Le GMC Sierra exhale un fort parfum de déjà-vu. Pourtant, il fait l'objet d'une refonte complète cette année. Derrière les phares massifs et une calandre qui l'est tout autant, rien d'inédit. Une approche qui contraste avec celle de la concurrence qui s'ingénie depuis quelques années déjà à faire sortir les camionnettes de leur conformisme souvent jugé poussiéreux. Alors, marche arrière? Statu quo? Où s'agit-il d'une évolution en trompe-l'oeil?

Le renouvellement de la Sierra et de ses semblables cause toujours de sérieux tourments à leurs concepteurs. Et pour cause: l'impact qu'a cette gamme de modèles sur la rentabilité du constructeur américain est tout simplement trop grand pour courir le moindre risque. En partant de ce principe, on peut légitimement croire que GMC a adopté une attitude plutôt frileuse par rapport à ses concurrents. Ces derniers multiplient en effet les innovations de toutes sortes, allant de la suspension pneumatique (Ram) au moteur suralimenté par turbocompresseur (Ford). Visiblement, a eu l'air de penser General Motors, une partie des consommateurs n'a pas envie de suivre l'escalade technologique de la concurrence.

La nouveauté est dans le détail?

En fait, cette dérive n'a pas que des avantages. D'abord, elle écarte de nombreux acheteurs qui craignent que ces changements entraînent une hausse des coûts d'entretien et une complexité mécanique superflue. Ensuite, elle déroute tous ceux (et celles) qui restent attachés au côté "terroir" - viril, mais correct - des camionnettes traditionnelles, ces montures qui vieillissent moins vite que le tout-venant automobile.

Une camionnette peut-elle ressembler à autre chose qu'à un parallélépipède monté sur roues? Question incongrue. Une camionnette est un outil. D'accord, mais aujourd'hui, leurs propriétaires ne s'en servent pas tous pour charrier des matériaux de construction sur une base quotidienne. Plusieurs éprouvent une tendresse certaine pour le folklore «gros pick-up» sans jamais mettre dans la boîte, pour reprendre une expression populaire, autre chose qu'une commode achetée chez l'antiquaire ou pour déménager au pied levé le canapé de la cousine Maude.

En apparence, le Sierra donne l'impression de s'être seulement fait repoudrer le nez, mais les apparences sont trompeuses. Gardez-vous de sauter rapidement à pareille conclusion et approchez-vous un peu. Des joints d'étanchéité supplémentaires serpentent la calandre, les phares et l'interstice entre l'habitacle et la benne dans le but de diminuer le coefficient de traînée aérodynamique et d'améliorer le confort acoustique. Des détails du même genre, on en découvre également du côté des rétroviseurs, plus profilés, et sous le véhicule qui est muni de plaques placées devant les roues arrière pour favoriser encore une fois l'écoulement de l'air.

Sous le vernis de la peinture, on trouve davantage d'acier haute résistance ou d'aluminium pour réduire le poids (donc la consommation) et augmenter la solidité en cas d'impact. L'oeil avisé ne manquera pas de relever que, pour la première fois, la configuration à cabine double comporte des ouvrants antérieurs traditionnels. C'est-à-dire? Elles s'ouvrent de l'arrière à l'avant, ce qui permet aux passagers d'accéder au véhicule ou d'en sortir en laissant les portes avant fermées. Encore, un détail, le pare-chocs arrière est doté de marchepieds en coin facilitant l'accès à la benne, peu importe que le hayon soit ouvert ou fermé.

À bord, on se retrouve naturellement perché bien au-dessus de la route. Le modèle d'entrée du Sierra ne verse pas dans le faste, mais va au-delà des standards de confort des engins strictement utilitaires, notamment dans le domaine de l'insonorisation. Réglable dans le sens de la profondeur, le volant est celui d'une voiture, pas d'un tracteur, et les commandes tombent sous la main, en particulier le changement de vitesse implanté sur la colonne. La qualité des textures reste inférieure à celle d'une berline de luxe vendue le même prix (celui de notre véhicule d'essai avoisinait les 60 000$). Cela dit, les matériaux sont clairs, les coloris de bon ton et le grand rangement destiné à accueillir la paperasse et l'ordinateur portable a tout pour satisfaire un ingénieur de chantier. Les "branchés" seront fascinés du nombre de prises auxiliaires et domestiques - nous en avons dénombré 10 - pour brancher tous ces appareils "indispensables" à la vie moderne. Les "sportifs" y trouveront également leur compte avec cette série de cadrans à faire rougir les Porsche 911 et SRT Viper de ce monde.

Parmi les caractéristiques, citons l'offre de capteurs de stationnement ainsi que d'une lunette coulissante, toujours pratique pour flatter votre chien dont j'ai oublié le nom. Les sièges avant offrent un confort remarquable pour ce type de véhicule. À l'arrière, les trois occupants ne rouspéteront pas sur le dégagement - carrément immense -, mais sur le manque de galbe de la banquette qui, à la première courbe venue, vous serre contre la porte ou contre votre voisin. En l'absence de passagers derrière, le coussin s'escamote pour transporter au sec les sacs du trio d'attaquants d'une ligue de hockey amateur.

On déménage qui aujourd'hui?

Malgré la présence (en option) de capteurs de stationnement à l'avant comme à l'arrière, la conduite de cette camionnette en milieu urbain est loin d'être une sinécure. Son encombrement rend la recherche d'une place adaptée mal aisée et son rayon de braquage de paquebot complique les manoeuvres. Mais dès que l'horizon se dégage, le sourire nous revient. Le Sierra se laisse gentiment mener avec sa très douce direction assistée électrique et freine correctement. Hormis quelques soubresauts du train arrière - lorsque la benne est inoccupée - sur de mauvais revêtements, l'expérience au volant est agréable pour peu que l'on résiste à l'idée de s'offrir la suspension Z-71 ou les roues de 20 po. Ça secoue un peu plus, mais on s'en remet.

La bête, du reste, n'a pas besoin d'être cravachée, surtout si les V8 5,3 L et 6,2 L se trouvent sous le capot. Ce n'est pas le plus puissant ni le plus costaud (pour tirer une charge, s'entend) de la meute, mais il consomme avec plus de modération les 98 L d'essence qui baignent dans son réservoir. Mais LE centre d'intérêt de cette refonte est sans conteste le nouveau V6 4,3 L qui, contrairement aux cylindrées équivalentes offertes sur les modèles rivaux, est un moteur conçu à la base pour mouvoir un camion et non une auto. Ainsi équipé, le Sierra s'avère plus économique à la pompe et tracte jusqu'à 300 kg de plus que ses plus proches concurrents. Voilà l'occasion à saisir. Hélas, ces trois motorisations sont couplées à une boîte semi-automatique un peu vieillotte (le Ram en compte maintenant huit) et curieusement programmée au moment de la décélération, ce qui, à faible vitesse, provoque certains accrocs entre le premier et le deuxième rapport. Plutôt agaçant dans un bouchon de circulation.

Pas vraiment bon marché, le GMC Sierra n'en est pas moins une camionnette à la bonne franquette qui, finalement, nous en donne pour notre argent pour peu que nous ne nous entêtions pas à lui trouver des airs de déjà-vu.

L'essentiel

> Marque/Modèle: GMC/Sierra

> Fourchette de prix:27250 $ à 58420$

> Frais de transportet de préparation:1950$

> Garantie de base: 3ans/60000km

> Consommation réelle: 13,3L/100km

> Pour en savoir plus: www.gm.ca

Fiche technique

> Moteur (essence): V8 ACC 5,3litres

> Puissance: 355ch à 5600tr/min

> Couple: 383lb-pi à 4100tr/min

> Poids: 2359 kg

> Rapport poids-puissance: 6,64kg/ch

> Mode: 4x4

> Transmission de série: Semi-automatique à 6 rapports

> Transmission optionnelle: Aucune

> Direction/Diamètre de braquage (m):Crémaillère/14,3

> Freins av-arr: Disque/Disque

> Pneus(av-arr): 275/55R20(option)

> Capacité du réservoir/Essence recommandée: 98 L/Ordinaire

On aime

> L'habitacle ingénieux et pratique

> Le silence qui règne à bord

> La constance de ses concepteurs:il s'agit d'abord d'un camion

On aime moins

> La boîte semi-automatique

> Les options «sportives» de la suspension (voir texte)

> L'impression que rien n'a véritablement changé