La première déclinaison hybride de la Classe S (S400) de Mercedes se prêtait à bien des plaisanteries. Sa petite batterie au lithium-ion logé dans le compartiment moteur avait la taille d'une boîte à chaussures et était incapable de mouvoir cette berline sans faire fumer les échappements. Sept ans plus tard, la firme à l'étoile remet sa copie au propre.

Comme bien des constructeurs allemands, Mercedes a longtemps cru que les gains d'efficacité enregistrés avec les motorisations essence et (surtout) diesel allaient considérablement réduire l'écart avec celles doublées d'un moteur électrique.

Vers une mobilité vraiment durable

Ces mêmes constructeurs allaient même jusqu'à prétendre que si l'on tenait compte du coût plus élevé d'un groupe propulseur hybride, de sa complexité et de son poids, il n'y avait aucun réel avantage à s'offrir cette technologie conçue par Honda et Toyota.

La rhétorique allemande n'était pas dénuée de vérité.

Mais le spectre d'un resserrement de certaines mesures (pollution zéro dans les centres-villes, par exemple) et plus récemment le scandale des moteurs truqués de Volkswagen ont invité ces mêmes constructeurs à réviser leur discours. Et à reconsidérer aussi cette motorisation hybride comme étant le pont qui conduira vers une mobilité vraisemblablement tout électrique et durable.

Le prix affiché par cette Classe S met bien évidemment la voiture hors de portée de nombreux portefeuilles.

Même le 1% de la société peut rouler vert.

Pourquoi est-elle importante ?

Qu'à cela ne tienne, la technologie hybride à prise rechargeable que cette opulente berline abrite va rapidement cascader sur l'ensemble des produits de la marque allemande et, qui sait, sur certains de ses partenaires commerciaux. cologique n'y verront rien.

En fait, dès l'an prochain, des Mercedes moins élitistes --on pense notamment à l'utilitaire GLC-- adopteront un groupe hybride similaire, voire plus évolué.

Mercedes associe au V6 3 L biturbo un moteur électrique de 85 kW. Pour mémoire, rappelons que la S400 essayée dans nos pages il y a six ans jumelait un V6 3,5 L atmosphérique à une « centrale électrique » de 0,9 kW. Autre différence, cette Classe S peut se mouvoir à l'aide de son seul moteur électrique.

La classe S hybride peut également parcourir 33 km et atteindre 140 km/h sans que les bougies créent la moindre étincelle. Autant de prouesses qu'était incapable de réaliser son ancêtre, né il y a pourtant sept ans à peine.

Elle peut rouler 33 km en mode purement électrique.

Quatre modes de conduite

Le système hybride conçu par Mercedes se compose de quatre modes de conduite : hybride, e-mode, e-save et charge (voir notre vidéo). Tous sont associés à des programmes de conduite (E, E+ et S).

Ce qu'il faut surtout retenir ici est que cette motorisation comporte notamment un dispositif qui permet de recharger la batterie - merci au moteur à essence - tout en roulant. Ainsi, il faut compter une quarantaine de minutes avant que le V6 recharge complètement la batterie si une borne de recharge ne se trouve pas à proximité. En outre, une fois l'énergie emmagasinée dans la batterie, il est possible d'opter pour le mode e-save qui permet de préserver l'autonomie électrique.

Dans les faits, cela veut dire que vous pourriez, par exemple, quitter votre domicile de Chambly, sur la Rive-Sud, faire le plein d'électricité sur l'autoroute 10 et entrer dans la ville de Montréal sans émettre le moindre gaz polluant.

Une voiture techniquement sophistiquée.

En avance sur les normes environnementales

La très grande sophistication de ce système lui permet de se conformer à des législations futures (zéro émission dans les centres-villes notamment).

Et pour peu que l'automobiliste adopte une conduite plus coulée, il est possible de réaliser une consommation moyenne à peine supérieure à 10 L/100 km et de profiter d'une autonomie globale de quelque 700 km. Que du bon, mais il y aura du meilleur encore l'an prochain déjà... Voilà de quoi jeter de l'ombre sur ce modèle qui bénéficiera dès 2018, dit-on, d'une batterie plus puissante qui permettrait théoriquement d'atteindre près de 49 km d'autonomie électrique, un gain de 16 km par rapport à la 550e actuelle.

Même si le meilleur est à venir, la 550e demeure néanmoins - pour ceux qui en ont les moyens, bien sûr - une déclinaison à considérer.

Un tableau de bord riche en instruments.

Presque au même prix

Uniquement offerte sur le modèle à empattement long pour mieux masquer l'encombrement de la batterie, la 550e est proposée sensiblement au même prix que la version à moteur à essence.

Où est l'intérêt alors de se procurer la plus verte des Classe S ? La consommation, bien sûr, la protection de l'environnement, la ristourne du gouvernement du Québec (4000 $) ou encore la possibilité d'emprunter des voies ou des places de stationnement réservées aux véhicules « verts ».

Hormis le petit clapet posé sous le feu arrière droit destiné à recevoir la prise de recharge, rien ne distingue physiquement cette Classe S d'une autre. À l'intérieur, même constat, à l'exception bien sûr des renseignements offerts par le bloc d'instrumentation.

En fait, il faut soulever le couvercle du coffre pour véritablement percevoir une différence. Hélas, elle est de taille puisque la quincaillerie additionnelle de cette motorisation hybride ampute sérieusement la capacité du coffre. Pour le reste, c'est la même chose avec cette finition remarquable et une liste de caractéristiques à donner le vertige.

Cet indicateur de charge (Energiefluss veut dire flux d'énergie) viendra sûrement en français.

Routière au long cours

Ce remarquable travail d'ingénierie se trouve en partie affaibli par l'absence d'un rouage à quatre roues motrices. De fait, et contrairement aux autres berlines de Classe S, cette version hybride est uniquement entraînée par ses roues arrière.

Voilà qui risque de refroidir l'enthousiasme de certains acheteurs. Tout comme son énorme diamètre de braquage qui, malgré l'aide de différents capteurs, ne facilite en rien les manoeuvres dans les espaces restreints.

Toutefois, dès que l'horizon se dégage, cette Classe S n'apporte que du bonheur. Sa suspension filtre remarquablement les ondulations et les bosses rencontrées sur son passage. En dépit du poids de la voiture, l'accélération est franche, aidée il va sans dire par la rapidité du moteur électrique à se mettre en action, et se compare avantageusement à celle d'une Classe S mue par un V8 à essence. En revanche, les pneus à faible résistance de roulement de la version hybride ont un impact négatif sur une chaussée détrempée (adhérence moindre) et lors des freinages d'urgence (distances plus longues). Les adeptes de la conduite écologique n'y verront rien de mal.

Sa conduite apporte du bonheur.

Trois fleurs, trois tomates

On aime

Confort souverain

Sophistication extrême

Assemblage rigoureux

On aime moins

Encombrement et braquage

Absence de rouage intégral

Volume du coffre réduit

Fiche technique

L'ESSENTIEL

Marque/Modèle : Mercedes-Benz Classe S 550e

Fourchette de prix : 117 900 $

Transport et de préparation 1995 $

Garantie de base : 4 ans / 80 000 km

Consommation réelle observée : 10,1 L/100 km

Pour en savoir plus : www.mercedes-benz.ca

TECHNIQUE 

Moteur : V6 3 litres bi-turbo hybride

Puissance : 436 ch. entre 5 250 et 5 500 tr/min

Couple : 475 lb-pi entre 1000 et 4750 tr/min

Poids : 2320 kg

Rapport poids/puissance (kg/ch) : 5,32

Mode : Propulsion

Transmission de série : Automatique 7 rapports

Transmission optionnelle : Aucune

Diamètre de braquage : 12,3 m

Freins : à disques aux 4 roues

Pneus : 245/45R19 av.; 275/40R19 arr.

Capacité du réservoir : 80 litres

Essence recommandée : Super

Autonomie en mode électrique : 33 km