Assis confortablement au volant dans un baquet strié de rouge avec, devant moi, un capot d'une longueur démesurée, j'avais la nette impression de me retrouver dans cette autre Dodge Charger qui m'avait tellement charmé lors d'un essai au circuit de Mont-Tremblant en 1966 (voir Le Guide de l'auto, première édition). Car la plus récente édition de ce modèle mythique conserve plusieurs des caractéristiques de son ancêtre.

Dans le modèle qui m'a été confié, un SXT avec l'option SXT Plus, je m'attendais à des performances assez tièdes du V6 de 3,6 litres qui gronde sous le capot. Mais celui-ci fait tout de même bonne impression et ses 292 chevaux vous emmènent subito presto à 100 km/h en 7,3 secondes, en partie grâce à  une transmission automatique à 8 rapports (avec palettes sous le volant) sachant exploiter au mieux le couple moteur.  Seul ennui: il est difficile de s'accoutumer au levier de vitesse qui oblige à pousser un bouton pour passer de N à D ou de N à P tout en déplaçant le levier longitudinalement.

Un «muscle car» en douceur

Deux V8 figurent au catalogue des options, dont le célèbre 6,4 litres de 470 chevaux (SRT8) qui détone en ces temps où l'or noir atteint des sommets affolants. Il reste le V8 5,7 litres, qui n'est pas lui non plus un champion des concours d'économie. Avec le V6, j'ai été agréablement surpris de terminer la semaine avec une moyenne de 9 litres aux 100 km.

C'est surtout par son immensité que la Charger 2012 rejoint son ancêtre. Son gabarit et son poids font disparaître instantanément le mot «maniabilité» de la liste de ses caractéristiques. Vous m'en donnerez des nouvelles en cherchant une place pour la garer. Autre héritage des premières Charger, la visibilité rendue très moyenne par une faible surface vitrée provenant d'une ceinture de caisse élevée. À l'intérieur, le fini métal ne dégage pas une grande qualité et le tableau de bord s'apparente davantage à celui d'un camion. Les cadrans, y compris celui de l'ordinateur de bord, sont illisibles par grand soleil. Même le compte-tours et l'indicateur de vitesse ressemblent à des trous noirs où les chiffres ressortent très mal.

La Dodge Charger fait au moins bon usage de sa grosseur et peut accueillir aisément et confortablement deux passagers à l'arrière. Et le coffre plat peut enfermer pas moins de 462 litres de bagages. Une poignée pour le refermer serait pas contre appréciée.

Fini la chaise berçante

Une fois en route, la voiture est impressionnante de solidité et le châssis paraît bien boulonné, comme si Chrysler avait retenu quelques leçons de son mariage avec Mercedes-Benz. Le confort est celui d'une berline sport, ce qui signifie que nous sommes loin des chaises berçantes auxquelles ressemblaient les voitures américaines d'antan. Certes, nos chemins raboteux ne sont pas tendres pour la Charger, mais la tenue de route y gagne, spécialement avec l'option «Touring Suspension». Avec quatre freins à disques, la Charger 2012 s'immobilise beaucoup plus facilement que son homonyme des années 60. On apprécie également l'instantanéité des reprises qui autorisent des dépassements faciles. Il y mieux, bien sûr, mais si l'on tient compte du prix d'environ 35 000$, des performances, de l'équipement offert et du comportement routier de ce modèle, cette Dodge n'est pas une vilaine affaire... à condition que vous ayez un penchant pour les grosses voitures dégageant un parfum d'autrefois.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Un tableau de bord clinquant et des matériaux plutôt ordinaires composent l'intérieur de la Dodge Charger 2012.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Son format de grosse voiture permet à la Dodge Charger d'offrir une excellente habitabilité.