Nonobstant le respect qui lui est dû, Acura n'appartient pas à l'élite de la route. Avec la RLX, sa nouvelle berline haut de gamme, cela pourrait bien changer.

Les chiffres sont cruels pour l'Acura RL. Lancée en 2005, cette berline devait bousculer les règles (trop) figées de l'univers du luxe automobile. Mais elle n'a été diffusée qu'à doses homéopathiques. Au Québec, l'année dernière, elle n'a trouvé que 10 clients. Maigre résultat.

À titre de comparaison, sa rivale directe, la GS de Lexus, a atteint 149 ventes au cours de la même période sur notre territoire. Et la Mercedes E, plus prestigieuse, mais plus chère, s'est vendue à 891 unités, soit un volume 90 fois supérieur à celui de l'Acura. Mais celle-ci s'entête à faire les choses différemment: pas de moteur V8, ni de roues motrices rejetées sur le train arrière.

La RL n'en faisait qu'à sa tête. La RLX, qui lui succédera au printemps, en fera tout autant. Pas question de faire comme tout le monde: le nouveau porte-étendard retient exclusivement les services d'une mécanique à six cylindres et de la traction (roues avant motrices). Du moins pour l'instant, puisqu'une version à rouage intégral, dont les roues antérieures seront entraînées par deux moteurs électriques, viendra corriger cette lacune d'ici la fin de l'année. Voilà sans doute la RLX avec laquelle il faudra prendre rendez-vous, mais Acura pense que les acheteurs pragmatiques dérouleront le tapis rouge sous ses roues.

Affichant des ambitions réalistes, c'est-à-dire mesurées (environ 500 unités par an), cette berline ne prétend pas tout bousculer sur son passage. La nouvelle Acura est donc conventionnelle, car elle est destinée à une clientèle respectable, mais discrète. Elle s'est affinée sur le plan aérodynamique, mais conserve quand même un peu de cet «embonpoint» délibéré propre aux voitures bourgeoises.

La RLX est en effet beaucoup plus large ("43 mm) que le modèle précédent, mais aussi plus haute ("10 mm) et plus longue ("9 mm). L'empattement a pour sa part augmenté de 50 mm. Les connaisseurs remarqueront peut-être le porte-à-faux plus court à l'avant et plus étendu à l'arrière. Cependant, il faudra poser les fesses sur la banquette arrière pour reconnaître les bienfaits de cette refonte. D'étriquées, les places arrière du porte-drapeau d'Acura sont devenues majestueuses.

Quatre roues directrices...

Porteur d'une longue tradition techniciste, Acura n'a pas lésiné sur les équipements dernier cri. La RLX est la première voiture de sa catégorie à offrir un dispositif à quatre roues directrices baptisé P-AWS (Precision All-Wheel Steer). Constitué d'un bataillon de capteurs, il permet de faire tourner les roues arrière (maximum 2 degrés) dans le même sens que les roues avant (directrices). Les avantages de cette solution sont multiples: stabilité accrue, comportement plus neutre en virage, facilité de stationnement.

Par rapport au système proposé sur la Honda Prelude dans les années 90, celui-ci est entièrement électronique, donc moins lourd et moins complexe. Et beaucoup plus efficace, promet Acura.

Parmi les autres raffinements apportés à ce modèle, on note la climatisation à trois zones, des phares composés de 14 DEL chacun, un accoudoir central aisément accessible pour le conducteur et son passager ainsi que des jantes dont la partie intérieure comporte quatre pièces de résine moulées pour atténuer les bruits de roulement.