Les commandes de voitures américaines ont cessé en Iran, ont rapporté mardi plusieurs agences de presse, à la suite de critiques contre ces véhicules formulées par le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei.

Selon l'agence iranienne Mehr, «l'autorisation d'importer des voitures américaines a été annulée».

24 modèles Chevrolet

Les médias iraniens avaient auparavant indiqué que le ministère de l'Industrie autorisait l'importation de 200 unités de divers modèles de Chevrolet du constructeur américain General Motors. GM n'avait rien à voir avec cette transaction, qui se faisait depuis quelques mois via un courtier indépendant sud-coréen. Ce dernier a eu le temps de faire entrer 24 Chevrolet avant que son projet n'attire l'attention du Guide suprême Khameini.

«Depuis dimanche (le 1er mai), il n'est plus possible d'inscrire les commandes pour importer des Chevrolet sur le site» spécialisé du ministère pour importer ces modèles, a dit Farhad Ehtesham, président de l'Association des importateurs de voitures.

Le mercredi précédent, l'ayatollah Khamenei, qui ne cesse de s'en prendre aux Etats-Unis, avait critiqué les importations de voitures américaines lors d'un discours devant des milliers d'ouvriers.

« Cela doit cesser »

Dans ces conditions, pourquoi en importer, s'était il interrogé, ajoutant: «Cela doit cesser». Son discours a obtenu des applaudissements nourris de la foule, qui a scandé « Mort à l'Amérique ! »

Pas d'Impala pour l'ayatollah. Photo : Chevrolet.

M. Khameini semble être un peu en retard sur les nouvelles concernant GM : « Imaginez que nous utilisions ces véhicules (...) d'une usine américaine au bord de la faillite. » La faillite de GM remonte à 2009 et la compagnie a depuis renoué avec la rentabilité.

Il n'existe pas de voitures américaines en Iran, sauf celles datant d'avant la révolution islamique de 1979 ou des modèles importés dans les zones franches qui ne peuvent circuler que dans un périmètre limité.

Les Iraniens ont une longue histoire d'amour avec l'automobile, qui n'est pas partagée par le Guide suprême, semble-t-il. En 2015, commentant le décès de deux accidents mortels impliquant des jeunes et dus à la vitesse, il avait critiqué « certains jeunes qui sont ivres de richesse » et qui « montent dans voitures chères et à la mode pour faire du trouble dans les rues ». 

L'Iran n'a plus de relations diplomatiques avec les Etats-Unis depuis 1980. Un timide rapprochement s'est opéré dans le cadre des négociations nucléaires qui ont permis un accord historique entre l'Iran et les grandes puissances, conclu en juillet 2015 et entré en vigueur en janvier en même temps que la levée d'une grande partie des sanctions internationales.

Les importations de voitures sont restreintes en Iran.

Les importations permises incluent BMW, Hyundai, Mercedes Benz, Toyota et d'autres, y compris la Porsche Macan, un multisegment sport de luxe.

Constructeurs asiatiques et européens bienvenus

Depuis l'accord nucléaire, Téhéran est en discussion avec de grandes compagnies européennes (Renault, Peugeot, Volkswagen, Mercedes Benz ou Fiat) et asiatiques pour entamer ou reprendre la production de voitures en Iran.

La production iranienne d'automobiles, qui s'élevait à 1,65 million d'unités en 2011, a fortement chuté à 740 000 en 2013 à cause des sanctions internationales. Elle est repartie à la hausse pour atteindre 1,1 million de véhicules en 2014. On estime qu'elle atteindra 1,6 million en 2018 et deux millions en 2022.

En novembre, les importations de produits de consommation courante des Etats-Unis avaient déjà été interdites pour empêcher «la présence de symboles américains» en Iran et soutenir la «production nationale».

Note de la direction : ce texte a été mis à jour le 4 mai pour ajouter des informations provenant de l'agence Associated Press.

Renault a baptisé son prochain VUS urbain Kadjar. C'est le même nom qu'une célèbre dynastie royale d'Iran, mais c'est juste un hasard, selon Renault, qui souhaite augmenter ses activités en Iran. Photo : Renault