Le président John F. Kennedy, l'actrice oscarisée et sexe-symbole Elizabeth Taylor, le crooner Frank Sinatra, en ont fait une voiture mythique: la Lincoln Continental, «nec plus ultra» de l'automobile américaine, renaît plus de dix ans après sa disparition pour concurrencer les «belles allemandes».

C'est à New York que le nouveau concept de la célèbre berline, dont la production s'était arrêtée en 2002, sera dévoilé mercredi par le constructeur automobile américain Ford, propriétaire de la marque de luxe Lincoln, dans le cadre du salon automobile new-yorkais (du 3 au 12 avril).

La nouvelle Continental, dixième génération de la série commencée en 1939, se veut exubérante, connectée et relativement économe en carburant puisqu'elle est équipée non d'un moteur V8, mais d'un V6 double turbo de 3 litres, selon les premiers détails livrés lundi. La face avant a été changée, les réglages se veulent ultra-personnalisables et Ford promet même une fonctionnalité «massage».

La production va démarrer en 2016 et la commercialisation se fera dans la foulée aux États-Unis et en Chine, les deux premiers marchés automobiles au monde,  précise à l'AFP Stéphane Cesareo, un porte-parole.

«La Continental a gardé une forte notoriété. En Chine, beaucoup de personnes l'associent à la voiture des chefs d'État», souligne M. Cesareo.

La Continental, avec ses portes-suicides (ouverture dans le sens inverse à la marche) et sa calandre en forme d'emballage pour oeufs, avait été adoptée par nombre de présidents américains. Ce succès lui a valu le titre de «limousine des présidents» jusqu'aux années 1980 qui verront entrer Cadillac (General Motors) à la Maison-Blanche.

Elvis Presley, Clark Gable

Pour le grand public, elle est entrée dans l'Histoire par le biais d'un événement tragique: l'assassinat en novembre 1963 dans les rues de Dallas du président John F. Kennedy; qui roulait dans une Continental Cabriolet. Les images feront le tour du monde.

Tachée par le sang du président, elle ne sera pas pour autant envoyée à la casse. À la demande de ses illustres clients, la Continental sera revisitée (portes et vitres blindées, trappe permanente sur le toit).

À Hollywood, la Continental rime avec le luxe américain et l'exclusivité. Clark Gable et Elvis Presley en possèdent. Les studios Warner Bros vont en offrir une à Elizabeth Taylor, dont la carrosserie sera peinte à la couleur des yeux de l'actrice.

En 1990, les ventes de la Continental, dont le prix exorbitant en fait l'une des voitures les plus chères des États-Unis, s'élèvent à plus de 62 000 unités.

S'ensuit une dégringolade accélérée par le succès des marques allemandes à l'allure plus dynamique. En 2002, Ford arrête d'en produire et retire le nom Continental dans les offres de Lincoln.

Ironie de l'histoire, sa résurrection coïncide avec la riposte de Ford contre les marques allemandes (BMW, Mercedes, Audi) nippones (Lexus, Infinit, Acura), voire américaines (Cadillac) en pointe dans le marché du luxe et des bolides aux États-Unis et en Chine.

La marque à l'Ovale bleu a débloqué une enveloppe de 2,5 milliards de dollars pour cette relance sur un créneau où les marges sont importantes comparé aux autres segments du marché.

Ford veut vendre 300 000 voitures par an de la marque Lincoln d'ici 2020, soit près de trois fois leur niveau actuel (104 000 l'an dernier, soit une hausse de 16% sur un an).

Si aucun objectif de ventes n'est pour l'instant arrêté sur le nouveau modèle Continental, le deuxième groupe automobile américain espère se reposer sur l'affection que lui témoigne la Chine, premier marché mondial pour les berlines haut de gamme comme les Audi A6 et A8, la Mercedes Classe S ou la BMW Série 7.

«En Chine, la Lincoln Continental est une limousine associée à des moments importants de la vie comme des mariages», affirme Stephane Cesareo.

Ford a introduit la marque Lincoln en Chine en novembre dernier. Si aucun chiffre de ventes n'a encore été communiqué, le groupe veut y doubler le nombre de ses concessionnaires, de 11 actuellement à 25 d'ici la fin de l'année.