Disons-le tout net, la Q50 d'Infiniti n'est pas tombée de la dernière pluie. Apparue en 2003, elle peut difficilement se faire passer pour une innovation majeure dans la galaxie des berlines sport. Pourtant, en bon élève, la marque de prestige de Nissan a respecté l'échéance rituelle de l'incontournable mise à niveau - à laquelle doit se soumettre tout modèle automobile - pour injecter une dose de modernisme sous le capot.
À l'oeil, c'est le calme plat. La silhouette, le châssis et l'habitacle n'enregistrent guère d'évolutions. Par contre, sous le capot, tout change. Enfin, presque.
Hormis la version hybride, la Q50 propose trois motorisations pour s'arracher à la position statique.
En entrée de gamme, on retrouve un quatre-cylindres 2 L turbo signé Mercedes... Celui-ci a été obtenu dans le cadre des accords de coopération conclus entre l'alliance Renault-Nissan et le groupe Daimler. Les deux autres, des V6, portent la signature d'Infiniti et remplacent le 3,7 L en circulation depuis plus de 20 ans. Bref, ces deux V6 suralimentés par 2 turbocompresseurs ont plusieurs éléments en commun, mais l'un est plus puissant (400 chevaux) que l'autre (300 chevaux). Pour mémoire, rappelons que le 3,7 L produisait 330 chevaux.
À noter également que la boîte automatique à sept rapports est la seule autorisée à transmettre la puissance aux roues motrices. La rumeur court qu'une transmission à huit vitesses est en cours de conception.
Mais cette nouvelle boîte automatique n'apparaîtra vraisemblablement pas avant le renouvellement complet de ce modèle, prévu pour l'année-modèle 2019.
Outre ces nouvelles motorisations, Infiniti révise sa direction DAS (Direct Adaptative Steering), laquelle ne comporte aucune liaison mécanique entre le volant et la crémaillère. En fait, une impulsion électrique transmet le « coup de volant » à un moteur électrique qui actionne la crémaillère. Infiniti pensait que cette façon de faire allait donner naissance à une direction plus sensible, plus rapide.
Direction électrique : toucher de rue gâché
Hélas, non. Elle a seulement détruit l'une des forces de ce modèle, autrefois reconnu pour son toucher de route exceptionnel, l'égal d'une Série 3 de BMW, qui est la référence du segment dans ce domaine. Nous y reviendrons plus loin.
En outre, ce système d'une grande complexité est plus lourd (18 kg) qu'un système traditionnel. Comment est-ce possible ? Car en cas de défaillance - c'est la loi en matière de sécurité -, Infiniti n'a pas le choix de doubler ce système avant-gardiste d'une autre mécanique. En conséquence, on se retrouve donc avec, en quelque sorte, deux directions. Pourquoi faire simple... Cela dit, le constructeur japonais persévère dans la mise au point de ce dispositif censé représenter l'ultime étape avant la mise en production du premier système de pilotage automatique.
Au code froid et techno qu'inspire son appellation (Q50), Infiniti insuffle aujourd'hui un peu de chaleur avec la déclinaison Red Sport 400. C'est cette version que nous avons essayée pour cet article.
Le nom Red Sport 400 est un peu long, peut-être, mais cela a le mérite d'être clair.
Red Sport 400: un peu de chaleur
Cette version chapeaute la gamme Q50 et vise discrètement, et à meilleur prix, les amateurs de berlines sport à fort tempérament. Nonobstant le temps qu'elle met pour atteindre les 100 km/h après un départ arrêté (4,9 s), la première impression est que cette mécanique manque de tonus, tant elle est souple et policée.
Le temps de réponse est pratiquement inexistant, les échappements si discrets et le châssis si rigide qu'il est difficile de percevoir la puissance réelle de ce propulseur. Celle-ci est en partie atténuée par une boîte automatique à sept rapports dont la gestion donne l'impression de ne pas avoir été convenablement programmée pour épouser les caractéristiques d'une mécanique suralimentée tant le passage des vitesses paraît lent. Un double embrayage, peut-être ?
Hormis les 400 chevaux, l'expérience de conduite demeure sensiblement la même.
Le braquage constitue toujours son point faible dans les espaces étroits et son freinage n'a pas la résistance attendue pour une voiture de cette catégorie.
En revanche et bien que fermement suspendue, la Q50 apparaît confortable et ne talonne pas sur les grosses imperfections. La direction offre pour sa part un toucher de route plus agréable et moins artificiel, certes, mais renseigne encore trop timidement - malgré les réglages offerts - sur le relief de la chaussée et sur le travail des roues directrices. On en attendait mieux, surtout sur une voiture qui se fait appeler « Red Sport 400 ».
L'âge se fait sentir
Depuis sa mise en marché en 2003, le segment a beaucoup évolué et les dimensions intérieures, notamment, ont été revues à la hausse.
La Q50, elle, repose sur le même empattement qu'à l'époque où elle se faisait appeler « G37 ». Aussi bien dire une éternité au sein d'une industrie en constante mutation.
En apparence chaleureuses, les places arrière sont étriquées. L'accès et la sortie ne sont pas non plus des plus aisés en raison de l'arc que dessine le pavillon, au demeurant très élégant.
Et le coffre affiche un volume correct, mais sans plus.
Très grande qualité de fabrication
Reconnue à juste titre comme une référence dans le domaine de la qualité de fabrication, la Q50 ouvre ses portières avant sur un environnement joliment présenté et qui reflète un fort souci du détail.
Les commandes se regroupent près du conducteur, comme un essaim d'abeilles autour du miel. Tout y est, mais l'ergonomie de certaines d'entre elles laisse à désirer. Comme ces commutateurs disséminés dans la partie inférieure gauche du tableau de bord. En revanche, d'autres ont été redessinées (celle qui permet de chauffer ou de refroidir les baquets avant) avec succès. Rien à redire non plus sur le système de navigation, qui demeure à ce jour l'un des plus conviviaux sur le marché.
Partie de rien, Infiniti devait ouvrir à Nissan le gotha automobile où ne trônent que de vénérables firmes allemandes, anglaises ou américaines.
Elle est parvenue à rassembler bon nombre de fidèles sans pour autant menacer durablement les marques dominantes dans le marché du luxe. D'un point de vue strictement rationnel, quel que soit l'angle sous lequel on la considère, la Q50 demeure au diapason de la concurrence.
Peut-être lui manque-t-il cette étincelle que seule l'étude Q50 Eau Rouge --morte au feuilleton l'an dernier-- aurait été en mesure de lui insuffler ?
Trois fleurs, trois tomates
ON AIME
Révision intérieure subtile, mais bien sentie
Qualité de fabrication soignée
Motorisation V6 prometteuse
ON AIME MOINS
Temps de réaction de la boîte de vitesse
Direction améliorée, mais toujours trop compliquée
Puissance accrue n'équivaut pas à plus de plaisir
Fiche technique
L'ESSENTIEL
Marque/Modèle : Infiniti Q50
Fourchette de prix : 39 900 $ à 56 400 $
Frais de transport et de préparation : 1995 $
Garantie de base : 4 ans/80 000 km
Consommation réelle : 11,1 L/100 km
TECHNIQUE (RED SPORT 400)
Moteur : V6 DACT 3 L suralimenté
Puissance : 400 ch à 6400 tr/min
Couple : 350 lb-pi entre 1600 et 5200 tr/min
Poids : 4,54 kg/ch
Rapport poids/puissance : 1817 kg
Mode : Intégral
Transmission de série : Automatique à sept rapports
Transmission optionnelle : Aucune
Direction/Diamètre de braquage : Crémaillère / 11,2 m
Freins av.-arr. : Disque/Disque
Pneus av.-arr. : 245/40R19-265/35R19
Capacité du réservoir/Essence recommandée : 76 L / Super