Au Canada, durant la saison hivernale, les Ferrari hibernent. Comme bien d'autres sportives d'exception d'ailleurs, elles attendent patiemment le retour des beaux jours et de l'asphalte chaud et noir. Aujourd'hui, voilà un axiome discutable pour quiconque connaît la FF, première Ferrari dotée d'un rouage à quatre roues motrices. Celle-là ne demande que ça: jouer dans la neige.

La firme italienne a consacré cinq hivers de mise au point pour réaliser ce que d'aucuns considèrent à ce jour comme le rouage à quatre roues motrices le plus complexe du monde. Pour justifier son approche éclectique, Ferrari explique en gros que les dispositifs actuellement offerts sur le marché portent atteinte aux qualités dynamiques d'une auto.

Ferrari ne peut consentir à de tels compromis et voilà pourquoi il a conçu un système qui, à l'image de ses créations, est sans pareil. En effet, la FF compte deux boîtes de vitesses. La principale se trouve à l'arrière et enchâsse sept rapports. La seconde, très compacte, est accolée au moteur, et est reliée aux seules roues avant. Elle ne comporte que deux vitesses. Le premier rapport est couplé aux deux premiers de la boîte principale, le second, aux deux suivants. Vous me suivez? Si vous faites le calcul, cela veut dire que sur les 5e, 6e et 7e rapports, la FF redevient une simple propulsion...

Au premier abord, la solution de Ferrari peut paraître restrictive. Elle ne l'est pas réellement. Naturellement, elle vise à sélectionner manuellement les vitesses par les palettes situées au volant pour s'assurer que la boîte n'engage pas elle-même les rapports. Cela présuppose également une consommation plus élevée que d'ordinaire, ce qui réduit l'autonomie ridiculement faible (environ 300 km) de cette sportive.

Même si elle se trouve «bloquée» sur le 4e rapport, la FF peut tout de même filer à 204 km/h et toujours bénéficier de ses quatre roues motrices. Mais avant de rêver d'atteindre une telle vitesse sur un circuit fermé, il faut se faire la main. Pour ce faire, on place gentiment la molette (en italien on dit manettino) arrimée au volant à l'emplacement «Snow» (neige). Toutes les aides électroniques s'activent alors en force. Elles interviennent à la place du conducteur dans les situations critiques, mais elles privent en même temps certains autres, plus avertis ceux-là, du plaisir associé à une sportive de cette trempe.

D'un mode neige très (trop) sécurisant, on passe au besoin aux modes pluie, confort, sport et course. Le mode course entraîne la désactivation de toutes les aides à la conduite à l'exception de l'ABS... C'est ici que le plaisir commence. Les accélérations vous emportent dans une autre dimension et la cadence est d'autant plus impressionnante quand le train arrière de la FF décroche et met la voiture à l'équerre. Wow! Elle ne demande qu'à vous laisser vous régaler de belles dérives très amusantes, mais qui exigent néanmoins un contre-braquage prompt et énergique. On ne le réussit pas toujours, mais souvent quand même.

À la condition d'adopter une conduite coulée et de systématiquement anticiper les réactions du châssis, la confiance s'instaure, et le plaisir avec elle lorsqu'on a appris à exploiter les dons de communication hors du commun de la FF. On s'étonne aussi de l'agilité de cette auto somme toute assez lourde et de son équilibre, peu importe le coefficient d'adhérence de la chaussée. Son potentiel en matière de performances, de tenue de route et de freinage est tel que l'on se retrouve sans trop forcer en complet décalage avec pratiquement tout ce qui roule autour d'elle. Les accélérations, comme les reprises, sortent assurément de l'ordinaire. Son moteur V12 chante non seulement juste et bien, mais catapulte fougueusement la FF vers l'horizon.

Une drôle de Ferrari

Au volant, on tombe aisément sous le charme. Mais de l'extérieur, le coup de foudre n'est pas aussi instantané. Cette Ferrari apparaît plus spectaculaire que jolie à regarder. Surtout de profil (voir encadré). En fait, il y a lieu de se demander si elle n'aurait pas été plus gracieuse si on lui avait dessiné deux portes additionnelles. Après tout, la FF est une vraie quatre-places et une paire d'ouvrants supplémentaires aurait très certainement rendu l'accès et la sortie plus aisés pour les occupants des places arrière.

Comme le suggère la ligne fuyante de sa lunette, la FF dissimule son coffre sous un hayon. Celui-ci s'ouvre sur un espace de 450 litres, soit l'équivalent de celui d'une berline intermédiaire. Il est possible d'accroître cette surface en utilitaire en rabattant les dossiers.

Quant à la présentation, elle réserve son lot de surprises aux non-initiés. Ainsi, aucune branche ne prend racine sur la colonne de direction. Pas plus celle des clignotants que des essuie-glaces. Toutes deux se contrôlent au volant. La décoration est exquise, mais la qualité de l'assemblage prête flanc à la critique, du moins sur le modèle essayé. Cela dit, on est très loin de la finition artisanale qui caractérisait auparavant les Ferrari.

On oublie bien vite cette déception en contemplant le tableau de bord, dont l'énorme compte-tours qui nous fait face et autour duquel gravite une foule de compteurs et de voyants de toutes les couleurs. Les puristes regretteront l'absence d'un levier de vitesse au profit de boutons-poussoirs. D'autres ne manqueront pas de souligner que les systèmes de navigation et de reconnaissance vocale (Bluetooth) sont issus du constructeur Chrysler... Une fois au volant, ce ne sont que des détails sans importance.

Un style hors du commun

Pininfarina, couturier attitré de la marque italienne ose ici un style de carrosserie plutôt rare: le shooting brake.

Lancé par des carrossiers anglais, ce genre à mi-chemin entre un coupé et une familiale a été popularisée au début des années 70 par Volvo avec le P1800 ES. Le constructeur suédois a récidivé par la suite, sans grand succès, en habillant sa 480 et plus récemment sa C30 de cette carrosserie atypique.

La marque BMW aussi s'y est risquée avec la M Coupe (notre photo). Celle-ci n'a pas connu non plus une carrière très florissante, mais aujourd'hui, aucun collectionneur ne dédaignerait en compter une dans sa collection. D'ailleurs, sa cote ne cesse de s'apprécier sur le marché de l'occasion.

Photo fournie par BMW

La BMW Z3 M-Coupe 1999.

L'ESSENTIEL

> Prix : à compter de 339 000 $

> Version essayée : 417 000 $

> Garantie de base : 2 ans / km illimité (entretien 7 ans)

> Consommation réelle : 18,4 L/100 km

> Chez les concessionnaires : Maintenant

> Pour en savoir plus : www.ferrariquebec.com

TECHNIQUE

> Moteur (essence) : V12 DACT 6,3 litres

> Puissance : 651 ch à 8 000 tr/min

> Couple : 504 lb-pi à 6 000 tr/min

> Poids : 1880 kg

> Rapport poids-puissance : 2,88 kg/ch

> Mode : Intégral

> Transmission de série : Automatique 7 rapports

> Transmission optionnelle : Aucune

> Direction / Diamètre de braquage (m) : Crémaillère /

> Freins av-arr : Disque / Disque

> Pneus (av-arr) : 245/35ZR20 - 28535ZR20

> Capacité du réservoir / Essence recommandée : 91 litres / Super

ON AIME

> Moteur V12 envoûtant

> Sportive 4 saisons

> Facilité de conduite au quotidien

ON AIME MOINS

> Faible autonomie / consommation élevée

> Finition légère

> Dispositif 4 roues motrices limité