Les concessionnaires automobiles au Québec viennent de se donner un nouveau « porte-parole » : l'ancien ministre des Transports Robert Poëti, 63 ans, est devenu leur PDG, il y a deux mois.

« J'ai l'avantage d'avoir un très bon réseau de contacts et j'entends m'en servir pour faire avancer mes dossiers », explique-t-il en entrevue à La Presse.

Les réactions à la suite de sa nomination sont « positives », selon ce qu'il a entendu, jusqu'à présent, lors de sa tournée provinciale dans le réseau des 900 concessionnaires. « On me dit qu'on est content d'avoir un porte-parole qui a une connaissance de la politique, des médias et de l'administration des affaires », fait-il valoir.

Des enjeux

Robert Poëti est déjà en mission. Aussi entend-il multiplier les interventions publiques au cours des prochains mois, entre autres auprès des gouvernements, « afin qu'on mesure bien l'impact économique » de ce secteur d'activité qui génère, fait-il valoir, des ventes de 1 milliard par année.

« On ne le dit pas assez que l'automobile est le secteur le plus important au Québec, après l'industrie de la construction, insiste-t-il. L'automobile, c'est 40 000 emplois directs et 100 000 emplois indirects. On verse 2 milliards de taxes aux gouvernements [sur la vente des véhicules], sans compter les taxes foncières aux municipalités, par les concessionnaires. »

Mais il veut aller plus loin. Il parle de l'importance de montrer une image plus favorable de l'industrie « qui a été quelque peu dénigrée au cours des dernières années », constate-t-il. D'où l'importance, ajoute-t-il, de faire preuve d'une plus grande « transparence » pour mériter la pleine confiance des consommateurs.

« Nous avons travaillé avec l'Autorité des marchés financiers (AMF) pour offrir une formation aux concessionnaires, partout au Québec, sur le volet des véhicules vendus avec une valeur à neuf, les assurances. Les règlements changent, les concessionnaires doivent se tenir à jour. »

Les heures d'ouverture

Robert Poëti ne cache pas que le secteur de l'automobile évolue rapidement et que les concessionnaires doivent « s'ajuster » pour répondre à la demande des consommateurs, « qui magasinent leurs véhicules sur l'internet » avant même d'entrer dans les salles d'exposition.

Ces comportements ont changé la donne, selon lui, sur la question touchant les heures d'ouverture, le week-end.

« À cause de l'internet, justement, ce n'est plus un enjeu, là. Il est plus facile, maintenant, d'avoir une communication entre un client et un conseiller aux ventes. On peut avoir un lien instantané avec les sites web des concessionnaires. » - Robert Poëti, PDG de la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec

Les enseignes multiples

Le PDG de la Corporation observe en outre une tendance lourde dans la vente de véhicules. « Il y a de plus en plus de groupes de concessionnaires qui possèdent plusieurs marques, souligne-t-il. Ce n'est pas rare de voir des groupes qui possèdent jusqu'à 10 [enseignes]. »

Ces regroupements risquent-ils, en fin de compte, de limiter le pouvoir de négociation de l'acheteur ? « Il n'y a rien de mal à ça, bien au contraire, soumet-il. Ça permet aux acheteurs de faire des comparaisons entre un modèle et un autre. »

Sans les nommer, il mentionne que « des groupes de Montréal » ont commencé à acheter des concessionnaires en régions éloignées pour étendre leurs tentacules.

Main-d'oeuvre et... François Legault !

Il n'en demeure pas moins, estime Robert Poëti, que les concessionnaires font face, comme la majorité des employeurs, à une pénurie de main-d'oeuvre. Il prévoit se rendre en Tunisie, au cours de l'hiver, pour « faire des contacts » afin de recruter des débosseleurs et éventuellement des mécaniciens « bien formés ». Un premier contingent de 30 débosseleurs est attendu au cours des prochains mois, au Québec, dans le cadre de ces démarches de recrutement ciblées.

« Nous travaillons sur deux missions là-bas, confirme-t-il. Nous allons nous assurer qu'ils pourront travailler chez nous avec nos standards. »

Il précise au passage que ce sont des travailleurs qui vont pouvoir s'intégrer plus facilement, étant donné qu'ils s'expriment déjà en français.

Par ailleurs, Robert Poëti tient à saluer la décision du gouvernement Legault de maintenir la subvention gouvernementale à l'achat d'un véhicule électrique.

« Le gouvernement de l'Ontario a fait une grave erreur en retirant son aide aux acheteurs d'autos électriques, mais le gouvernement Legault a pris une bonne décision en la maintenant. On en voit les effets positifs. Nos concessionnaires reçoivent des véhicules invendus en Ontario qui trouvent rapidement preneur ici », conclut l'ex-député de la circonscription de Marguerite-Bourgeoys, à Montréal, au sein de l'ex-gouvernement de Philippe Couillard.