Pour son retour au Canada, Fiat applique à la lettre - sans répéter forcément les mêmes erreurs - la stratégie de diversification de Mini. Et jusqu'ici, ça marche. L'arrivée de la 500X dans un segment aussi porteur que celui des utilitaires de poche devrait normalement permettre au constructeur italien de prendre l'ascendant sur son rival germano-britannique. Pour les autres concurrents, c'est moins sûr.

Beverly Hills, Californie - Il n'y a qu'à suivre l'actualité automobile pour comprendre que tous les constructeurs - petits et gros - braquent leurs roues en direction du segment des utilitaires urbains. Au cours des prochaines semaines, pas moins de quatre nouveautés s'affichereront dans les salles d'exposition des concessionnaires, dont cette Fiat 500X transgénique. Fiat veut grandir, vite et bien. Au Canada, le constructeur milanais s'enorgueillit déjà d'une diffusion supérieure à celle de Mini.

La première étape de la diversification de la gamme Fiat nous a donné une adorable version Cabriolet, une Abarth plutôt épicée et une Turbo moyennement corsée. Puis est arrivée la déclinaison L, plus joufflue, plus familiale. Aujourd'hui, au tour de la X de repousser les limites en devenant la première Fiat vendue sur notre continent à coller un rouage intégral à son soubassement.

Des oublis?



Oublions la L, dont très peu de consommateurs se préoccupent, pour rappeler que cette X a très peu à voir avec les lilliputiennes 500. La X conserve sensiblement la même frimousse, mais occupe plus d'espace - au bénéfice de ses occupants et de leurs bagages. Plus encore que les petites 500, elle bénéficie de quatre portières et présente des places arrière suffisamment spacieuses pour lui valoir le qualificatif de familiale. Le dégagement à l'arrière est sensiblement le même que celui que l'on trouve à bord des autres véhicules de cette catégorie en devenir. C'est-à-dire? Disons que deux adultes - trois, c'est limite - peuvent prendre place confortablement à l'arrière et se faire conduire jusqu'à Old Orchard sans courbatures. Et les bagages? En dépit d'un seuil de chargement un peu élevé, le volume du coffre se compare - dossiers de la banquette arrière en place - à celui d'une automobile de taille compacte.

On se désole cependant du manque de créativité de Fiat, qui limite la modularité du coffre. Pourquoi, par exemple, ne pas permettre de scinder le dossier de la banquette en trois plutôt qu'en deux? Pourquoi ne pas autoriser le dossier du siège passager avant à s'incliner lui aussi afin de faciliter le transport de longs objets? Pourquoi ne pas permettre à la banquette arrière de coulisser ou à ses dossiers de s'incliner? Des détails, certes, mais certaines de ses concurrentes les proposent.

Le nombre somme toute réduit d'espaces de rangement entraîne le même questionnement. Où sont les astuces? Nulle part. En revanche, le réservoir de créativité n'était visiblement pas à sec au moment de dresser la liste des accessoires offrant la possibilité aux consommateurs de personnaliser leur achat. Outre les 12 couleurs extérieures, les 8 choix de jantes et 5 niveaux d'équipements, la 500X ne ménage dans ce domaine aucun effort. Comme toujours, attention de ne pas vous laisser entraîner, car la facture peut grimper très vite. Comme celle de toutes les Fiat, d'ailleurs!

La qualité de l'assemblage est correcte, mais sans plus, compte tenu de la somme exigée pour les déclinaisons les plus luxueuses (Lounge et Treeking Plus). Pareillement pour les matériaux utilisés, notamment cette vilaine cuirette qui habille par exemple les accoudoirs suspendus aux portes, qui paraît un peu vulnérable à l'épreuve du temps.

Une question d'attitude



Contrairement aux Mini, dont elles s'inspirent ouvertement, les 500 ne se pilotent pas comme des karts. Leurs suspensions, à défaut d'être aussi sophistiquées, sont plus prévenantes, considérant naturellement le faible empattement des Fiat. Celles de la 500X le sont tout particulièrement par rapport à une Countryman, voire à une Nissan Juke, deux de ses nombreuses concurrentes.

La 500X vire relativement plat et s'avère amusante à conduire; même son tempérament survireur fait que l'on résiste aisément à la gourmandise d'avaler tout cru toutes les courbes qui se dessinent devant son pare-chocs. On se garde une petite gêne. Cela s'explique: la caisse se maintient moins en place et réagit plus nonchalamment aux changements de cap.

La direction donne la même impression. Vive, mais un brin trop légère, elle répond avec acuité aux instructions dictées au volant. Pour corriger la situation, il existe une solution: une monte pneumatique de 18 pouces. Celle-ci donne plus de mordant au train avant et raffermit un peu la direction.

En revanche, elle compromet le confort, et compte tenu de l'état lamentable - en dépit des travaux - de notre réseau routier, la monte de 17 pouces représente le meilleur choix. Soulignons que tous les modèles bénéficient des 17 pouces de série, à l'exception de la version Trekking Plus.

Bien qu'elle soit dotée d'un rouage à quatre roues motrices, la 500X ne devrait jamais s'aventurer hors sentiers. Elle va s'enliser, c'est certain. Son dispositif à quatre roues motrices n'a pas été conçu pour cela. Dans des conditions normales d'utilisation, seules les roues avant sont motrices. Ce n'est que lorsque ces dernières perdent leur adhérence que des capteurs se chargent d'analyser (rapidement) la situation et de rediriger une partie du couple (maximum 50%) aux roues arrière. On appelle cela du «rouage intégral à prise temporaire», une solution adoptée par de nombreux autres constructeurs. Il n'y a que le vocable qui change. Ici, on parle d'un dispositif à «désaccouplement arrière». Celui-ci ajoute quelques kilogrammes au poids de la X, mais surtout un «joli» supplément (3195$) à son prix.

À noter que ce rouage à quatre roues motrices n'arrive pas seul à ce prix et est accompagné du moteur quatre cylindres de 2,4 litres et d'une boîte automatique à neuf rapports, mais seulement sur certaines versions. De plus, les versions à roues avant motrices bénéficient de série d'un quatre-cylindres de 1,4 litre et d'une boîte manuelle à six rapports. Cette dernière ne présente pour ainsi dire aucun intérêt en raison de son guidage imprécis et de son étagement long qui favorise la consommation au détriment de la performance. Malgré sa gestion parfois chaotique - elle hésite un peu avant d'arrêter son choix sur le rapport à sélectionner -, la boîte automatique demeure le meilleur choix.

Quant aux moteurs, j'aime bien la nervosité du 1,4 litre, mais considérant la nature de ce véhicule, celui de 2,4 litres représente encore là un meilleur choix. Pas très expressif, j'en conviens, mais il est plus homogène.

Résumons. La 500X n'est pas une Fiat comme les autres. Elle est spacieuse, agréable au quotidien et sûre, peu importe le terrain. À condition, bien entendu, d'opter pour le rouage à quatre roues motrices. Son niveau d'équipements est relevé, mais son prix n'apparaît pas forcément des plus compétitifs, surtout si on opte pour les versions à quatre roues motrices. D'autres produits proposent dans cette fourchette de prix plus d'agrément, plus d'astuces, une meilleure valeur résiduelle et une garantie plus généreuse.

Les frais de transport liés à ce reportage ont été payés par FCA Canada.

Fiche technique

> Marque/Modèle : Fiat 500X

> Prix : 21 495 $ à 32 690$

> Frais de transport et de préparation : 1695 $

> Garantie de base : 3 ans/60 000 km

> Consommation réelle : 8,7 L/100 km (observée)

> Pour en savoir plus www.fiatcanada.com

>Moteur : L4 DACT 2,4 litres

>Puissance : 180 ch à 6400 tr/min

>Couple : 175 lb-pi à 3900 tr/min

>Rapport poids-puissance : 7,47 kg/ch

>Poids : 1346 kg

>Mode : Intégral

>Transmission de série Automatique : 9 rapports

>Transmission optionnelle : Aucune

>Direction/Diamètre de braquage (m) : Crémaillère/11,1

>Freins av-arr : Disque/Disque

>Pneus (av-arr) : 215/60R17

>Capacité du réservoir/ Essence recommandée : 48 litres/Ordinaire

>Capacité de remorquage : Non recommandé



On aime

> Bonne habitabilité

> Rouage intégral futé

> Conduite amusante

On aime moins

> Modularité trop classique

> Gestion et lenteur de la boîte auto

> Gros pneus et petits écrans