L'entreprise québécoise Purebreed a été le fleuron de la scène café racer au Québec. Son fondateur Guillaume Brochu a fait l'objet d'une série documentaire à Historia et a flirté avec BMW pour modifier une S1000R. Mais quatre mois après avoir brillé à la télé, Purebreed est sur le point de fermer ses portes.

En présentant sa rutilante BMW S1000R « Brooklyn Project » aux récents salons de la moto de Toronto, New York et Québec, Guillaume Brochu avait annoncé vouloir modifier 40 motos, vendues dans une nouvelle boutique Purebreed qui devait avoir pignon sur rue à Brooklyn. C'est finalement la seule moto qui aura été réalisée.

«Il ne s'est jamais pointé...»

Charles Gref fils, président de Moto International, qui avait facilité le rapprochement entre BMW et Guillaume Brochu, n'a plus de contact avec le jeune artisan. « J'étais très heureux de lui donner un coup de main, je lui ai donc vendu une moto et j'avais conclu de lui en fournir d'autres si le projet suivait son cours, a indiqué M. Gref. Nous avions prévu nous rencontrer à la suite du Salon de la moto de Montréal pour discuter des objectifs de production et de vente de la moto. Mais à partir de la troisième semaine de mars, Guillaume s'est transformé en fantôme. Il m'a envoyé un message texte sollicitant une rencontre, mais il ne s'est jamais pointé... »

Le jeune homme a soutenu qu'il n'avait pas eu le courage de faire face à M. Gref, un pilier du milieu de la moto au Québec depuis de nombreuses années.

Manifestement amer devant la tournure des événements, Guillaume Brochu soutient avoir engouffré d'importantes sommes d'argent dans Purebreed, et a été forcé d'enclencher des démarches de faillite. 

«La compagnie n'est pas rentable. On ferme, c'est une décision d'affaires», a dit à La Presse Guillaume Brochu.

Moto BMW S1000R modifiée par Purebreed. Photo: Olivier Pontbriand, La Presse

Selon lui, le seul projet viable était la BMW S1000R. Il soutient avoir investi plusieurs dizaines de milliers de dollars dans le projet, et d'importantes sommes auraient été nécessaires pour mener une opération marketing conséquente aux États-Unis - le marché tant convoité par Brochu. Il dit avoir dû renoncer à la suite du désistement d'un investisseur potentiel.

Motos remises en pièces détachées, clients frustrés

Au début du mois juin, une douzaine de projets de modification de moto étaient en cours dans l'atelier de Purebreed à Saint-Alphonse-de-Granby. Du nombre, Guillaume Brochu soutient que la moitié était très peu avancée et que les clients ont vu leur acompte remboursé. Quant aux autres clients, ils ont été invités à venir chercher les motos en pièces détachées. Certains attendaient depuis plus de deux ans. Dans bien des cas, Guillaume Brochu ne s'est pas présenté devant ses malheureux clients. Il soutient toutefois que la valeur des nouvelles pièces installées sur les motos dépasse les sommes avancées par les clients.

Plusieurs collaborateurs soutiennent aussi avoir perdu temps et argent dans les projets mal ficelés de Guillaume Brochu. Celui-ci comprend que certaines personnes soient frustrées et avoue avoir mal planifié son travail. « J'ai beaucoup de difficulté à dire non aux clients, nous a-t-il expliqué. Quand le mois de mars arrive, tout le monde saigne du nez et veut sa moto coûte que coûte. Quand on me dit : "Tais-toi et prends l'argent", j'essaie toujours de m'organiser, mais je ne me garde pas de marge de manoeuvre. Et des imprévus, ça arrive. »

Guillaume Brochu a aussi blâmé les contraintes du tournage de la série télé le mettant en vedette à Historia. Il dit avoir dû mettre de côté certaines commandes de façon à privilégier les projets liés au contenu de la série. « Je ne savais pas c'était quoi, trop de commandes, a-t-il affirmé. Je me basais sur les motos que j'avais réalisées au début, en me disant que je pourrais en faire 20 par année. Mais j'ai été dépassé par les événements... Je ne suis pas BMW ! »

Le fondateur de Purebreed, Guillaume Brochu, a mis la clef sous la porte. Photo: Sébastien Pédraglio, Archives La Presse