Le directeur général de Fiat et Chrysler Sergio Marchionne, qui s'est donné comme priorité de développer Jeep et Alfa Romeo, va rester au moins trois ans de plus aux manettes du groupe désormais complètement combiné.

John Elkann, le président du groupe italien Fiat, désormais propriétaire à 100 % de Chrysler, a déclaré lundi au Salon de l'auto de Detroit que Sergio Marchionne allait rester le directeur général du groupe jusqu'en 2017.

«Nous avons un accord pour au moins trois ans» de plus, fin 2016 comprise, a-t-il précisé devant un groupe de journalistes lors de la présentation de la nouvelle berline Chrysler 200.

Sergio Marchionne «a été capable de faire en sorte que les deux groupes coopèrent», a ajouté M. Elkann. «Nous allons pouvoir bâtir un groupe beaucoup plus solide sur cette base».

Fiat a annoncé le 1er janvier être parvenu, après des mois de blocage, à un accord lui permettant de mettre la main sur la totalité de Chrysler.

Fiat ne détenait jusqu'ici que 58,5 % de Chrysler, le reste (41,46 %) étant aux mains du fonds de pension Veba du syndicat américain de l'automobile UAW. En vertu de cet accord, qui fait suite à des mois de conflit sur la valorisation de cette part entre les deux parties, Veba recevra un total de 3,65 milliards de dollars.

«Je suis ravi, le fait que nous soyons parvenus à un accord est le point fort pour moi en 2014!», a plaisanté pour sa part M. Marchionne. «Il fallait le faire, c'est comme aller chez le dentiste».

Nouveau nom, nouveau siège social?

L'intégration des deux groupes va s'accélérer et le conseil d'administration de Fiat se réunit le 29 janvier autour d'une question très sensible: le siège social du groupe combiné.

«Quand on parle de siège, on parle de réglementation (de fiscalité) et d'accès aux marchés de capitaux», a expliqué M. Marchionne lors d'une conférence de presse.

«Parler d'un siège est presque anachronique vu la façon dont fonctionnent les multinationales aujourd'hui», a-t-il ajouté. En outre, la question de la fiscalité n'est «pas vraiment pertinente pour nos activités, car dans l'industrie automobile, nous payons les impôts là où nous faisons des affaires».

«Nous sommes le 7e constructeur mondial et nous aspirons à devenir l'un de ceux qu'on appelle les grands», a-t-il poursuivi.

Interrogé sur sa préférence entre un siège social italien ou américain, celui que les Italiens surnomment «Marchionne-la-revoluzione» a d'abord botté en touche: «je vis dans un avion, ça ne fait aucune différence pour moi».

Il a toutefois ajouté que si l'on prenait en compte l'accès aux liquidités et aux marchés de capitaux, «par définition les États-Unis ont de forts arguments». Mais «c'est au conseil d'administration d'étudier la question et de prendre une décision», a-t-il conclu.

Le groupe, qui est coté à Milan, envisage en effet de se lancer sur d'autres places boursières, notamment New York, pour être en mesure de lever plus de capitaux. Hong Kong est une autre option possible.

Le nom du groupe est également à l'agenda de la réunion du 29: «je peux déjà vous dire qu'il comprendra Fiat et Chrysler», a lancé M. Marchionne.

Priorité à Alfa Romeo et Jeep

Interrogé sur les priorités du groupe italo-américain, il a mentionné «le besoin d'internationaliser la marque Jeep le plus vite possible». Il a aussi jugé «particulièrement important de développer une marque haut de gamme au sein de Fiat» et de «ramener Alfa Romeo à la place qu'il occupait jadis».

L'objectif est pour l'instant de relancer la prestigieuse enseigne italienne en 2015 aux États-Unis et ailleurs à l'international.

Il assuré que le plan de succession pour tous les principaux dirigeants de Chrysler et Fiat faisait partie des priorités du groupe.

«Je suis sûr à 90 % que mon successeur viendra du groupe», a-t-il conclu. «Je suis fier de la qualité de l'équipe de direction que j'ai mise en place et l'un de ses membres me remplacera un jour, mais spéculer sur la date est une perte de temps... autant acheter un ticket de loterie».