Elle était attendue cette RC F. Les courtes vidéos-espionnes captées d'une version préproduction drapée d'une peinture de camouflage ne faisaient qu'accentuer le climat d'expectative. Enfin, Toyota sort de son carcan pour proposer quelque chose de radicalement nouveau pour s'attaquer aux Allemands, maîtres incontestés du coupé compact sportif. On a finalement droit à une proposition qui nous force à déborder des paramètres classiques d'analyse des sportives.

SON DESIGN

Une sacrée gueule que celle de cette RC F. Loin des ensembles souvent génériques que l'on retrouve chez la concurrence, son design est une composition qui pourrait apparaître comme un enchevêtrement de détails. C'est pourtant le contraire qui se produit. Une grande harmonie naît de ces lignes complexes. Lorsque drapée d'un très bel orange métallique, comme le véhicule d'essai, elle est évidemment tout sauf discrète. Ajoutez à cela le toit en fibre de carbone ainsi que l'aileron arrière rétractable et vous obtenez quelque chose de très original, une voiture qui détone de l'habituelle prudence de Lexus.

PHOTO FOURNIE PAR LEXUS

À BORD

Lorsque bien enfoncé dans des sièges bien sculptés et enveloppés d'un beau cuir, on pose les yeux sur une planche de bord tout aussi singulière que fonctionnelle. C'est que Lexus utilise ici autant la profondeur que la hauteur et les textures pour son dessin. Les matériaux sont sans contredit de grande qualité et les incrustations de fibre de carbone mettent dans l'ambiance d'une sportive. Les commandes, couchées légèrement en angle, se mettent naturellement sous la main. Comme c'est un 2+2, les places arrière ne sont là que pour dépanner.

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SOUS LE CAPOT

En opposition aux rivaux qui ont progressivement adopté la suralimentation, Lexus mise sur un bon vieux V8 atmosphérique, au plaisir des puristes. D'un volume de 5 L, il livre 467 ch et 389 lb-pi. Sans avoir le punch d'un moteur suralimenté à bas régime, il escalade le tachymètre avec une rapidité extraordinaire. Et il y a le son, pas autant hard rock qu'un V8 à culbuteurs, plus haut perché sur la tonalité, mais tellement grisant dès qu'il entre dans sa plage de puissance, après les 4000 tr/min. La transmission à 8 rapports avec palettes au volant est bien adaptée.

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DERRIÈRE LE VOLANT

Bon, ne tournons pas autour du pot, cette Lexus est lourde, 1795 kg pour être plus précis. Le coupé part donc avec une prise à son bilan avant même d'avoir pris le volant. Ceci dit, les ingénieurs ont réussi à bien masquer le poids, du moins sur route. Le châssis est très rigide et les suspensions, non ajustables, assurent l'aplomb. C'est surtout dans les transitions, un milieu d'un S par exemple, que les transferts de masses ne sont pas aussi fluides qu'on le voudrait. Cela dit, l'agrément de conduite est indéniable. La direction, légère, taille les virages avec assurance.

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LES TECHNOLOGIES EMBARQUÉES

Lexus table depuis 2015 sur un nouveau clavier tactile qui fait office de commande de contrôle du système d'infodivertissement. C'est une solution tout de même ingénieuse, mais pas parfaite aux problèmes de distraction causés par ces systèmes. Il peut être imprécis par moment. La sonorité, signée Mark Levinson et appuyée de 17 haut-parleurs, est à la hauteur de la réputation du constructeur et de la facture demandée. C'est puissant tout en étant bien défini.

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VERDICT

Sans être une sportive extrêmement pointue qui malmène ses passagers à la moindre sollicitation de l'accélérateur ou sur route crevassée, cette RC F avance un compromis intéressant et raffiné. C'est une voiture qui détonne, qui ne se quantifie pas uniquement par ses performances pures, en retrait par rapport à certaines concurrentes. Une belle création donc, bien ficelée, coûteuse certes, mais facile d'approche pour tous types de conducteurs. Elle devrait également bénéficier d'une grande fiabilité. Séduisante? Oui!

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OBSERVATIONS

> Double tempérament 

Le moteur de la RC F peut fonctionner en cycle Atkinson à bas régime, un cycle thermodynamique utilisé essentiellement par les moteurs hybrides pour diminuer la consommation d'essence.

> Un peu trop haut

La position de conduite dans la RC F est correcte, mais pourrait être plus basse afin d'appuyer son tempérament sportif.

> Pour le son 

Un canal d'air relié directement à l'entrée d'air du moteur augmente le son de ce dernier à haut régime à l'aide d'un clapet qui s'ouvre, on entend encore mieux le grondement dans l'habitacle sans perturber le système audio.

> Partir en flèche 

La RC F utilise un système de vecteur de couple pour le différentiel arrière qui redistribue le couple avec deux embrayage multidisques d'une roue à l'autre en 1/1000 de seconde pour un bon comportement en virage.

> L'inspiration 

Les deux pots d'échappement superposés à l'arrière sont une signature utilisée par la Lexus IS F, la berline qui a lancé la filière sportive de Lexus produite de l'année-modèle 2008 à 2014.