Le groupe automobile chinois Great Wall Motor a vu son titre trébucher lourdement en Bourse mercredi, après avoir expliqué n'avoir «pas engagé de négociations» avec le constructeur américano-italien Fiat-Chrysler (FCA) pour lui racheter sa marque Jeep.

Après avoir déclaré lundi avoir des vues sur Fiat Chrysler -- une annonce qui a fait sensation --, Great Wall avait demandé mardi la suspension de son titre sur les Bourses de Hong Kong et de Shanghai, le temps de «clarifier» la situation.

L'occasion surtout de tempérer publiquement son appétit pour une acquisition jugée très ambitieuse pour le septième constructeur chinois.

Des VUS Haval faits par Great Wall sont stationnés devant un concessionnaire automobile de Pékin. Photo: AFP

Pédaler par en arrière

Great Wall, spécialiste des VUS, a assuré dans un communiqué diffusé mardi soir n'avoir «pas contacté les dirigeants de FCA ni engagé de négociations avec eux».

«Aucun véritable progrès n'a été fait» pour étudier un éventuel projet d'acquisition lié à FCA, d'autant «qu'il subsiste d'importantes incertitudes» à cet égard, a poursuivi le groupe chinois, tout en reconnaissant néanmoins «accorder une grande attention à FCA».

Ce communiqué a fait l'effet d'une douche froide pour les marchés: après la reprise des échanges, Great Wall a chuté mercredi de 1,58% à la Bourse de Shanghai, à 13,04 yuans. La place hongkongaise était elle fermée mercredi en raison du typhon Hato.

Partie remise ?

À la Bourse de Milan en revanche, le dépit a été de courte durée: après une envolée de presque 7% lundi, le titre de FCA a fait du surplace mardi, mais il a repris des forces mercredi après-midi.

Il a en effet frôlé les 5% de hausse, après une dépêche de l'agence Bloomberg évoquant une nouvelle fois la possibilité pour Fiat de se séparer de Maserati et Alfa Romeo, comme cela avait été le cas de Ferrari, pour se concentrer sur l'automobile grand public afin de favoriser une alliance.

Et ce d'autant que le communiqué de Great Wall Motor n'est pas en contradiction avec ses déclarations initiales.

«Nous sommes assurément intéressés pour réaliser une acquisition» liée à FCA, même si pour l'heure «cela reste une intention», avait indiqué lundi à l'AFP une porte-parole du groupe chinois.

Cette simple marque «d'intérêt» avait suffi à enflammer les esprits, car elle tendait à conforter l'hypothèse d'une offre de rachat chinoise visant Fiat-Chrysler, à l'heure où ce dernier est fragilisé par l'effritement de ses ventes aux États-Unis.

Embûches à la transaction

Le site spécialisé Automotive News avait ainsi fait état la semaine dernière d'une offre d'acquisition transmise par un groupe automobile chinois «bien connu», mais non nommé.

Jeep -- une marque bien connue en Chine -- serait une prise de choix pour Great Wall, qui cherche à monter en gamme dans les 4x4 urbains et à s'implanter sur le marché nord-américain.

Mais de l'avis des experts, les obstacles sont légion.

Pékin a ainsi drastiquement durci ses restrictions sur les acquisitions chinoises à l'étranger, souvent financées par un endettement massif.

Et surtout, il paraît improbable que le président américain Donald Trump, héraut autoproclamé de «l'Amérique d'abord» et pourfendeur des déséquilibres commerciaux avec la Chine, accepte volontiers le passage sous pavillon chinois de Fiat-Chrysler, un fleuron industriel du pays.