Snobée, à tort, par les puristes, la Corvette est sans doute aujourd'hui la sportive d'exception construite en... grande série ! Voilà, outre le manque de noblesse du blason qu'elle défend, pourquoi elle coûte carrément deux fois moins cher que ses concurrentes à prestations comparables. Une occasion à saisir ?

Les phares escamotables ont disparu, le style s'est alourdi, mais on la reconnaîtrait entre mille. Des évolutions et des révolutions, ce modèle initialement apparu en 1953 en a connu, mais la Corvette ne renie rien. Beaucoup de choses, pourtant, ont changé.

La dernière incarnation de la Corvette a gagné en agressivité, son moteur est toujours un huit-cylindres culbuté, mais il est plus puissant, plus raffiné et, surtout, plus économe que jamais. Si l'on fait abstraction de la Volt ou de la Bolt, la Corvette est ce que la General Motors fait aujourd'hui de mieux.

C'est une voiture ouvertement égoïste et fière de l'être, même si elle sait y mettre les manières.

Moins râblée et plus raffinée que celles qui l'ont précédée, la Corvette est étonnamment facile à conduire, mais elle conserve ces petits côtés un peu frustes qui font le sel de la marque.

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La suspension est toujours raide (pour nos routes, du moins), la commande de boîte est précise, mais juste un peu ferme, comme la pédale d'embrayage (une boîte automatique est également offerte) qui menace de tétaniser le mollet gauche dans les embouteillages. Quant au réservoir d'essence, il n'autorise qu'une autonomie d'à peine plus de 400 kilomètres.

COMME UNE TAPE DANS LE DOS

Le plaisir de conduire que prodigue la Corvette GS Grand Sport est à la hauteur de ce que l'on pouvait espérer. Le plus épatant à son volant, c'est la sensation de poussée qu'engendre l'accélération. Dès le passage de la deuxième vitesse (la première est plutôt courte), c'est comme si vous receviez une solide tape dans le dos. Ça surprend, mais ça ne fait pas mal. Et cela peut durer jusqu'à la sixième vitesse si vous avez le pied droit très, très lourd.

On apprécie l'agilité du châssis sans qu'il soit nécessaire de maltraiter la voiture ; mais si, malgré tout, on décide d'insister, le comportement de cette Corvette, notamment en sortie de virage sur une chaussée sèche et bien asphaltée, est jugé très sain. Dans le cas contraire, attendez-vous à travailler beaucoup plus. Les pneus extrêmement larges se laissent aisément guider dans le sillon des ornières et l'adhérence devient précaire lorsque le bitume luit comme un miroir. L'affichage numérique de la vitesse, bien en évidence au milieu d'une instrumentation de bord pourtant passablement confuse, est une bénédiction. 

Et la sonorité, le fameux grognement de la Corvette, dans tout cela ? Le timbre du V8 de 6,2 litres est moins caverneux, plus contenu et plus grave, mais c'est toujours un plaisir pour l'oreille. 

Moins pimentée qu'une Z06, mais globalement plus homogène, la Corvette GS exige toutefois un sens réel du pilotage si l'on prétend exploiter pour de bon ses légendaires qualités routières, à qui l'on reprochera tout juste une direction un peu vague en position centrale. Cela dit, elle préserve le plaisir de conduire des « pilotes en herbe », qui n'ont pas besoin de la pousser dans ses derniers retranchements pour éprouver la souplesse et le couple proprement phénoménal de son moteur. Même à l'arrêt, se trouver à bord de ce bolide est un petit bonheur. Au feu rouge, on ressent les légers mais prometteurs battements sous le capot imprimés par la course verticale des cylindres du V8. En ville, le diamètre de braquage complique les manoeuvres tout autant que la piètre visibilité. Mais on a vu pire.

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L'ÉLITISME EN MOINS

Le charme des Corvette d'hier, sportives caricaturales et délicieusement rustres, n'agit plus aussi spontanément. Avec la Corvette, la marque américaine, qui avait déjà amorcé un virage spectaculaire en 1984 avec la C4 (Corvette de quatrième génération), plus sophistiquée, rompt avec un certain élitisme. Non pas que le prix de cette voiture ait été fortement augmenté. Par « élitisme », il faut entendre une voiture de sport « exclusive », volontiers provocante, difficile à conduire, voire maladroite, réservée à une certaine époque à quelques playboys de la rue Crescent à Montréal.

Améliorée sur presque tous les plans techniques, la Corvette GS se reconnaît notamment à ses bandes « traditionnelles » sur les ailes avant (une option), ses couvre-tapis brodés du profil de la version originale et son numéro d'identification propre. L'ambiance à bord de l'habitacle, beaucoup plus léchée qu'autrefois, demeure sensiblement la même. On y découvre quelques élégants matériaux et, surtout, un espace un peu moins chichement calculé. La position de conduite demeure, sans surprise, plutôt basse, et y accéder ou s'en extraire relève, pour certains, de la gymnastique.

Aujourd'hui, la Corvette GS se donnerait presque des airs d'investissement avec sa valeur de revente toujours élevée, sa consommation de carburant acceptable et des révisions techniques nettement plus raisonnables que les autres monstres sacrés analysés au cours des dernières semaines. Une occasion à saisir ? Absolument !

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Fiche technique

L'essentiel

Marque /Modèle : Chevrolet Corvette Gran Sport

Fourchette de prix : 76 295 $ à 87 080 $

Frais de transport et préparation : 2350 $

Consommation moyenne : 12,3 L/100 km

Garantie de base : 36 mois / 60 000 km

Performances 



0-100 km/h : 3,8 secondes

1/4 de mile : 11,8 secondes à 189,9 km/h

Vitesse de pointe : 299 km/h

Freinage 100 km/h à 0 km/h : moins de 33 mètres

Technique

Moteur : V8 6,2 litres culbuté

Puissance : 460 ch à 6000 tr/min

Couple  : 465 lb-pi à 4600 tr/min

Poids : 1555 kg

Rapport poids-puissance : 3,38 kg/ch

Mode : propulsion

Transmission de série : manuelle 7 rapports

Transmission optionnelle : automatique 8 rapports

Freins av-arr : disque-disque

Pneus av-arr : 285/30ZR19 - 335/25ZR20

Pour en savoir plus : http://fr.chevrolet.ca