L'autorité californienne de protection de l'environnement (California Air Resources Board, ou CARB) aurait découvert récemment un nouveau logiciel illégal dans un modèle Audi équipé d'un moteur V6. C'est ce que rapporte le quotidien allemand Bild am Sonntag, dans un article publié hier.

Ce logiciel permettrait à certains véhicules de détecter automatiquement, en fonction de l'inclinaison du volant, s'ils roulent sur un banc d'essai, quand des contrôles sont effectués sur les gaz d'échappement. Selon Bild am Sonntag, le système réduirait artificiellement le niveau d'émission de CO2 durant les tests d'émissions sur dynamomètre, aussi bien sur les modèles à essence que sur les diesels.

Pour cacher le CO2

Le nouveau logiciel tricheur agirait comme ceci, en gros : au démarrage, par défaut, la transmission module un enchaînement de vitesses minimisant l'effort (et abaissant la performance et l'émission de CO2). Tant que les roues avant n'ont pas été tournées à 15 degrés ou plus, la transmission continue d'enchaîner les vitesses en mode écolo. Mais dès le moment où les roues ont été tournées à 15 degrées, la transmission se met en mode régulier, avec des niveaux de CO2  plus élevés.

En conditions réelles, une auto ne roule jamais bien longtemps avant que les roues soient tournées à plus de 15 degrés dans un sens ou un autre. En fait, c'est seulement en laboratoire -vraisemblablement pendant un test d'émissions polluantes- qu'une voiture va rouler pleins gaz sans que les roues tournent.

Selon l'article publié dans Bild am Sonntag, Audi a cessé d'utiliser ce dispositif tricheur en mai 2016, après que le CARB l'ait découvert sur un véhicule Audi.

Audi n'a pas souhaité commenter ces informations, renvoyant à des discussions en cours avec les autorités américaines.

Encore des coûts pour le Groupe Volkswagen?

Ces révélations tombent on ne peut plus mal pour le groupe, qui négocie actuellement un accord aux Etats-Unis pour les derniers 80 000 véhicules concernés dans le pays par le scandale des moteurs truqués, et dont le moteur a été développé par la marque aux anneaux.

Par ailleurs, ces informations sont susceptibles d'ouvrir un nouveau front, le scandale ayant jusqu'ici principalement porté sur les émissions d'oxydes d'azote NOx et non sur les émissions de CO2 qui font l'objet d'une régulation plus stricte en Europe.

À la Bourse de Francfort, les nouvelles du week-end pesaient sur l'action Volkswagen, l'une des rares valeurs dans le rouge. A 12H30 GMT, le titre glissait de 0,13 % à 118,55 euros dans un marché en hausse de 1,48 %.

«Les enquêtes ne sont jamais une bonne nouvelle», relevait Frank Schwope, analyste chez Nord/LB interrogé par l'AFP, et les accusations visant Audi pourraient «engendrer de nouveaux coûts».

M. Schwope continue de tabler sur une facture totale comprise entre 25 et 35 milliards d'euros pour la manipulation des moteurs du groupe Volkswagen. Son estimation comprend toutefois une «marge qui s'amenuise», prévient-il.