La silhouette ramassée et tout en courbes et le jeu très sobre des lignes tendues qui la parcourent rapetissent visuellement cette Ferrari.

Sous le capot avant, le V8 d'une cylindrée de 3,9 L, auquel ont été adjoints deux turbocompresseurs afin d'obtenir 600 ch (591 en devise nord-américaine), comporte plusieurs similitudes avec celui qui propulsait la California T, mais les motoristes de Ferrari invitent à regarder de plus près.

De nouveaux pistons, actionnés par des bielles plus performantes, glissent contre les parois des cylindres pour mieux aspirer et comprimer l'essence vaporisée par les injecteurs. Pour assurer une meilleure évacuation des gaz et réduire le temps de réponse des turbocompresseurs (celui-ci est estimé à 1 s), la plomberie du collecteur d'échappement a également été revisitée, tout comme la gestion électronique du moteur.

40 chevaux de plus

Ces transformations qui apparaîtront bien subtiles aux yeux des profanes se traduisent dans les faits par une augmentation de 40 ch et, surtout, une plage d'utilisation plus étendue.

Cette puissance est maîtrisée par l'intermédiaire d'une boîte à sept rapports. Dotée d'un double embrayage, celle-ci comporte également une commande par impulsion que l'on actionne au moyen de jolies palettes en fibre de carbone et d'un efficace contrôle électronique de motricité qui contribue à bien asseoir la voiture sur la route. La vitesse maximale donnée est de 320 km/h et le 0 à 200 km/h est abattu en 10,8 s.

Sportive, la Portofino ne se classe pourtant pas parmi les voitures de sport. Terriblement réactif, le V8, rageur mais jamais rugueux, peut faire littéralement décoller ce Grand Tourisme (GT) sans jamais perdre son onctuosité. 

Ici, le propos n'est pas de rudoyer les passagers, puisque la Portofino compte en effet deux petits sièges à l'arrière dans lesquels seuls des enfants en très bas âge pourront se lover. On pourra toujours sacrifier ces sièges pour accroître le volume du coffre ou pour fixer le filet anti-remous.

Fonctionnels, pour peu que le client allonge une somme conséquente, les dossiers arrière se rabattent et une ouverture est pratiquée dans la partie centrale pour faciliter le transport de longs objets.

Des skis ? Pensez plutôt à un parasol.

Sièges parfaits, suspension ferme

Cela dit, s'installer aux commandes d'une Portofino --dont la position de conduite s'ajuste à la perfection pour peu qu'on ne souffre pas trop d'embonpoint si on opte pour les sièges Trapuntato offerts en option-- c'est prendre en main une voiture qui semble glisser (au sens littéral) sur la route.

Réactives sans être brutales, les suspensions maîtrisent les mouvements de caisse avec plus d'aplomb que celles du modèle que la Portofino remplace (la California). L'accélération, quoique impressionnante (moins de 4 s pour passer de 0 à 100 km/h), se déploie en une poussée parfaitement linéaire : comme si le V8 suralimenté qui l'anime disposait d'une réserve de puissance inépuisable.

Sur chaussée humide ou grasse, comme c'était le cas sur les routes de la région des Pouilles (Puglia, en italien) lors de notre passage, il faudra garder le pied léger, car le train arrière peine alors à maîtriser la fougue de la belle italienne, malgré la présence de pneumatiques très larges et d'un différentiel électronique (e-Diff 3) hérité des Ferrari les plus sportives.

Mais cette Portofino n'est pas la Ferrari rageuse et indomptable qu'on imagine généralement. Celle-ci, quoique rapide et véloce, offre en prime le plaisir du voyage et les caresses du vent et du soleil. Sans oublier, naturellement, le concert symphonique que déclenchent les vocalises du V8 surtout dans les tunnels, où la réverbération créée par les échappements donne carrément la chair de poule.

Extrêmement facile à conduire

Au risque de briser des rêves de jeunesse, cette Ferrari est d'une extrême facilité à conduire.

Le train avant dirigé par une direction à la fois plus vive et plus précise que celle utilisée par la California T permet d'inscrire la Portofino avec plus de franchise dans les courbes qui se dessinent devant elle. L'auto, dont la structure est en aluminium, témoigne d'une stabilité à toute épreuve sans qu'il lui soit nécessaire de faire appel exagérément à l'électronique pour maîtriser la transmission des 591 ch aux roues arrière.

14 sec pour rétracter le toit

En revanche, en conduite franchement sportive et sur une chaussée déformée, la caisse de la Portofino se tord encore quelque peu, mais rien de vraiment rédhibitoire si on la compare à celle du modèle antérieur, qui paraissait plus molasse et plus secouante.

La Portofino, on l'aura compris, nous fait profiter d'une conduite plus détendue et se révèle chez ce constructeur comme une auto extrêmement facile à vivre au quotidien. 

Son toit rigide escamotable se range automatiquement dans un écrin spécialement aménagé (voir vidéo) pour lui en 14 s. Comme avec la Porsche 911 Targa, il faut seulement faire attention à ce que la partie arrière soit dégagée puisque le couvercle de la malle recule de près de 50 cm dans le cadre de l'opération.

À noter aussi que, contrairement à la California T, il est possible d'ensoleiller l'habitacle ou de le plonger dans la pénombre en roulant, pour peu que la vitesse n'excède pas 40 km/h.

Compte-tours comme celui de la 812 Superfast

Très horizontal et fortement inspiré de la 812 Superfast --modèle emblématique de la marque-- le tableau de bord compte un énorme compte-tours dont l'aiguille patine fébrilement sur une glace jaune. 

Dans la partie centrale, on retrouve un écran dans lequel sont regroupées un peu pêle-mêle plusieurs fonctionnalités, dont les sièges chauffants. Pas d'affichage tête haute ni de petits aérateurs dans les sièges pour réchauffer les cous et encore moins de petits microphones agrafés aux ceintures de sécurité pour faciliter les conversations à ciel ouvert à l'aide d'un appareil mains libres.

En outre, plusieurs des commandes, dont celles de la climatisation semblent provenir de la grande série. Dommage, mais la magie de la Portofino tient à sept lettres : F-E-R-R-A-R-I. Cela suffit, pour plusieurs, à fermer les yeux sur les petits travers.

Les frais de transport et d'hébergement liés à ce reportage ont été payés par Ferrari North America.

Trois fleurs, trois tomates

On aime

Suprême élégance

Comportement plus affûté

Moteur envoûtant

On aime moins

Manque de rigidité du châssis sur mauvais revêtement

Certaines commandes empruntées à la grande série

Places arrière inutilisables

La facture

Prix : 243 000 $

Garantie de base : 36 mois/kilométrage illimité

Consommation réelle : 12,2 L/100 km

Chez les concessionnaires : été 2018

Concurrentes : Audi R8 Spyder, Bentley Continental GT, Mercedes AMG-GTC

Pour en savoir plus : www.ferrari.com

Fiche technique

Moteur : V8 DACT 3,9 L suralimenté

Puissance : 591 ch à 7500 tr/min

Couple : 561 lb-pi à 3000 tr/min

Poids : 1734 kg (estimation)

Rapport poids/puissance : 2,93 kg/ch

Mode : propulsion

Transmission de série : automatique double embrayage sept rapports

Transmission optionnelle : aucune

Diamètre de braquage : n.d.

Freins (av.-arr.) : disque-disque

Pneus (av.-arr.) : 245/35R20

Capacité du réservoir : 80 L

Essence recommandée : super