La facture du « dieselgate » s'est encore alourdie mardi pour Volkswagen, avec l'amende de 800 millions d'euros (1,2 milliard de dollars canadiens) infligée à sa filiale Audi par la justice allemande, tandis que plusieurs enquêtes pénales se poursuivent contre des dirigeants.

Audi renonce à contester la sanction décidée par le parquet de Munich et accepte donc « sa responsabilité » dans ce scandale tentaculaire, qui entache l'image des constructeurs allemands et précipite le déclin du diesel depuis 2015.

Les magistrats bavarois indiquent avoir « mis en évidence » au sein de la filiale haut de gamme « des manquements au devoir de surveillance » concernant l'homologation de voitures diesel, soit la seule base juridique possible pour condamner pénalement une entreprise en Allemagne.

Le paiement aura un impact négatif sur le résultat 2018 du groupe, a précisé Volkswagen, qui avait déjà intégré dans ses comptes du deuxième trimestre une amende d'un milliard d'euros (1,5 milliard de dollars canadiens) infligée en juin par le parquet de Brunswick.

Ainsi, le « dieselgate » a jusqu'à présent coûté plus de 28 milliards d'euros (42 milliard de dollars canadiens) en rappels de véhicules et procédures judiciaires au géant de l'automobile.

Et la justice n'en a pas fini avec cette affaire, qui a éclaté en septembre 2015 lorsque l'Agence américaine de l'environnement (EPA) a accusé Volkswagen d'avoir équipé 11 millions de ses voitures diesel d'un logiciel capable de fausser le résultat des tests antipollution.

Enquêtes multiples

Plusieurs parquets allemands ont ouvert des enquêtes pour fraude, manipulation de cours de Bourse ou publicité mensongère contre des salariés de Volkswagen mais aussi ses marques Audi et Porsche, ainsi que Daimler, l'équipementier Bosch et Opel, filiale du français PSA.

Audi, dont les ingénieurs sont soupçonnés d'avoir contribué à élaborer les logiciels frauduleux, est dans le viseur de la justice allemande depuis le début des investigations.

La seule enquête du parquet de Brunswick, compétent pour la région où Volkswagen a son siège de Wolfsbourg, vise plus de 40 personnes.

En juin, la justice allemande a placé en détention provisoire le patron d'Audi, Rupert Stadler, première incarcération d'un très haut responsable dans cette enquête tentaculaire.

L'amende infligée ce mardi au constructeur bavarois « n'a pas d'impact » sur les poursuites individuelles visant notamment M. Stadler, a précisé le parquet.

L'ancien patron de Volkswagen, Martin Winterkorn, fait également l'objet d'une enquête, tout comme son successeur Matthias Müller, l'actuel PDG du groupe, Herbert Diess, et le président du conseil de surveillance, Hans Dieter Pötsch.

Aux États-Unis, où Volkswagen a plaidé coupable pour fraude et obstruction à la justice, huit anciens et actuels dirigeants de Volkswagen, dont M. Winterkorn, et un cadre d'Audi ont été inculpés.

Parmi ces neuf personnes, deux ingénieurs ont déjà été condamnés.

Indemnités en suspens

Si l'amende d'Audi a mis un terme à deux des trois procédures contraventionnelles en cours, laissant ouverte celle contre Porsche, Volkswagen affronte actuellement un grand procès d'actionnaires, qui réclament au total quelque 9 milliards d'euros (13,5 milliards de dollars canadiens) d'indemnités.

Ces requérants estiment que le groupe aurait dû informer plus tôt les marchés financiers de la tricherie, et épargner ainsi de lourdes pertes aux investisseurs.

Le gouvernement allemand a également ouvert en mai la voie à des procédures collectives de clients, et un groupe d'associations de consommateurs a déjà annoncé le dépôt d'une requête groupée début novembre.

Cependant, au deuxième trimestre, Volkswagen a vu son bénéfice net grimper de 6,8 % sur un an, à 3,31 milliards d'euros (5 milliards de dollars canadiens), malgré les charges du « dieselgate », profitant d'un chiffre d'affaires en hausse.

En 2017, avec 11,35 milliards d'euros (17 milliards de dollars canadiens), le bénéfice net avait plus que doublé par rapport aux 5,4 milliards d'euros de 2016, démontrant le retour en force du groupe après le scandale.

À la Bourse de Francfort, si le cours a brièvement chuté à l'annonce de l'amende, il a immédiatement remonté et prenait 2,20 % à 147,60 euros vers 10 h 30 GMT, dans un Dax en progression de 0,36 %.