La recette peut sembler simple, voire calquée sur l'esprit des monstres démoniaques qu'étaient les hot rods de l'après-Seconde Guerre mondiale. La Ford Focus RS est pourtant la somme d'une équation fort complexe : un amalgame de puissance et d'agilité caché sous l'accoutrement bien plébéien d'une compacte à hayon. Digne héritière d'une lignée qui a acquis ses lettres de noblesse sur les circuits routiers et sur les étroits parcours de rallyes européens, elle est une création à part, pour bien des raisons.

SON DESIGN

Pour les non-initiés, la Focus RS peut sembler au premier abord n'être qu'une Focus qui est passée dans un atelier de tuning esthétique. La division Ford Performance a d'ailleurs utilisé une formule classique, garnissant les passages de roues d'élégantes jantes de 19 po cachant à peine les gros étriers bleu azur. L'avant en révèle un peu plus, montrant des ouvertures bien définies et beaucoup plus grandes que la version standard. Sous un treillis noir se cache le radiateur surdimensionné doublé d'un échangeur thermique pour assurer le bon fonctionnement du turbocompresseur. L'arrière, avec ses deux énormes pots d'échappement enveloppés par un diffuseur, ainsi que le gros aileron donnent des indices de plus sur ses prétentions.

À BORD

C'est probablement ici que réside la plus grande faiblesse du modèle. Malgré son prix passablement plus élevé que celui d'une Focus de série, la RS se contente d'un très mince vernis sur son habitacle. Seuls des jauges supplémentaires ainsi qu'un volant aplati sur le bas mettent la table. Il y a aussi les sièges Recaro, très enveloppants, sans diminuer le confort. On note en outre un certain laisser-aller sur le plan de l'assemblage. Certaines moulures ne sont pas parfaitement alignées. La qualité de certains matériaux est aussi moyenne, un défaut qui expose l'âge plutôt avancé de cette Focus face aux concurrentes.

SOUS LE CAPOT

Sous le capot se cache la pièce de résistance de l'oeuvre, un quatre-cylindres turbocompressé de 2,3 L. Impressionnant par les chiffres qu'il avance de 350 ch et 350 lb-pi, plus du double de la puissance du moteur de série, ce moulin l'est tout autant à l'essai. Réduisant énormément le délai de réponse du turbo, les ingénieurs ont également insufflé du tempérament à ce moteur. On obtient donc une réponse prompte à la moindre sollicitation, sans faire l'impasse sur le raffinement. Côté transmission, seule la manuelle est au menu. Valorisée par un bon guidage, elle mériterait un embrayage un peu plus progressif.

DERRIÈRE LE VOLANT

Mis en appétit par la sonorité grave du moteur dont la syntaxe du discours s'exprime par quelques explosions contrôlées dans le système d'échappement, on enfile le premier virage. Dès lors, le spectacle, qui était essentiellement sonore, atteint une nouvelle dimension encore plus saisissante. Cette Focus RS s'approprie les lois de la physique comme jamais une compacte n'a auparavant réussi à le faire. Elle ne semble jamais décontenancée, aidée par une transmission intégrale finement réglée pour valoriser ses capacités. Que dire également de la direction, dotée d'un beau toucher et qui appuie naturellement l'ensemble. Pour savourer cela, il faut cependant accepter de se faire brasser un peu, voire beaucoup, par les amortisseurs très fermes.

LES TECHNOLOGIES EMBARQUÉES

La Focus RS existe pour diverses raisons, dont celle de trôner au sommet de la gamme Focus et ainsi mettre en valeur les versions moins onéreuses de la compacte. Elle dispose donc d'un équipement assez complet comprenant un système d'infodivertissement SYNC dernière cuvée. Beaucoup plus agréable à utiliser que son prédécesseur autant en raison de la présentation que du design des menus, il est lié à une chaîne audio Sony faisant un travail acceptable, sans plus. Considérant le prix demandé, Ford aurait pu tout de même équiper cette variante RS de la détection des angles morts et d'un régulateur de vitesse adaptatif.

VERDICT

Avec l'orchestration entourant son lancement, on l'attendait avec fébrilité, cette Focus RS. Force est d'admettre que cette « supercompacte » ne déçoit pas, pouvant tutoyer des voitures commandant le double du prix. Aussi surdouée qu'elle puisse paraître, elle n'est toutefois pas exempte de sources d'irritation, dont la sécheresse des amortisseurs qui met à mal les nombreuses moulures de la planche de bord qui traduisent leur insatisfaction par des craquements sporadiques. Il y a aussi le prix, qui est très loin du positionnement d'une compacte ordinaire. Malgré tout, l'initiative de Ford mérite d'être applaudie, ne serait-ce que pour l'audace de ce projet, empreint d'un esprit déjanté très assumé.

Fiche technique

• Version à l'essai : RS

• Prix (avec options, transport et préparation) : 51 163 $

• Moteur : L4 DACT 2,3 L turbocompressé

• Puissance : 350 ch à 6000 tr/min

• Couple : 350 lb-pi à 3200 tr/min

• Transmission : Manuelle à six rapports

• Architecture motrice : Moteur transversal avant, transmission intégrale

• Consommation (ÉnerGuide) : 10,9 L/100 km (essence super)

• Concurrentes : Subaru Impreza STI, Volkswagen Golf R

• Du nouveau en 2017 ? Aucun changement majeur

• Pour en savoir plus : www.ford.ca



Points chauds


> Espace arrière

Malgré son espace intérieur tout à fait convenable, cette Focus laisse un espace très limité pour les jambes à l'arrière.

> Sonorité moteur

Selon le mode de conduite utilisé, l'échappement peut émettre une sonorité plus expressive au moyen d'un clapet qui s'ouvre sur demande.

> Amortisseurs ajustables

Les amortisseurs peuvent être ajustés au moyen d'un bouton, passant d'un mode Normal ferme à extraferme en mode Sport, qui doit être employé seulement sur un parcours très lisse.

> Côté vert

Malgré son grand penchant pour le sport, cette Focus RS dispose d'un système d'arrêt/redémarrage pour économiser du carburant en conduite urbaine.

> Prête pour l'hiver

Cette Focus RS vient sans avec un jeu supplémentaire de jantes de 18 po drapées de pneus d'hiver.