Mollement accueillie par la critique tant dans sa version conceptuelle (au Salon de Détroit) que définitive (New York), l'Insight débarque dans les salles d'exposition sur la pointe des pneus. Honda a, semble-t-il, tout fait pour que ce modèle ne se fasse pas remarquer.

Quand on se compare. On se désole ou on se console ? Hormis les déclinaisons de modèles existants, les hybrides conçues par Honda ne passaient pas inaperçues. La très cérébrale Insight avait ses détracteurs, mais aussi ses inconditionnels. Un cran en dessous, la Clarity, modèle classique mais typé, représentait un juste milieu.

Alors, autant être franc et direct : l'Insight, troisième du nom, nous plonge dans un abîme de perplexité. L'Insight est une voiture délibérément transparente qui, encore une fois, prend certaines distances face à la Prius, sa concurrente directe - de crainte de l'affronter directement ?

Par rapport aux deux Insight précédentes (l'une était un biplace, l'autre une berline 5 portes), celle-ci joue profil bas. Comprenons-nous bien, ce n'est pas pour autant une auto mal dessinée ou qui pécherait par la maladresse de son style qui s'inspire très ouvertement de celui de la Civic, dont elle dérive étroitement d'ailleurs.

Bref, elle n'a rien d'un laideron. Et contrairement à la très excentrique Clarity, l'Insight fait tout pour ne pas se faire remarquer.

Et, de fait, y parvient fort bien.

Commode discrétion

L'Insight est plutôt lisse, dépourvue d'aspérités qui choquent. Pas de contrastes qui retiennent le regard. Elle n'est ni ronde ni carrée, ni belle ni moche. Les yeux fermés, on a du mal à reconstituer mentalement les formes flottantes de ce modèle que plusieurs consommateurs confondront avec une Civic. Une Civic dont les traits semblent plus raffinés, mais une Civic tout de même.

Honda propose deux déclinaisons de ce modèle. La version d'entrée se révèle la plus homogène, mais on regrettera tout de même le choix très limité de teintes intérieures et extérieures.

Dès lors, la Touring, plus coûteuse et mieux équipée, apparaît immédiatement comme la déclinaison la plus alléchante, mais l'absence de subvention gouvernementale la place en concurrence avec des véhicules dotés d'une technologie plus évoluée.

Par rapport à la Prius (Toyota), voire l'Ioniq (Hyundai), les dirigeants de la marque japonaise pensent, non sans raison, que pour réussir sur le marché des hybrides d'entrée de gamme, le classicisme est de rigueur.

Une approche classique

On souscrit volontiers à cette analyse. Nul besoin de s'afficher sous les traits d'une soucoupe volante, voire de la fantaisiste voiture de demain illustrée dans le magazine Popular Science des années 50, pour klaxonner sa différence.

Tout le monde ne sera pas forcément d'accord. Surtout ceux et celles pour qui les plus grandes réussites de Honda ont toujours exprimé une forme d'originalité. Cette dernière interprétation se défend aussi dans la mesure où l'Insight semble, par rapport aux deux concurrentes citées plus haut, refléter les complexes d'un constructeur sur la défensive, obnubilé par la nécessité de rassurer la clientèle, de ne choquer personne.

Heureusement, on ne saurait résumer l'Insight à ses atours un peu bourgeois. L'intérieur vaut-il mieux que l'extérieur ? Pas forcément.

L'habitacle fait moins vieux jeu, avec des matériaux plus clairs (déclinaison Touring seulement), des commandes correctement disposées, une console partiellement redessinée et un bloc d'instrumentation à la « Star Wars ».

De l'espace en masse

On trouve aussi de l'espace à revendre et des sièges garantissant un maintien agréable pour abattre de longues distances. La position de conduite semi-haute en raison de l'implantation plutôt basse du tableau de bord est rassurante et les passagers arrière, installés sur une banquette légèrement surélevée - la batterie du système hybride loge dessous -, jouissent d'une visibilité agréable.

Quant au coffre, il offre un volume concurrentiel, une large ouverture et, surtout, la possibilité de rabattre en tout ou en partie les dossiers de la banquette arrière pour augmenter la surface de chargement.

Du côté de la tenue de route et du confort, l'Insight était évidemment attendue au tournant, et on constate avec plaisir qu'elle est épatante. Réalisée sur une plateforme technique similaire à celle de la Civic, l'Insight a su en préserver toutes les qualités, et ce, malgré un gain de poids significatif, certes, mais mieux réparti. En outre, le centre de gravité, légèrement abaissé, permet à cette Honda d'afficher de brillantes prestations routières.

Conduite agréable, mais moteur couci-couça

Au volant, on s'amourache très vite de l'Insight. Collée à la route et bien vissée sur son train avant, elle vire à plat et ne souffre d'aucun mouvement de caisse désagréable, contrairement à certaines de ses concurrentes. L'assistance de la direction est bien dosée et offre un bon ressenti.

En outre, son freinage, parfois délicat sur une hybride, est ici facile à doser et à moduler.

Après les fleurs, le pot. Le quatre-cylindres qui l'anime manque de tonus et sans l'apport d'un moteur électrique, la critique serait plus cinglante encore. Les lamentations du moteur à essence quand il est fortement sollicité exaspèrent et troublent la quiétude qui normalement règne dans l'habitacle. Si le 2 L n'est pas toujours à la hauteur de ses promesses, son niveau de consommation n'en est pas moins convaincant. Et n'est-ce pas la raison première pour se la procurer ? Et pour la préférer aux versions les plus huppées de la Civic ? La proposition soumise par Honda paraît cependant plus difficile à endosser face à une concurrence qui propose non seulement une carrosserie plus polyvalente (hayon), mais aussi une technologie plus avant-gardiste (prise rechargeable).

Des concurrentes qui offrent une réelle autonomie électrique et, grâce aux subventions gouvernementales en cours, apparaissent aussi sinon plus alléchantes encore à acquérir.

Trois fleurs, trois tomates

ON AIME

Agrément de conduite

Économie de carburant additionnelle (par rapport à une Civic)

Aucun compromis nécessaire à part le prix

ON AIME MOINS

Choix de la carrosserie

Moteur bruyant lorsque sollicité

Volonté réelle d'Honda de l'imposer ?

La facture

Fourchette de prix : de 27 990 $ à 31 590 $

Frais de transport et de préparation : 1655 $

Garantie de base : 36 mois / 60 000 km

Consommation réelle : 5,6 L/100 km

Chez les concessionnaires : Maintenant

Concurrents : Hyundai Ioniq, Toyota Prius

Pour en savoir plus : www.honda.ca

Fiche technique

Moteur essence : L4 DACT 1,5 litre atmopshériquePuissance : 107 ch à 6000 tr/min

Couple : 99 lb-pi à 5000 tr/min

Moteur électrique : aimant permanent sychrone

Puissance : 129 ch entre 4000 et 8000 tr/min

Couple : 197 lb-pi entre 0 - 3000 tr/min

Poids : 1382 kg (Hybrid) -1399 kg (Touring)

Rapport poids-puissance : 9,15 kg/ch (Hybrid) 9,26 kg/ch (Touring)

Mode : Traction

Transmission de série : aucune

Transmission optionnelle : aucune

Diamètre de braquage : 10,9 m

Freins av.-arr. : disque-disque

Pneus (av.-arr.) : 215/50R17

Capacité du réservoir : 40 L

Essence recommandée : ordinaire