Le constructeur d'automobiles japonais Honda a annoncé qu'il n'utiliserait plus de gonfleurs de coussins gonflables de son compatriote Takata dans ses nouveaux véhicules, se disant «profondément troublé» par le comportement de l'équipementier, soupçonné d'avoir «maquillé» des données et condamné à une forte amende aux États-Unis.

«Aucun nouveau modèle Honda et Acura (la marque de luxe du groupe, NDLR), ne sera équipé avec un gonfleur de coussin gonflable Takata conducteur ou passager», a déclaré Honda dans un communiqué.

Il s'exprimait après l'annonce d'une amende record aux États-Unis contre Takata, lequel a admis qu'il était «informé d'un défaut» et qu'il avait manqué à son obligation d'ordonner des rappels «en temps utile».

«Au cours de ces derniers mois, Honda a examiné des millions de pages de documents internes fournis par Takata» et «nous avons pris connaissance d'éléments de preuve suggérant que Takata avait maquillé et manipulé des données», explique le troisième constructeur nippon.

«Nous attendons de nos fournisseurs qu'ils agissent avec intégrité en toutes circonstances et nous sommes profondément troublés par un tel comportement», poursuit-il.

Honda, premier client de Takata, a été très fragilisé par le scandale Takata, qui l'a contraint à rappeler à lui seul 24,5 millions de voitures. Il s'est progressivement tourné depuis vers d'autres fabricants. Parmi les rivaux de Takata, qui occupait le deuxième rang mondial avant ce scandale, figurent le suédois Autoliv, l'américain TRW Automotive et le japonais Daicel.

«Dans un avenir proche, nous serons en mesure de remplacer les gonfleurs de coussins gonflables des voitures rappelées uniquement par des pièces venant d'autres fournisseurs» que Takata, a assuré Honda.

Aux termes d'un accord conclu avec les autorités américaines, l'équipementier japonais devra s'acquitter d'une pénalité de 70 millions de dollars et de 130 millions de dollars supplémentaires s'il ne respecte pas ses engagements. Le groupe fait par ailleurs l'objet d'une enquête pénale du ministère de la Justice et de plaintes collectives d'automobilistes.

Takata est sur la sellette depuis plusieurs mois pour certains de ses coussins de sécurité qui explosent même en cas de collision mineure, projetant alors des fragments de métal et de plastique sur le conducteur ou le passager. Ce défaut est accusé d'avoir provoqué huit décès dans le monde, dont sept aux États-Unis, et fait des centaines de blessés.

Lors d'une conférence de presse, un dirigeant de Takata, Hiroshi Shimizu, a botté en touche, refusant de détailler les conséquences de la décision de Honda, client qui génère plus de 10% de ses ventes.

«Cette affaire aura un impact sur la gestion (du groupe), c'est certain», s'est-il borné à dire alors que d'aucuns évoquent un risque pour la survie de l'entreprise.