Cette fois, c'est la bonne. Après moult échecs dans le but de créer une voiture capable de rivaliser avec les meilleures berlines sportives allemandes, Cadillac a finalement réussi à se doter d'un modèle qui mérite d'être comparé à ce qui se fait de mieux dans cette catégorie.

Plus précisément, la documentation fait référence à des voitures aussi prestigieuses que les Mercedes-Benz de Classe C, les BMW série 3 et les Audi A4  auxquelles on pourrait ajouter la récente Lexus IS. Si l'avènement de la nouvelle ATS pouvait laisser songeur, c'est que Cadillac nous a fait dans le passé plusieurs promesses «électorales» avec des voitures aussi insipides que la Cimarron, la Catera et même la Séville. Cette époque, dit-on, est révolue et deux essais, autant sur piste que sur route,  nous ont permis d'en attester.

Cette Cadillac a véritablement l'ADN d'une européenne bien née et ce n'est pas un hasard si elle s'est retrouvée parmi les trois finalistes au titre de «voiture nord-américaine de l'année». Elle le mérite pleinement grâce à un comportement routier qui est probablement supérieur à tout ce que nous avons connu dans le passé et qui n'a rien à voir avec les chaises berçantes d'autrefois. Elle pourrait même clamer «tasse-toi mononcle!».

Propulsion ou traction intégrale

Par son format, l'ATS se présente comme une compacte et reprend des dimensions similaires à celles d'une Audi A4. Pour privilégier l'agrément de conduite, il s'agit d'une propulsion dont les roues avant peuvent être mises en service avec l'option de la traction intégrale que l'on retrouve d'ailleurs chez chacune de ses rivales. Trois motorisations à injection directe sont proposées depuis un 4 cylindres de 202 chevaux qui se fait un peu tirer l'oreille jusqu'à un puissant V6 de 3,6 litres développant 321 chevaux. C'est ce dernier moteur qui équipait le modèle mis à l'essai sur la route. Bien qu'avec ses 270 chevaux, il doive en concéder 51 au V6, c'est le 4 cylindres turbo de 2 litres qui paraît le mieux adapté à la nouvelle ATS. Comme l'ont démontré plusieurs tours du circuit de Mosport en Ontario, c'est celui qui fait le mieux ressortir l'agrément de conduite de l'ATS tout en justifiant sa vocation de berline sport. Si la voiture s'y montre aussi à l'aise, c'est qu'elle a fait son apprentissage sur l'exigeant circuit du Nürburgring, en Allemagne, et sur plusieurs autres pistes en Amérique.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

L'un des rares points faibles de la Cadillac ATS est son ordinateur de bord dont le maniement est, disons, assez complexe.

Avec une transmission automatique à 6 rapports (avec palettes sous le volant, s'il vous plaît), quatre freins à disques Brembo, une direction ZF et des suspensions multibras, la petite Cadillac n'a visiblement rien à envier aux modèles qui figurent dans sa ligne de mire. Une boîte manuelle également à 6 rapports et d'une manipulation très agréable peut aussi être boulonnée au moteur turbo de 2 litres.

Au volant

D'emblée, cette petite Cadillac se range parmi les voitures les plus agréables à conduire de la production automobile qu'elle soit nord-américaine ou européenne. Sur un circuit un peu détrempé, l'ATS ne m'a jamais donné de sueurs froides et elle s'agrippe à la route avec ténacité. Ce qui étonne le plus en conduite sportive, c'est la facilité avec laquelle la voiture peut être inscrite en virage. Elle est, sous ce rapport, bien servie par un poids inférieur à la plupart de ses concurrentes, une structure très rigide et une quasi parfaite répartition des masses. C'est à peine si l'on peut détecter un léger sous-virage à la limite. Le moteur V6 est d'une grande vivacité et répond instantanément dès que l'on appuie sur l'accélérateur, signant un 0-100 km/h sous les 6 secondes. Bien qu'un peu moins en verve et plus bruyant à haut régime, le 4 cylindres turbo demeure le meilleur choix. Ajoutez à cela un freinage puissant et une direction précise et vous obtenez une voiture d'un parfait équilibre.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Comme dans la plupart des petites voitures de luxe, l'espace à l'arrière est restreint.

Sur route, le plaisir se poursuit grâce à un confort de bon aloi, d'excellents sièges avant réglables en dix positions et un volant chauffant. L'immense pare-brise facilite la visibilité vers l'avant, mais on ne peut en dire autant de la minuscule lunette arrière plutôt contraignante. Merci pour la caméra de recul. La présentation est très soignée avec de beaux agencements de couleur, du bois et de la vraie fibre de carbone.

Quelques flèches

Les choses ne sauraient être parfaites cependant et l'ATS prête le flanc à quelques flèches, la plus douloureuse étant l'étroitesse des places arrière. L'espace pour les jambes y est limité tandis que le toit ouvrant réduit considérablement le dégagement pour la tête. Qui plus est, l'accès est entravé par le découpage de l'aile arrière. À la décharge de cette petite Cadillac, on doit préciser que ses rivales ne sont pas mieux nanties sous ce rapport. Là où la voiture est défavorisée par rapport à ses concurrentes, c'est du côté du coffre à bagages dont le volume n'est que de 290 litres. L'élément le plus discutable de cette nouvelle Cadillac demeure indéniablement ce que le constructeur Cadillac appelle son «centralisateur informatique de bord» ou CUE, qui se traduit par un écran couleur dont le fonctionnement atteint un degré de difficulté digne d'une discipline olympique. À tel point que le constructeur offre des séances de familiarisation via votre iPad.

Malgré ces quelques réserves, l'ATS tient ses promesses les plus importantes et se hisse à un niveau jamais vu pour l'industrie automobile américaine. La clientèle saura-t-elle se laisser convaincre de s'arrêter chez un concessionnaire Cadillac avant d'aller magasiner chez Audi, BMW ou Mercedes? Les prochains mois nous diront si la marque de prestige du groupe GM a réussi à tailler sa place dans le segment du marché de la voiture de luxe le plus animé.

POINTS FORTS

Agrément de conduite garanti

Comportement routier à l'européenne

Présentation intérieure de bon goût

POINTS FAIBLES

Étroitesse des places arrière

Centralisateur informatique détestable

Moteur de base chétif

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

À l'arrière, le coffre à bagages de l'ATS de Cadillac voit son volume limité à 290 litres.