangement conclu avec les autorités, le groupe a admis qu'il était «informé d'un défaut» et qu'il avait manqué à son obligation d'ordonner des rappels «en temps utile», détaille le ministère dans le communiqué.

Le groupe devra, en conséquence, s'acquitter d'une pénalité de 70 millions de dollars immédiatement et de 130 millions de dollars supplémentaires s'il ne respecte pas ses engagements, a précisé l'agence fédérale de la sécurité routière (NHTSA).

Aux termes de cet accord qui porte sur les cinq prochaines années, Takata devra notamment accélérer la réparation de quelque 23 millions de coussins gonflables équipant les 19 millions de voitures affectées aux États-Unis.

Douze constructeurs automobiles différents, dont General Motors, BMW ou Ford, sont concernés.

Le groupe nippon devra également effectuer des rappels de véhicules supplémentaires «à moins de prouver qu'ils sont équipés de coussins gonflables sûrs ou alors s'il peut prouver qu'il a réussi à déterminer pourquoi ses coussins de sécurité sont enclins à éclater subitement», écrit l'agence.

Cause inconnue

Depuis plusieurs mois, Takata est au coeur d'un vaste scandale international en raison de certains de ses coussins gonflables qui explosent même en cas de collision mineure, projetant alors des fragments de métal et de plastique sur le conducteur ou le passager.

Ce défaut aurait provoqué 8 décès dans le monde, dont 7 aux États-Unis, et fait des centaines de blessés.

En dépit d'une longue investigation aux États-Unis, la cause exacte de l'avarie reste inconnue même si certains éléments comme l'ancienneté du coussin gonflable et une longue exposition à un climat humide constituent des facteurs à risque.

Pour parer à toute éventualité, Takata s'est en tout cas engagé mardi à ne plus utiliser de nitrate d'ammonium dans la fabrication de ses coussins gonflables, un gaz qui est «soupçonné d'être un des facteurs» à l'origine des explosions, ont rappelé les autorités.

Aux termes des mesures dévoilées mardi, un auditeur indépendant et sélectionné par la NHTSA devra également superviser la manière dont le groupe japonais applique les différents points de l'accord et comment il se conforme à la régulation américaine.

«Aujourd'hui, nous mettons Takata face à ses responsabilités pour ses échecs et nous prenons des mesures fortes pour protéger les automobilistes», a déclaré l'administrateur de l'agence fédérale de la sécurité routière (NHTSA), Mark Rosekind.

La procédure des rappels s'annonce toutefois fastidieuse. À la fin octobre, la NHTSA avait prévenu que les pièces nécessaires à la réparation des coussins gonflables ne seraient pas toutes disponibles «dans les six prochains mois».

En dépit de cet accord, les ennuis de Takata ne sont pas finis aux États-Unis où le groupe reste visé par une enquête pénale du ministre de la Justice et par des plaintes collectives d'automobilistes.

Cette retentissante affaire vient par ailleurs s'ajouter à une longue liste de scandales qui ont terni l'industrie automobile aux États-Unis.

Lundi, les autorités américaines ont accusé Volkswagen d'avoir équipé plus de voitures que prévu de logiciels truqueurs visant à fausser les tests de résultats antipollution.

À la mi-septembre, le premier constructeur américain General Motors a, lui, écopé d'une amende de 900 millions de dollars pour avoir dissimulé des informations sur un défaut mécanique lié à 124 morts et à des centaines de blessés dans le pays.

Ce scandale avait conduit au rappel de 2,6 millions de véhicules aux États-Unis.