Trois ex-responsables de Takata ont été inculpés aux États-Unis dans l'enquête sur les airbags défectueux du groupe japonais, qui pourrait plaider coupable aujourd'hui dans ce scandale au coeur du plus grand rappel de l'histoire automobile américaine.

Il s'agit des premières inculpations dans cette affaire d'airbags susceptibles d'exploser inopinément et soupçonnés d'avoir causé 15 décès dans le monde, dont 11 aux États-Unis.

Trois ex-cadres accusés de «conspiration»

Shinichi Tanaka, Hideo Nakajima et Tsuneo Chikaraishi sont notamment accusés de «conspiration» visant à dissimuler le grave défaut affectant ces airbags qui ont été utilisés à grande échelle par de nombreux constructeurs américains et étrangers, selon l'acte d'accusation daté de décembre et dévoilé aujourd'hui.

Ces trois vétérans, qui ont quitté l'entreprise en 2015, ont été en poste aux États-Unis et auraient, via des rapports «frauduleux» et «tronqués», «dissimulé le véritable état» des airbags afin de tromper les constructeurs et préserver les ventes.

Certains airbags Takata équipés de gonfleurs au nitrate d'ammonium se sont pourtant révélés être de potentielles sources de danger en explosant après une collision parfois mineure et en projetant des fragments sur le conducteur ou le passager.

En dépit de plusieurs mois de recherche, les autorités américaines n'ont pas encore établi la cause fondamentale de l'avarie mais ont identifié deux facteurs à risque tels que l'ancienneté et une longue exposition à une très forte humidité.

Le gonfleur d'un airbag Takata, retiré d'un Honda Pilot, àa la suite du rappel. Photo : Reuters

Aveu

Pour éviter tout risque, les autorités américaines ont ordonné le rappel de quelque 70 millions de ces airbags aux États-Unis, le plus grand rappel dans le secteur de l'industrie en matière de sécurité. Environ 30 millions d'autres unités doivent également être réparées sur le reste du globe.

Nombre de grands constructeurs sont affectés: Honda, BMW, Fiat Chrysler, General Motors, Ford, Mazda, Mitsubishi Motors, Nissan, Subaru et Toyota.

Ce scandale a déjà valu en novembre 2015 au groupe japonais une amende civile sans précédent de 200 millions de dollars aux États-Unis, dont 130 avec sursis, et l'a forcé à annoncer plusieurs mesures pour changer ses pratiques. Mais l'addition pourrait être bien plus salée.

Le département américain de la Justice a annoncé un règlement avec Takata, qui se traduit par un aveu de culpabilité de l'équipementier nippon et une amende pénale de 1 milliard de dollars, qui permettra de clore le volet pénal du scandale aux Etats-Unis.

L'action de l'équipementier s'était envolée vendredi matin de plus de 16% à la Bourse de Tokyo, en raison de ces rumeurs d'accord imminent avec les autorités américaines. Une telle issue faciliterait la tâche de Takata, empêtré depuis bientôt deux ans dans ce scandale, dans sa recherche d'un investisseur extérieur pour orchestrer sa restructuration.

Les négociations avec plusieurs candidats potentiels ont été entamées il y a plusieurs mois, mais elles butent sur les nombreux risques judiciaires qui pèsent sur le groupe, également visé par des recours collectifs d'automobilistes un peu partout sur la planète.

L'équipementier nippon contrôle 20% du marché mondial des ceintures et airbags pour l'industrie automobile.

Mercredi, les autorités américaines ont aussi refermé le volet pénal d'un autre retentissant scandale dans l'automobile, en infligeant 4,3 milliards de dollars de pénalités supplémentaires à Volkswagen dans l'affaire des moteurs diesel truqués.

L'administration Obama semble ainsi pressée de boucler ses dossiers les plus emblématiques avant de passer la main à Donald Trump qui doit prendre ses fonctions le 20 janvier.

Un panneau publicitaire faisant la promotion desp produits Takata, à Tokyo. Photo : Reuters