La ministre allemande de l'Économie a estimé lundi que l'entrée dans le capital de Daimler d'un milliardaire chinois pouvait «poser des problèmes», dans un contexte de défiance à l'égard des ambitions chinoises en Europe.

«Nous devons rester particulièrement attentifs (...). Si une entreprise concurrente devait rentrer au conseil de surveillance de Daimler, cela pourrait poser problème», a réagi la ministre sociale- démocrate dans un entretien au journal Stuttgart Zeitung, exigeant des explications.

En puissance et par surprise

Le groupe industriel Geely, détenu par le milliardaire chinois Li Shufu, est arrivé en puissance et par surprise vendredi au capital de l'automobiliste allemand Daimler, devenant son premier actionnaire.

L'industriel chinois, également constructeur, a acquis 9,6% des parts de la maison mère de Mercedes-Benz et Smart, supplantant ainsi un fonds public koweïti jusque là détenteur de 6,8% des parts de Daimler, devant les 3,1% de Renault-Nissan.

Tout en affirmant que l'Allemagne reste «une économie ouverte à l'investissement étranger», la ministre allemande sur le départ a également plaidé dans le journal Handelsblatt pour que cette ouverture ne soit pas «une porte d'entrée pour servir la politique industrielle d'autres États».

Le journal a affirmé la semaine dernière que Berlin était à la manoeuvre pour tenter de bloquer l'achat par le conglomérat d'État chinois SGCC de 20% de l'opérateur électrique régional allemand 50Hertz.

Appétits de Pékin

La chancelière Angela Merkel a également mis en garde la semaine dernière contre les appétits de Pékin après l'annonce du projet chinois de «Nouvelles routes de la soie», un colossal plan d'investissements dans les infrastructures, routes et autoroutes européennes.

«Dans les relations avec la Chine, c'est très important que l'ouverture ne vienne pas que d'une partie mais de toutes les parties», avait-t-elle souligné.

En juillet dernier, l'Allemagne s'est dotée d'un décret explicitement censé la protéger des ambitions des investisseurs chinois sur les entreprises liés aux activités stratégiques du pays (infrastructures, informatique, énergie). 

Cette loi soumet à l'examen du ministère de l'Economie tout investissement portant sur plus de 25% du capital d'une entreprise par un investisseur situé hors de l'Union européenne (UE) ou de l'Association européenne de libre échange (AELE).