Même si elle se targue de l'avoir inventé, Acura n'a jamais trouvé sa place dans le catalogue des berlines de luxe d'entrée de gamme. Aujourd'hui, elle compte sur la ILX qui, contrairement aux modèles qui l'ont précédé, entend être plus qu'une Civic endimanchée.

Chez Acura, les nouveautés (et les concepts) se bousculent. L'avènement presque simultané du multisegment RDX et de la berline ILX dans les salles d'exposition donne un coup de plumeau à une collection de modèles poussiéreuse. Mais surtout, les RDX et ILX tenteront de surpasser l'objectif fixé par la marque de prestige d'immatriculer plus de 20 000 de ses produits au Canada, au cours de la prochaine année.

C'est surtout la ILX qui se distingue. Légataire des EL et CSX, elle marque la réapparition d'Acura dans la cour des véhicules de luxe d'entrée de gamme. Créneau qu'elle se flatte d'avoir créé. Nos lecteurs âgés de plus de 40 ans pourraient mettre en doute cet affirmation, en rappelant que Cadillac fut la première à poser un pneu dans ce segment avec la Cimarron.

Carrière américaine

Laissons aux historiens de l'automobile le soin d'en débattre et revenons à cette ILX qui, contrairement à ses ancêtres, connaîtra une diffusion aux États-Unis. D'ailleurs, c'est à cet endroit qu'elle prendra formes et couleurs. Les EL et CSX étaient nées d'une initiative toute canadienne et conséquemment assemblées à l'usine d'Alliston, en Ontario, sur une base de Civic... La ILX dérive également de la populaire compacte japonaise, mais a le mérite cette fois de s'en dissocier davantage. Visuellement surtout, car techniquement, c'est la même auto. Enfin presque.

Davantage de chrome, quelques effets de style et un habitacle plus sophistiqué. Voilà en gros ce qu'est la ILX. Dans le détail, il y a de nombreuses nuances à apporter. Par exemple, Acura ne laisse aucun choix à la clientèle de personnaliser ce qui se trouve sous le capot.

La stratégie suivie pour la ILX consiste naturellement à rendre le luxe accessible. Mais elle ne s'arrête pas là. La ILX cherche également à accompagner la descente en gamme d'amateurs d'automobiles de qualité, soucieux de dépenser moins et mieux. Certains d'entre eux se disent lassés d'acquitter la prime exigée pour conduire de petites Audi (A3), BMW (Série 1), Lexus (IS250) ou Mercedes (Classe B), cibles avouées de la ILX. Le prix de base de cette dernière (27 790$) témoigne de cette volonté de faire plus à moindre coût vis-à-vis ces marques, mais omet d'inclure dans ses «proies naturelles» une Buick Verano (22 595$), par exemple. Celle-ci avance pourtant sensiblement les mêmes arguments que l'Acura ILX pour se tailler une place dans ce segment appelé à progresser de 45% au Canada au cours des trois prochaines années.

Acura table sur une offre diversifiée et une clientèle qui l'est tout autant. La marque de luxe japonaise ratisse large. Très large. Elle s'estime en mesure de séduire aussi bien les baby-boomers que les générations X et Y. Pour ce faire, elle décline la ILX en cinq versions, chacune ayant un objectif précis à remplir. Il y en a pour tous les goûts.

En effet, la nomenclature de la gamme est un brin curieuse. La ILX soulève son capot à trois mécaniques distinctes, mais chacune d'elles est soudée à une boîte de vitesses spécifique. Par exemple, le quatre-cylindres 2 litres ne s'arrime qu'à une boîte automatique à cinq rapports alors que le 2,4 litres n'épouse qu'une boîte manuelle. Impossible de substituer ce choix. Idem pour la version hybride qui adjoint à sa motorisation bicéphale une transmission à variation continue (CVT).

Le luxe n'est-il pas la liberté de choisir?

Marquer la différence

À l'exception du 2 litres, toutes les mécaniques et boîtes de vitesses offertes par Acura se trouvent en service dans la Civic de Honda. Voilà un avantage aux yeux des consommateurs en quête de groupes motopropulseurs robustes et éprouvés. Les «fines bouches» trouveront à redire sur l'absence de l'injection directe sur l'ensemble des moteurs proposés ou d'un sixième rapport à la boîte automatique. Les plus écolos regretteront pour leur part la technologie hybride plutôt basique de ce modèle, incapable d'entraîner les roues avant motrices sans le concours du moteur à essence. Un défi pourtant relevé par d'autres modèles parfois moins coûteux. Et contrairement à une Lexus CT200h voire une Kia Optima Hybrid, la plus verte des ILX est incapable de se mouvoir de sa position statique à l'aide de son seul moteur électrique.

Où se cache donc le luxe? À l'intérieur. Dérivée, rappelons encore une fois de la Civic, la ILX conserve les meilleurs attributs de la Honda et rature certains de ses défauts. Pas tous, comme en fait foi la banquette arrière qui s'escamote d'un trait, condamnant du coup les places arrière. C'est mieux diront certains que la version hybride qui n'autorise aucune modularité entre le coffre et l'habitacle, le dossier de la banquette demeurant résolument fixe en raison de la quincaillerie additionnelle (les batteries par exemple) liée à pareil groupe propulseur.

En revanche, la figure sinistre du tableau de bord de la Civic a disparu. La facture est plutôt classique, mais l'instrumentation est claire et lisible, de jour comme de nuit. Et pour ajouter à ce petit bonheur, les matériaux qui habillent l'habitacle fleurent bon la qualité à l'oeil comme au toucher. Les espaces de rangement sont nombreux et pratiques et Honda (pardon, Acura) fait de nouveau preuve ici de sa maîtrise à tirer le maximum d'un espace donné.

Quant aux accessoires, Acura propose tout (à condition de choisir la bonne version), mais omet cependant d'offrir des capteurs d'angles morts.

Une Civic plus

Sur les routes chauffées à blanc de l'Arizona où s'est tenu l'essai du véhicule, la ILX ne réserve à proprement parler aucune surprise. On identifie sans mal les gènes de la Civic: comportement sûr et sans histoire. Le châssis, dit-on, est plus rigide, mais on a peine à le ressentir.

En revanche, il est clair que la ILX procure un toucher de route légèrement plus précis que la Civic et des éléments suspenseurs offrant un meilleur compromis entre tenue de route et confort. Face à la Civic, l'agrément de conduite y gagne assurément, mais la ILX vise une autre clientèle, plus exigeante encore dans ce domaine. En d'autres mots, elle recherche plus qu'une Honda évoluée.

CE QU'IL FAUT RETENIR

> Fourchette de prix 27 790 $ à 34 990 $

> Transport et préparation nd

> Garantie de base 4 ans / 80 000 km

> Consommation obtenue lors de l'essai 9,1 L/100 km

> Pour en savoir plus www.acura.ca

> Technique (ILX 2,0)

> Moteur L4 DACT 2,0 litres

> Puissance (moteur essence) 150 ch à 6 500 tr/mn

> Couple (moteur essence) 140 lb-pi à 4300 tr/mn

> Poids 1320 kg

> Rapport poids-puissance 8,8 kg/ch

> Mode Traction (roues avant motrices)

> Transmission (série) Automatique 5 rapports

> Transmission (optionnelle) Aucune (2,0)

> Direction / braquage Crémaillère / 11 m

> Freins avant / arrière Disque/disque

> Pneus 205/55R16

> Capacité / type de carburant 50 litres / Super

ON AIME

> Présentation soignée

> Gamme complète

> Appui des États-Unis

ON AIME MOINS

> Faible modularité du coffre

> Choix des groupes motopropulseurs

> Orientation de la marque et du modèle

Les frais de transport et d'hébergement liés à ce reportage ont été défrayés par Acura Canada.

Photo fournie par Honda