Il faut vraiment être revenu de tout pour rester de glace devant le Jeep Cherokee. Du style gentiment rétro baroque de ses prédécesseurs, dont le Liberty, qui a terminé sa carrière dans l'indifférence générale. Ce dernier était tendu et ramassé. Son héritier est flegmatique et postmoderne.

Des Jeep, le Cherokee n'a conservé que la calandre à «sept tranches». Pour le reste, il offre au regard une silhouette surprenante. Surtout dans sa partie avant rappelant la tête d'un serpent en colère. Hélas, l'aménagement intérieur n'apparaît pas aussi hardi. L'atmosphère de l'habitacle se veut bourgeoise - dans ses versions Trailhawk et Limited à tout le moins - et raffinée, mais l'ensemble s'inscrit dans une honnête moyenne. La colonne de direction pourrait faire bouger le volant de haut en bas sur une plus grande amplitude, et le coffre gagnerait à être plus spacieux et plus facile à charger. Cette dernière critique touche toutefois principalement les versions dotées du mode d'entraînement à quatre roues motrices, dont le seuil de chargement est plus élevé que celui des simples «deux roues».

À défaut d'offrir un volume utilitaire généreux, le Cherokee propose, à l'image de son cousin éloigné, le Dodge Journey, une multitude de rangements. On en trouve partout, même sous le coussin du passager avant. Le confort est adéquat, et les places arrière se glissent sur des rails pour mieux moduler l'espace intérieur.

Conçu sur une plateforme Alfa Romeo (également utilisée par la Dodge Dart), le Cherokee distille un «toucher de route» étonnant et témoigne d'un comportement plus réactif que pourraient le laisser penser ses dimensions. Ce Jeep n'a rien de pataud, au contraire. Malgré les attentions bien senties de ses concepteurs, le Cherokee échoue malheureusement à un aspect très important: le poids. Trop lourd, ce Cherokee, par rapport à ses concurrents!

Ce poids a naturellement un effet sur les performances et la consommation de ce véhicule. Entre deux maux, choisit-on le moindre? Voilà la question à débattre.

Le V6 de 3,2 L, avec ses 271 chevaux, semble à vue de nez la solution la plus adéquate. Vu les attentes des consommateurs de ce segment, la consommation affichée par le 3,2-litres apparaîtra contrariante. À défaut de consommer avec modération les 60 L de carburant de son réservoir, le Cherokee V6 offre un rendement discret et sans histoire. Les temps d'accélération et de reprise auraient sans doute été plus éblouissants encore, n'eût été le poids de la caisse, mais aussi le caractère indolent de la transmission semi-automatique à neuf rapports qui l'accompagne. C'est donc dire qu'au moment des relances à vitesse de croisière, la boîte hésite une fraction de seconde avant d'opter pour l'engrenage le plus performant.

Donc, à moins de vouloir bénéficier d'une capacité de remorquage supérieure à la moyenne, il reste le quatre-cylindres de 2,4 L. Ce dernier risque de se retrouver à la peine, surtout si vous lui ajoutez la quincaillerie du «4x4». Voilà pourquoi la version tractée représente sans doute le meilleur choix - avec quatre excellents pneus d'hiver - à apparier au 2,4-litres. Cette combinaison est à la fois la plus légère et la plus économique.