Le constructeur sud-coréen Hyundai change de dimension en lançant une marque haut de gamme qui portera le nom de sa berline Genesis.

Si l'information a filtré en Asie la veille de l'annonce officielle, cette dernière nous a permis d'en apprendre un peu plus sur les motivations et la stratégie de Hyundai.

Le constructeur lancera ainsi six nouveaux modèles de marque Genesis d'ici à 2020. La berline lancée en 2008 et une toute nouvelle version de la berline de luxe Equus seront les deux premiers modèles mis en marché en Amérique du Nord, le printemps prochain vraisemblablement. Ils seront rebaptisés G80 et G90 respectivement. Une troisième berline, la G70, est prévue pour 2017. Suivront un multisegment intermédiaire et un VUS, le sixième modèle n'étant pas connu encore. Le coupé Genesis restera, lui, dans la gamme de Hyundai.

Cette nouvelle marque ne vient pas seulement avec un nouveau nom et un nouveau logo puisque Hyundai annonce une «identité stylistique distincte». Utilisant une plateforme à propulsion arrière, les voitures auront des proportions caractérisées par «un long capot et un court porte-à-faux», a précisé Peter Schreyer lors du lancement de la marque.

Le président et grand patron du design du constructeur sud-coréen supervisera le travail d'un tout nouveau service de design créé expressément pour le lancement de cette nouvelle marque. Pour ce faire, Schreyer est allé débaucher chez Volkswagen Luc Donckerwolke, responsable du design des marques de luxe et haut de gamme de l'allemand.

Concessionnaires Hyundai

Les modèles de cette nouvelle marque seront distribués partout dans le monde dans le réseau de concessionnaires existant de Hyundai dans un premier temps. «Ce ne sera pas une marque séparée physiquement, avec son propre réseau», a confié mardi à l'agence Reuters une source très proche du dossier.

La mise en place d'un réseau distinct de concessionnaires Genesis comporte beaucoup trop de risques dans l'immédiat aux yeux du constructeur sud-coréen.

Ce grand saut dans le haut de gamme est motivé par la concurrence accrue des constructeurs allemands en Corée du Sud même, par les perspectives alléchantes de ce type de marché, et par la force de la monnaie sud-coréenne qui ronge les revenus des ventes à l'étranger.

La clientèle visée sera «jeune, aisée, progressiste et raisonnable», a résumé en conférence de presse mercredi Chung Eui-Sun, vice-président du conseil d'administration de Hyundai.

«Hyundai est bien connu pour ses voitures d'un bon rapport qualité-prix et les clients continueront d'acheter ses voitures pour ça. Vendre des voitures plus chères peut dynamiser la croissance léthargique de ses bénéfices», a souligné auprès de Reuters un analyste de HI Investment & Securities, Ko Tae-bong.

En somme, il est temps pour Hyundai de franchir un nouveau cap. Ce qui ne se fera pas sans heurts.

Si le marché du luxe et du haut de gamme est promis à un avenir lucratif et florissant, il n'en est pas moins très concurrentiel. Les Allemands sont déjà très présents en Asie, les Américains et les Japonais cherchent à diversifier leurs marchés et Tesla a son mot à dire à présent. De même que lancer rapidement une nouvelle gamme, quand bien même celle-ci n'est pas une structure indépendante, est toujours risqué.

Mais Hyundai souhaite évoluer à présent dans une autre dimension.