L'allemand BMW est implanté dans le monde entier, mais son coeur bat toujours à Munich, d'où l'entreprise centenaire pose les jalons pour consolider sa place de numéro un mondial du haut de gamme, dans un monde automobile en pleine mutation.

Début d'après-midi, un jour de semaine. Plusieurs bus bleus convergent vers le nord de la capitale bavaroise. À leur bord, des centaines de salariés venus prendre leur quart à l'usine, à l'emplacement même de l'ancien aérodrome de la ville. C'est là qu'est né BMW il y a 100 ans, comme fabricant de moteurs d'avions. La production de voitures n'y commencera qu'en 1951.

Ces bus aux couleurs de la région la plus prospère d'Allemagne et du constructeur premium numéro un devant Mercedes-Benz (Daimler) vont chercher à des dizaines de kilomètres à la ronde des employés souvent très fiers de leur travail.

« C'est un super produit, ça fait plaisir de le fabriquer », déclare avec l'accent local Stefan Eichborn, responsable de l'atelier d'emboutissage de l'usine. Vêtu d'une blouse bleue, il a les yeux rivés sur la presse haute comme un petit immeuble, qui avale rageusement des plaques d'acier avant de recracher des éléments de carrosserie, première étape dans la fabrication de voitures.

Le site de Munich sert d'usine de référence pour toutes les nouvelles fabriques qui ouvrent dans le monde à mesure que BMW poursuit l'internationalisation de sa production. Le groupe, plus de 116 000 salariés et 80 milliards d'euros de chiffre d'affaires, a des sites de production dans 14 pays.

Employeur prisé

À côté de l'usine de Munich se dresse l'incontournable « tour BMW », siège de l'entreprise, affectueusement rebaptisée « le quatre cylindres » par les Munichois. Érigée en 1972 à l'occasion des Jeux olympiques de Munich, elle forme avec le musée adjacent en forme de soucoupe un ensemble classé monument historique.

Avec 41 000 salariés sur place, BMW est le premier employeur privé de Munich, deuxième ville d'Allemagne.

Dans un pays qui s'inquiète de la pénurie de main-d'oeuvre, BMW n'a pas de mal à recruter: il compte parmi les entreprises les plus demandées par les jeunes diplômés en Allemagne et au niveau international, selon plusieurs classements. Primes très généreuses, alimentées par des ventes records, et avantages en tout genre expliquent ce phénomène.

« Une physiothérapeute est passée à chaque poste de l'atelier l'an dernier, ça a été apprécié », témoigne M. Eichborn.

L'image de la marque y est aussi pour beaucoup. « BMW est le constructeur allemand numéro un du point de vue de la technique », assène ainsi Leonhard Söllhuber, retraité de 73 ans ayant toujours vécu à Munich.

« Un esprit de start-up »

Témoin du passé de BMW - les succès, mais aussi les errements de l'époque nazie -, Munich est également le laboratoire de l'avenir du constructeur, poussé à se réinventer une fois de plus alors que les comportements de mobilité évoluent.

Au sein de la division BMWi, ouverte en 2011, le fabricant a développé une citadine tout électrique dotée d'un habitacle en fibre de carbone, l'i3, et une sportive hybride, l'i8, produites à Leipzig (est), se posant en pionnier sur un créneau où les Allemands ont longtemps été à la traîne. Il propose également des services d'autopartage (DriveNow), ou encore une application pour smartphone.

L'idée est d'« insuffler un esprit de start-up à BMW, ce qui n'a rien d'évident dans une industrie où les cycles de production sont longs », explique à l'AFP Henrik Wenders, responsable de la gestion de produits pour BMWi, qui revendique haut et fort le droit à l'erreur.

À l'heure où les géants de l'internet et de l'électronique comme Google et Apple s'intéressent de près à la voiture, le constructeur centenaire tente de garder l'initiative en cherchant les façons d'« intégrer la voiture à la vie numérique des clients », poursuit M. Wenders.

Mais BMW n'est pas le seul. Son compatriote Volkswagen, par exemple, secoué par l'affaire des moteurs truqués, s'engouffre aussi résolument dans ce créneau.

BMWi ne génère pour l'instant que 1 % du chiffre d'affaires total du groupe. « C'est une niche pour le moment, mais, sans nous, il n'y aura peut-être pas de 200e anniversaire » pour BMW, prévient M. Wenders.