Le président-élu américain Donald Trump affirme avoir évité une délocalisation au Mexique d'une usine de production de Ford.

«Je viens de raccrocher au téléphone avec mon ami Bill Ford, le président du conseil d'administration de Ford, qui m'a fait savoir qu'il allait conserver le site Lincoln dans le Kentucky --Pas de Mexique», avait écrit sur son compte Twitter jeudi soir M. Trump dont le thème central de campagne était de faire revenir aux Etats-Unis des usines de groupes américains délocalisées.

Le site d'assemblement de Louisville produit les VUS Lincoln MKC et Ford Escape. Ford avait conclu en 2015 avec le syndicat UAW une convention collective lui permettant de délocaliser la production de ses petites voitures aux Mexique; mais rien n'avait été décidé ni encore moins annoncé officiellement sur la destination éventuelle du Lincoln MKC.

«Il était plus que probable que le site de Cuautitlan au Mexique accueille le MKC», a cependant indiqué à l'AFP vendredi Christin Baker, une porte-parole, renvoyant ensuite à un communiqué du groupe.

«Nous avons confirmé au président-élu que la fabrication de notre petit VUS Lincoln actuellement à l'usine d'assemblage de Louisville va rester dans le Kentucky», peut-on y lire.

Le président désigné Donald Trump. Photo: AP

Ford n'a jamais considéré déménager l'usine

Cela étant, le MKC --un modèle de petite série construit sur la même plateforme que l'Escape-- n'est pas un enjeu majeur avec seulement 27 560 ventes au Canada et aux États-Unis en 2015; il est loin d'être certain que l'intervention de M. Trump ait changé quoi que ce soit à l'usine de Louisville.

Le quotidien Detroit News rappelle que Ford, l'an dernier, avait déterminé que produire le MKC au Mexique n'aurait eu aucun impact sur le plancher d'emploi à Louisville. En fait, l'Ovale Bleu voulait libérer de la capacité de production dans cette usine du Kentucky pour fabriquer plus d'Escape, un modèle qui, lui, est un gros vendeur avec 354 218 ventes au Canada et aux États-Unis en 2015.

Jamais il n'a été question que Ford ferme l'usine au profit du Mexique.

Ford veut produire plus d'Escape à Louisville. Photo: AFP

Interprétation contestée et communiqué vague

À ce propos, le communiqué publié par Ford est vague, indiquant tout au plus que Ford a «confirmé au président désigné que notre VUS Lincoln assemblé à l'usine de Louisville restera au Kentucky». L'Ovale Bleu, toutefois, prévient qu'il espère que «le président désigné Trump et le Congrès vont rechercher des politiques qui amélioreront la compétitivité américaine et rendront possible de garder la production de ce véhicule aux États-Unis».

Ce matin, le Parti Démocrate a critiqué M. Trump, affirmant qu'il n'avait jamais été question que l'usine soit déménagée au Mexique, ce que ses deux tweets d'hier pouvaient laisser croire.

Le Comité national démocrate a ajouté que M. Trump tentait de tromper les Américains par ses tweets. 

Quoi qu'il en soit, M. Trump a crié victoire à la suite de cet engagement à conserver au Kentucky la production du MKC. M. Trump s'est fait le chantre du patriotisme économique et s'en est pris pendant la campagne électorale aux groupes américains délocalisant leurs usines à l'étranger. Ford et le géant informatique Apple étaient ses cibles favorites.

M. Trump avait même menacé d'imposer une taxe à l'importation de 35% pour les voitures produites au Mexique puis importées aux Etats-Unis et promis de renégocier l'accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) conclu en 1994 entre les États-Unis, le Canada et le Mexique.

Son message semble avoir porté puisque plusieurs Etats où l'industrie automobile est fortement représentée et qui votaient traditionnellement pour le candidat démocrate, comme le Michigan et le Wisconsin, ont voté pour lui en 2016 faisant basculer l'élection.

Le groupe de Dearborn, au Michigan, n'a en revanche pas renoncé à la délocalisation programmée des autres usines de petites voitures au Mexique où le coût de la main d'oeuvre est bon marché. Le groupe y produit déjà, sur le site d'Hermosillo, la berline Lincoln MKZ.

Il a annoncé début avril un investissement de 1,6 milliard de dollars dans un nouveau site mexicain