Le constructeur automobile indien Tata Motors envisage de cesser la production de sa Tata Nano, son emblématique « voiture la moins chère du monde » censée inonder le marché indien mais qui s'est avérée un échec retentissant.

La société a indiqué mercredi qu'elle pourrait mettre fin à la production et la vente de ce véhicule à compter d'avril de l'année prochaine en raison de l'entrée en vigueur de nouvelles normes de sécurité et d'émissions polluantes, qui nécessiteraient d'importants investissements.

« Il est possible que nous n'investissions pas dans la modernisation de tous les produits et la Nano est l'un de ceux-là », a déclaré à des journalistes Mayank Pareek, responsable des véhicules avec passagers chez Tata.

Premier constructeur automobile de ce pays d'Asie du Sud au 1,2 milliard d'habitants, Tata Motors avait lancé en fanfare en 2009 ce modèle de mini-citadine, avec un tarif démarrant autour de 1500 euros pour la première édition.

La Nano : une idée de Tata

L'idée de Ratan Tata, le patriarche à l'époque à la tête du conglomérat familial Tata, était de proposer une voiture bon marché accessible aux masses, persuadé que les classes moyennes modestes allaient, avec ce modèle, troquer leur moto pour la voiture.

Photo PUNIT PARANJPE, AFP

La Tata Nano avait aussi suscité l'enthousiasme des analystes et des médias, qui voyaient ce véhicule présenté comme la « voiture la moins chère du monde » révolutionner le mode de transport de millions d'Indiens.

Mais les ventes n'ont jamais décollé et Tata a dû au fil des ans réduire progressivement la production de sa Nano, trop chère pour les classes populaires, trop humble pour les classes moyennes émergentes.

« C'était un échec marketing », a déclaré à l'AFP Hormazd Sorabjee, rédacteur en chef du magazine Autocar India, « la voiture a été positionnée comme la voiture de l'homme pauvre et en Inde le statut social compte beaucoup ».

« En faire une alternative à la moto était un bon concept mais ça ne fait pas un slogan marketing », a-t-il ajouté.

Cotes de sécurité catastrophiques et incendies spontanés

Le marketing de la Nano était devenu particulièrement ardu en 2010 lorsque des vidéos de la micro-voiture en flammes s'étaient mises à foisonner sur internet, la Nano ayant le fâcheux défaut de prendre feu de façon inopinée. Tata a corrigé le problème, mais l'image est restée.

Photo INDRANIL MUKHERJEE, AFP

En mars 2009, quand cette photo a été prise au complexe automobile Tata à Pimpri, en Inde, on entretenait de grands espoirs pour la Nano.

Les cotes de sécurité désastreuses de la Nano n'avaient pas aidé sa cause. En 2014, les tests d'impact de la Nano l'avaient placée parmi les trois voitures les plus dangereuses au monde avec la Suzuki-Maruti Alto 800 et la Hyundai i10. Lors d'un impact frontal à 65 km/h, la structure de la Nano s'effondrait, pouvant tuer ou blesser gravement les passagers. Sans parler des attaches pour sièges de bébé, qui étaient inexistantes.

Une version modifiée et renforcée destinée au marché européen avait toutefois passé avec succès des tests d'impact faits en Angleterre. 

Un porte-parole de Tata Motors a indiqué vendredi à l'AFP que la décision finale sur le sort de la Tata Nano n'avait pas encore été prise. Mais les médias indiens interprétaient les commentaires du responsable de Tata comme le glas de la voiture, dont la disparition est pressentie de longue date.

« La fin d'un rêve », titrait le quotidien économique Mint.

Photo AFP

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