Quand Hyundai est arrivé à la fin de 2008 avec sa Genesis, le constructeur coréen a créé une petite commotion dans le segment des voitures de luxe. La berline offrait des performances et un équipement sans précédent, à un prix imbattable. Résultat, la Genesis a été élue voiture nord-américaine de l'année en 2009. Un honneur peu banal pour les Coréens, dont les tentatives dans le haut de gamme s'étaient soldées par des échecs aussi retentissants que pathétiques - les Hyundai XG350 et Kia Amanti, quelqu'un?

Malgré toutes ses qualités, la Genesis s'est graduellement effacée du paysage et n'a finalement eu qu'un impact anecdotique. L'an dernier, Hyundai a vendu seulement 1062 modèles au Canada, trois fois moins que la Mercedes de Classe E, qui domine le segment. Mais Hyundai persiste et signe et vient de lancer à Detroit la deuxième génération de sa berline de luxe, qui viendra appuyer l'Equus, plus luxueuse encore. Qui plus est, la Genesis sera lancée sur tous les marchés, y compris en Europe. De son côté, la société soeur Kia s'apprête à vendre sa K900, une berline pleine grandeur qui offre le luxe digne d'une petite limousine et qui s'ajoutera à la Cadenza, lancée à Detroit l'an dernier. Bref, ils sont sérieux, ces Coréens!

«La seule façon de pouvoir atteindre un bon niveau de notoriété est de montrer que Hyundai est en mesure de construire des voitures haut de gamme», soutient Michael Ricciuto, directeur national de la planification stratégique chez Hyundai Canada, rencontré à Detroit. En ce sens, la nouvelle Genesis reprend là où avait laissé le modèle précédent: la qualité de la finition de la Genesis est impeccable, l'environnement qui entoure le conducteur et ses passagers est particulièrement valorisant. La liste d'équipements est sans fin, tout ce qu'on peut imaginer comme technologie dernier cri figure au menu - on peut même faire démarrer l'auto avec les Google Glass ou accéder aux fonctions de son iPhone par le système de reconnaissance vocale Siri. Et, voilà qui devrait plaire à la clientèle canadienne, la nouvelle Genesis sera équipée en option d'un rouage à quatre roues motrices, un indispensable dans la catégorie.

Côté look, la Genesis adopte la nouvelle signature visuelle de Hyundai, la Fluidic Sculpture 2.0, dorénavant plus épurée, ce qui est souhaitable pour une voiture qui se veut concurrente des BMW de Série 5, Mercedes de Classe E et Audi A6.

Magasiner avec ses yeux

Aussi bonnes soient leurs berlines de luxe, est-il vraiment pertinent pour les constructeurs coréens de persister à se battre sur le terrain des allemands? «La présence d'une voiture haut de gamme a un impact bénéfique sur l'image de la marque dans son ensemble, répond M. Ricciuto. Les ventes de Hyundai ont doublé depuis le lancement de la première Genesis, en 2009. La nouvelle Genesis sera donc une nouvelle occasion de mettre en valeur nos capacités.»

Même son de cloche chez Kia, dont la présence dans le haut de gamme est encore plus ou moins anonyme. «Nous sommes une entreprise qui carbure aux défis, assure Michael Ofiara, porte-parole de Kia America. S'il y a un marché où nous jugeons que nous pouvons nous illustrer, nous allons aller de l'avant.»

Il faut toutefois trouver le moyen de faire entrer des clients chez les concessionnaires. Voilà qui est plus facile à dire qu'à faire. «On comprend la domination des allemands dans ce marché, et on sait aussi que celui qui veut une Mercedes va acheter une Mercedes, reconnaît M. Ofiara. Mais, selon nous, les gens magasinent d'abord avec leurs yeux. Et, encore aujourd'hui, les gens se retournent au passage d'une Optima. Ce sera la même chose pour la Cadenza et la K900. Une fois qu'on a réussi à attirer de nouveaux clients, on peut leur présenter la réelle valeur du produit.»

Si la transformation des constructeurs coréens est en marche depuis quelques années en raison du design franchement réussi de leurs voitures, il reste que le rapport qualité-prix demeure au coeur de leur stratégie. «On offre une voiture intermédiaire de luxe pour le prix d'une BMW de Série 3, soutient Michael Ricciuto en faisant référence à la Genesis. On peut se permettre de la vendre à ce prix parce qu'elle est construite sur une chaîne d'assemblage qui lui est consacrée, en Corée du Sud, où nous vendons pas moins de 13 000 Genesis chaque mois.»

Une bonne partie du budget de marketing de Hyundai sera consacrée cette année à la promotion de la nouvelle Genesis. Chez Hyundai, on est néanmoins conscient que ça prend plus pour établir une image de marque. «BMW et Mercedes ont mis des années à obtenir la notoriété dont ils jouissent. Atteindre ce statut ne se fait pas seulement grâce à une bonne campagne de marketing, reconnaît M. Ricciuto. Mais on s'attend à vendre de deux à trois fois plus de nouvelles Genesis par rapport à la première génération. Et je ne vois vraiment pas pourquoi on ne pourrait pas avoir du succès dès maintenant.»

Hyundai Genesis 2015

Deux choix de moteurs : un V6 de 3,8 L de 311 ch et 293 li-pi de couple et un V8 de 420 ch et 383 lb-pi de couple.

La transmission offerte est une automatique à huit rapports. Le rouage intégral HTRAC permet au conducteur de choisir entre trois différents modes de conduite, le couple pouvant notamment être transféré vers les roues arrière pour favoriser le confort et l'économie d'essence.

Selon les dires de Hyundai, le châssis, qui ne partage aucun composant avec l'ancien, est encore plus rigide que celui de la BMW de Série 5.

Pour un comportement encore plus sportif, la suspension de la Genesis V8 sera également ajustable.

Elle sera offerte au deuxième trimestre à un prix de base d'environ 40 000 $.