Juin 1940. Alors que la Seconde Guerre mondiale embrase l'Europe, l'armée américaine veut se doter d'un nouveau véhicule de reconnaissance léger. Quelques mois plus tard, la naissance du rudimentaire et robuste Willys MA, le premier Jeep, répond à ce souhait. Près de 80 ans plus tard, son héritier, le Wrangler réédité, arrive à distiller cet ADN sans trop perdre de vue ses obligations contemporaines.
Son design
On peut facilement se casser les dents lorsqu'on tente de renouveler des icônes du genre. Le risque de s'aliéner de loyaux admirateurs est grand.
Les designers en sont assurément conscients. L'approche de ce Wrangler JL se veut donc évolutive par rapport à la génération précédente. L'inimitable calandre à sept fentes demeure donc, tout comme les phares ronds, qui, selon les versions, sont mis en surbrillance par un contour de diodes. De côté, notre regard est attiré par la garde au sol haute, les ailes surdimensionnées, ses proportions cubiques et simples.
Le Wrangler conserve également sa grande modularité. On peut donc enlever les portières, le pare-brise et même le toit en entier pour vivre une expérience de conduite qui sort vraiment de l'ordinaire. Beaucoup de composants sont conçus pour pouvoir être mis dans le coffre arrière.
À bord
L'habitacle est un immense pas en avant en comparaison des cuvées précédentes. Très près du conducteur et du passager avant en raison du positionnement du pare-brise avant, la planche de bord est à la fois simple et composée de matériaux solides.
Pour les inconditionnels, le levier de la boîte de transfert pour les modes 4 x 4 reste. La facture est aussi élégante avec ses buses circulaires et ses traits simples qui cultivent une belle symétrie et une bonne ergonomie, hormis pour les commandes des glaces latérales placées au centre, qui sont peu intuitives.
Bien évidemment, un Wrangler ne serait pas un Wrangler sans quelques éléments irritants. La garde au sol haute jumelée à des ouvertures étroites de portières complique l'accès. Il y a aussi le large tunnel de transmission qui empiète sur l'espace autour de l'accélérateur.
Sous le capot
L'exemplaire essayé était mû par le nouveau quatre-cylindres de 2 L turbocompressé de 270 ch, une mécanique offerte en option sur toutes les versions au V6 de 3,6 L.
Malgré sa cylindrée nettement moins volumineuse, ce moteur s'acquitte de la tâche avec une efficacité remarquable. Ses atouts résident dans le couple disponible de 295 lb-pi obtenu à l'aide d'un turbocompresseur en plus d'une dose supplémentaire fournie par un moteur-générateur électrique.
Ce dernier peut autant démarrer le moteur thermique que l'appuyer en accélération- un système hybride léger, en somme. En harmonie avec une excellente transmission à huit rapports, on obtient un groupe motopropulseur très doux, raffiné dans ses manières et nerveux à basse vitesse, une caractéristique appréciée pour franchir des obstacles en conduite hors route. Il est aussi moins glouton que le V6, soit un peu plus de 10 L/100 km en moyenne.
Derrière le volant
Sa ceinture de casse très basse conjuguée à un capot tout aussi bas permet une excellente visibilité et ainsi de bien situer le véhicule dans l'espace, un atout lorsqu'on négocie des sentiers peu carrossables.
Évidemment, ce Wrangler ne s'est pas métamorphosé du jour au lendemain en un insipide multisegment. Son châssis en échelle demeure, tout comme ses deux ponts rigides. Jeep a cependant nettement amélioré le comportement sur route, le baroudeur est moins décontenancé par les bosses et crevasses.
La direction, maintenant électrohydraulique plutôt qu'à billes, est aussi améliorée, mais donne souvent l'impression de suggérer plutôt que d'acquiescer à la commande, un aspect vague au centre qui a invariablement un effet sur la tenue de cap. C'est le prix à payer pour bénéficier d'aptitudes hors route extraordinaires, dont un angle d'approche de 44 degrés et la capacité de rouler dans 76 cm d'eau.
Les technologies embarquées
Comme tous les produits Chrysler, le Wrangler peut être nanti de diverses versions du système d'infodivertissement Uconnect, qui s'amarre à une application dédiée ainsi qu'à Android Auto et Apple CarPlay.
Très simple à utiliser, ce système demeure l'exemple à suivre pour sa capacité infinie de personnalisation. Le VUS bénéficie aussi de fonctionnalités différentes fournissant des informations sur le roulis et le tangage afin d'assister les excursions hors des sentiers battus. La sonorité de la chaîne Alpine est vraiment excellente, malgré les limitations du positionnement des haut-parleurs, qui ne peuvent être placés sur les portières amovibles.
La technologie s'invite aussi pour améliorer ses capacités hors route. La version Rubicon bénéficie entre autres de barres antiroulis qui peuvent se déconnecter de manière électronique pour augmenter l'amplitude de mouvement des ponts avant et arrière.
Le verdict
Le Wrangler JL reste fidèle à ses origines tout en soignant un degré de sophistication supplémentaire. Sa confection plus rigoureuse permet entre autres d'éviter les bruits de craquement, omniprésents auparavant. Sa manière de négocier les obstacles est aussi très impressionnante.
La version Unlimited à quatre portières reste l'option la plus intéressante avec des places arrière assez généreuses. Attention cependant aux options qui ont fait grimper la facture du modèle d'essai à plus de 65 000 $ (!). Cela dit, malgré ses améliorations notables, ce VUS est destiné à un public bien précis qui accepte de vivre avec ses aspects irritants, dont un roulement plus bondissant et plus ferme que la normale et une direction plutôt approximative.
Il y a aussi la fiabilité - problématique dans le passé - qui n'a pas encore fait ses preuves. Malgré tout cela, le charme opère toujours.
Carnet de notes
Rouage intégral
La livrée Sahara essayée est outillée d'un mode intégral qui permet de répartir le couple dès la détection d'une perte d'adhérence, une première pour un Wrangler et un avantage sur l'autoroute lorsque la météo est imprévisible.
Toit rétractable
À la manière de la Fiat 500, le Wrangler peut être équipé d'un toit en tissu rétractable nommé Sky One-Touch. Une option assez onéreuse dont était équipé le véhicule d'essai (3995 $), mais fort agréable quel que soit le moment de l'année.
L'origine du nom
D'où vient le nom Jeep ? Les interprétations diffèrent, mais selon la marque elle-même, ce serait de l'argot venant de l'abréviation GP (pour General Purpose) utilisée dans l'armée pour qualifier les Willys MA et MB.
Bientôt un nouveau cousin
Le Gladiator, une version camionnette du Wrangler, est sur le point d'arriver chez les concessionnaires Jeep, un modèle fort attendu par les loyaux amateurs du constructeur.
Franchir pratiquement tout
Avec un angle d'approche d'obstacle pouvant atteindre 44 degrés, soit 11 et 20 degrés de plus que les Toyota 4Runner et Ford F-150 Raptor, et une garde au sol de 28 cm, ce Wrangler est vraiment conçu pour franchir les pires obstacles.
Fiche technique
Version à l'essai : Unlimited Sahara
Prix (avec options, transport et préparation) : 65 405 $
Moteur : L4 DACT 2 L turbocompressé hybride léger
Puissance : 270 ch à 5250 tr/min
Couple : 295 lb-pi à 3000 tr/min
Transmission : Automatique à huit rapports avec mode manuel
Architecture motrice : Moteur longitudinal avant, quatre roues motrices
Consommation (ÉnerGuide) : 10,5 L/100 km (super recommandé, non obligatoire)
Concurrent direct : Toyota 4Runner
Du nouveau en 2019 ? : Régulateur de vitesse et assistance au freinage d'urgence optionnels