Moribonde et désertée, la catégorie des camionnettes intermédiaires retrouve sa place sous les projecteurs cette année. À l'aide de la Chevrolet Colorado et de la GMC Canyon, General Motors entend briser, une fois pour toutes, l'hégémonie des constructeurs japonais dans ce créneau.

Une camionnette peut-elle ressembler à autre chose qu'à un parallélépipède monté sur roues? Question incongrue. Une camionnette est un outil. Or soigner les détails et affûter le design coûte cher et n'apporte pas grand-chose au patron de PME ou à l'artisan, plus soucieux de la valeur d'usage que du look de son instrument de travail. Autrefois logique et bourrée de bon sens, cette affirmation ne tient plus la route aujourd'hui.

Comme toutes les camionnettes, la Canyon se destine à ceux qui pratiquent activement des loisirs encombrants, voire envahissants. Sa benne, quoique généralement vide, accueille sans chichi vélos, skis, matériel de pêche et équipement pour le nautisme. On entasse joyeusement tout cela pour partir en expédition vers des lieux que l'on atteindra sans trop de mal grâce à un rouage à quatre roues motrices. Sans aller jusque-là, la Canyon est parfaite pour déménager au pied levé le petit canapé de grand-mère, pour peu que l'on évite soigneusement la configuration de base (5,2 pieds) dont on ne voit guère l'utilité. À ce sujet, on s'interroge aussi sur la pertinence d'opter pour les marchepieds (une option de 760$) sur notre véhicule d'essai, à moins d'être de petite taille.

En configuration «multiplace» (Crew Cab), cinq personnes peuvent prendre place dans l'habitacle, mais celles qui s'installent à l'arrière devront se serrer un peu et composer avec un dossier planté trop à la verticale pour être réellement confortable. C'est toujours mieux que la version à cabine allongée, également au catalogue, peu pratique, moins il est vrai plus accessible financièrement. Pour peu que les places disponibles soient occupées, l'embarquement du moindre sac de voyage exige que l'on rogne sur l'espace vital des passagers. Dans ce cas, pas le choix, si l'on envisage d'emporter quelques bagages, il faudra inévitablement couvrir la benne d'une bâche ou, mieux encore, d'un couvercle rigide.

L'intérieur de cette camionnette ne verse pas dans le faste, mais va bien au-delà des standards de confort autrefois associés à des engins strictement utilitaires, notamment dans le domaine de l'insonorisation. Les bacs de rangement sont bien là et tout le manuel de science ergonomique a été appliqué à la lettre. Les commandes, de bonnes dimensions, se trouvent là où elles sont attendues et la colonne de direction à la fois inclinable et télescopique facilite la recherche d'une position de conduite agréable.

Pour ajouter au confort des occupants qui voyageront à son bord, la Canyon affiche un intérieur habillé de matériaux solides et impeccablement ajustés auquel il ne manque en fait qu'un soupçon d'originalité tellement la présentation intérieure semble une photocopie d'un autre modèle de la marque. À ce sujet, le moment est bien choisi pour rappeler que la Canyon et la Colorado de Chevrolet, c'est blanc bonnet, bonnet blanc. À l'exception de la calandre et de quelques détails, les deux sont foncièrement identiques, mais ne commandent pas le même prix...

Robuste et silencieuse

Longtemps connue pour sa rusticité, la camionnette - petite ou grosse - a été mise au goût du jour et n'a pour ainsi dire rien à envier aux autres catégories de véhicules. Cela dit, réglons en deux lignes le sort de la mécanique de service, un quatre-cylindres de 2,5 litres. Ce dernier développe 200 chevaux et s'arrime en exclusivité à une boîte manuelle à six rapports, mais seulement lorsque la Canyon ne compte que deux roues motrices.

Le plus important à retenir est que ce 2,5 litres voit sa capacité maximale de remorquage limitée à 1588 kilogrammes, soit 50% de moins que la Canyon entraînée par un V6 de 3,6 litres. Ce dernier, comme le quatre-cylindres d'ailleurs, n'a rien d'une antiquité sur le plan technique. On y retrouve une paire d'arbres à cames, la distribution variable et même l'injection directe. Robuste et souple, ce V6 épouse de série une transmission automatique et, selon la configuration adoptée, consomme grosso modo 1 L/100 km de plus que le quatre-cylindres. Ce qu'il faut surveiller toutefois: l'avènement possible d'une mécanique turbodiesel. Si l'on prête foi à la rumeur - et à certaines indiscrétions du côté de Detroit -, GM étalonne actuellement cette mécanique à bord de «mulets» et réalise plusieurs comparatifs avec l'Amarok TDi de Volkswagen, une camionnette concurrente, mais non offerte aux États-Unis et au Canada.

Cela représenterait une bonne nouvelle, mais pour l'heure, la surprise, c'est du côté du comportement routier qu'elle se trouve. S'il y a longtemps que vous avez posé les fesses dans une camionnette, vous serez assurément étonné. En fait, inutile de charger un tant soit peu la benne pour obtenir un comportement agréable et sûr. La caisse est rigide, prend peu de roulis et donne confiance à celui ou celle qui se trouve au volant. La direction se révèle précise, directe et correctement assistée. Stable, la Canyon garde le cap, même si Éole souffle sur ses parois extérieures.

Les suspensions sont en phase avec la raison sociale du véhicule: puisque le cahier des charges prévoit l'éventualité de rééditer les 12 travaux d'Astérix, l'essieu arrière est on en peut plus rigide. Gare aux «coups de raquette» sur le dos d'âne abordé trop vite! Les suspensions comptent sur un large débattement, mais se révèlent assez fermes en bout de course. Cela secoue un peu, mais on s'en remet aussitôt la secousse passée.

Le système de freinage est un classique du genre (disques à l'avant et à l'arrière) doublé d'un dispositif antiblocage (ABS) aux quatre roues. Son efficacité en conditions normales s'avère excellente, mais les distances d'arrêt demeurent plutôt longuettes.

La Canyon, du reste, n'a pas besoin d'être cravachée. Son moteur (un 2,5 litres turbodiesel de 104 chevaux) est du genre pépère, mais il tracte sans trop de peine les presque deux tonnes de l'engin. Celui-ci se laisse gentiment mener avec sa très douce direction assistée et sa boîte de vitesses bien étagée, avec laquelle on conduit en souplesse.

Contre toute attente, cette camionnette est beaucoup moins pataude en ville qu'on pourrait le redouter. Il faut toutefois se méfier de l'énorme diamètre de braquage lorsque l'on effectue une manoeuvre de stationnement et prendre soin, en configuration deux roues motrices, de manier cette GMC avec doigté sur une chaussée détrempée. Perché au-dessus du flot de la circulation, on se sent néanmoins en parfaite sécurité. Et l'on constate, un peu gêné, l'empressement avec lequel les autres automobilistes nous accordent - parfois - la priorité...

Bilan positif, donc, pour la Canyon qui figure dans ce que General Motors fait de mieux de nos jours avec la Corvette et la Volt. Mais, en dépit de ses qualités intrinsèques, il y a tout lieu de se demander, vu le prix que commandent les versions les plus équipées, s'il ne vaut pas mieux opter pour un format plus grand comme la Sierra, par exemple, ou, compte tenu des dimensions de la benne de 5,2 pieds, lui préférer le multisegment Acadia? Après tout, on ne déménage pas le canapé de grand-mère tous les jours!

ON AIME

• Qualité de l'insonorisation

• Direction précise

• Technologie embarquée

ON AIME MOINS

• Cabine multiplace (CrewCab) ou rien

• Caisse courte sans véritable intérêt

• Accès et sortie du véhicule

CE QU'IL FAUT RETENIR



• Marque/Modèle : GMC Canyon

• Version à l'essai : SLT Crew Cab 4RM

• Fourchette de prix : 20 600$ à 39 498$

• Frais de transport et de préparation : 1795 $ à 39 200 $

• Garantie de base : 3 ans/60 000 km

• Consommation réelle : 11,1 L/100 km

• Chez les concessionnaires : Maintenant

• Pour en savoir plus : www.gmcanada.com

• Moteur : V6 DACT 3,6 litres

• Puissance : 305 ch à 6800 tr/min

• Couple : 269 lb-pi à 4000 tr/min

• Rapport poids-puissance : 6,57 kg/ch

• Poids : 2005 kg

• Mode : 4x4

• Transmission de série : Automatique

• Transmission optionnelle : Aucune

• Direction/Diamètre de braquage (m) : Crémaillère/12,6

• Freins (av-arr) : Disque/Disque

• Pneus (av-arr) : 265/60R18

• Capacité du réservoir/Essence recommandée : 79,5 litres/Ordinaire

• Capacité de remorquage maximale : 3175 kg