L'industriel chinois Lu Shufu est devenu fin février premier actionnaire du constructeur automobile allemand Daimler manifestement grâce à l'aide de deux banques d'affaires américaines, qui ont facilité sa montée rapide au capital.

Deux communiqué financiers publiés jeudi éclairent la manière dont l'opération a été réalisée.

Le groupe Geely du milliardaire chinois détient depuis le 23 février dernier 9,69 % du capital de Daimler, pour un investissement de 7,2 milliards d'euros (11,2 milliards de dollars canadiens). Une montée en puissance qui a fait grand bruit dans le secteur et en Allemagne, au moment où Pékin cherche à étendre son influence industrielle en Europe.

Un montage discret signé Bank of America et Morgan Stanley

Daimler a indiqué jeudi que deux banques d'affaires américaines, ont acheté à cette même date un volume d'options sur actions équivalant à un quart du capital du groupe automobile.

Le montage basé sur des options d'achat et de vente d'actions pour une taille et un terme identique a permis à l'investisseur chinois de grimper d'un coup à un pourcentage élevé du capital de Daimler, contournant ainsi l'obligation de déclarer publiquement le seuil de 3% du capital détenu.

De plus, Geely s'est acheté par ce biais une protection contre des pertes futures sur les titres détenus, tout en profitant de cours en hausse.

Interrogé par l'AFP, Daimler n'a pas souhaité commenter ces informations.

La récente montée de Geely dans une icône de l'industrie allemande a créé des remous jusqu'à Berlin.

Mardi, la chancelière allemande Angela Merkel a certes indiqué ne pas voir «d'infractions» dans cette opération. Mais sa ministre de l'Économie Brigitte Zypries a estimé que l'arrivée de Geely chez Daimler ne devait pas être «une porte d'entrée pour servir la politique industrielle d'autres États».

Les intentions du chinois restent l'objet de toutes les spéculations, en sachant qu'il a déjà racheté en 2010 le suédois Volvo Cars.

L'Allemagne dispose d'une loi de protection contre des investisseurs étrangers dans certains domaines stratégiques, mais elle ne couvre pas le secteur automobile.

Au plan européen, sous l'impulsion de Paris et Berlin, l'UE cherche à prendre des mesures de protection face aux nombreux investissements venus notamment de la Chine