Avant de se poser pour trois jours à Montréal et de conclure sa tournée à Québec jeudi et vendredi, la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) a visité neuf autres villes de la province afin de connaître les préoccupations des populations locales et de recueillir des suggestions pour améliorer le bilan routier.

Si certains thèmes (la place du vélo, la sécurité des piétons, l'alcool au volant) ont été abordés d'une façon ou d'une autre dans presque toutes les régions visitées, c'est celui des aménagements routiers qui s'est imposé le plus fréquemment en région.

À Baie-Comeau, des maires, des gens d'affaires et de nombreux citoyens ont fait bloc pour réclamer la construction d'un pont au-dessus de la rivière Saguenay afin de ne plus devoir dépendre des traversiers entre Tadoussac et Baie-Sainte-Catherine pour relier les bouts de la 138, la principale route régionale.

La sécurité des piétons est déficiente dans plusieurs intersections. Photo: David Boily, La Presse

Seize morts sur la route 50 depuis 2010

À Gatineau, deux jours seulement après qu'un conducteur eut péri dans un accident sur l'autoroute 50, un résidant a proposé d'installer un muret de béton entre les deux voies de circulation de l'autoroute, qui ne sont pas séparées par un terre-plein. Quelques jours à peine après le passage de la SAAQ, une deuxième personne en une semaine à peine a perdu la vie sur l'autoroute, portant le bilan à 16 morts depuis 2010.

Une semaine plus tard, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a promis de lancer rapidement les travaux de plusieurs centaines de millions de dollars pour élargir cette autoroute à quatre voies.

Dans le Bas-Saint-Laurent, le Dr Sylvain Leduc, directeur régional de santé publique, a indiqué divers tronçons routiers, sur la route 132 ou l'autoroute 20, où les accidents mortels sont plus fréquents, proposant de réaliser des travaux correctifs pour améliorer la sécurité des usagers. En Abitibi, la rareté des zones de dépassement sur la route 117, où circulent de nombreux camions, ou des aires de repos dans le parc de La Vérendrye a été au coeur des discussions.

« Mais d'une façon générale, ajoute-t-elle, les citoyens des régions vivent les mêmes problèmes de cohabitation et de partage entre les différents usagers de la route qu'on voit dans les grands centres urbains. À Chibougamau ou à Val-d'Or, on ne parlera peut-être pas autant du vélo qu'à Montréal, par exemple, mais les cyclistes revendiquent partout un espace pour rouler en sécurité, sur l'accotement de la route ou sur des sentiers. »

Le fléau des textos

L'alcool au volant, la vulnérabilité des piétons et la sécurité des motocyclistes sont aussi des thèmes plus généraux qui ont été abordés en audiences publiques dans plusieurs régions.

À Trois-Rivières, un neurochirurgien du Centre hospitalier régional, le Dr Alain Bilocq, qui a récemment vu mourir deux jeunes patients, accidentés de la route, a livré un poignant plaidoyer contre l'utilisation du cellulaire au volant, qu'il a qualifié de « fléau ». Ses deux jeunes patients, morts d'un traumatisme crânien, étaient en train de texter lorsqu'ils ont eu leur accident.

À Rimouski, la municipalité milite pour le développement du transport actif (marche et vélo) et envisage la création de « rues partagées » où la vitesse de circulation serait limitée à 20 km/h. À Gatineau, Action Vélo Outaouais a demandé plus de zones urbaines où la vitesse des automobiles est limitée à 30 km/h.

Avant les escales de Sainte-Adèle et de Sherbrooke, la semaine dernière, près de 400 personnes avaient assisté aux séances de consultation. La SAAQ a reçu les présentations de 48 organismes (municipalités, gens d'affaires, groupes populaires) et de 70 citoyens, à titre individuel. Plus de 80 personnes ou organismes ont déposé des avis ou mémoires, sans être entendus.

Et en date de mercredi dernier, 5947 personnes avaient déjà rempli le questionnaire en ligne sur le site internet de la consultation.

Ce questionnaire restera en ligne jusqu'au 3 mars.