Longtemps coincée dans un conformisme poussiéreux et incapable de rivaliser avec les utilitaires en matière de polyvalence, la berline de luxe se trouvait à la croisée des chemins. Elle a retrouvé une partie de sa splendeur en malaxant ses formes plutôt rigides à celles, beaucoup plus suaves, d'un coupé. Initiateur de cette audace de style, la CLS a fait école, mais se retrouve aujourd'hui pris d'assaut par une concurrence au physique tout aussi séduisant.

Sans surprise, la physionomie est demeurée la même, mais le dessin gagne en finesse, en élégance. Lissés, les angles autrefois saillants ne donnent plus l'impression que la carrosserie se recroqueville sur elle-même. Cette remise en forme n'a pas entaché, dit-on chez Mercedes, le coefficient de traînée aérodynamique de ce véhicule qui demeure l'un des plus profilés de la marque, avec un Cx de 0,26.

Avec ou sans rétroviseurs extérieurs ? La question se pose puisque les données communiquées par le constructeur - quel qu'il soit - ne sont jamais soumises à un protocole défini. Donc, à prendre avec un grain de sel.

La cinquième place, derrière : pour enfant

Derrière les portières surmontées de verres plus épais que de coutume - pour réduire le niveau sonore, lequel pourrait s'accentuer par l'absence de cadres -, la CLS lance désormais l'invitation à cinq personnes, et non quatre comme autrefois, à monter à bord.

Ne vous réjouissez pas trop vite ! Cette proposition apparaît très rapidement irréaliste. Le tunnel de transmission, cette vilaine bosse qui a gêné plusieurs générations d'amoureux, rend fort inconfortable cette cinquième place et l'empattement allongé de cette CLS n'y change rien. En outre, la découpe et le faible rembourrage de cette place au centre laissent à désirer.

Conclusion, il s'agit d'une place de secours ou destinée essentiellement à un enfant en très bas âge.

La carosserie profilée vient avec des contraintes

Puisqu'il est question de places arrière, soulignons le dégagement fort adéquat pour deux personnes, y compris l'espace ménagé sous le pavillon. Ce dernier, plutôt plongeant, complique toujours l'accès et la sortie des occupants, mais aussi la visibilité périphérique en raison de la faible hauteur des glaces.

La présence d'une caméra de recul et des capteurs d'angles morts atténuent cette critique.

Il ne s'agit pas des seuls défauts inhérents à cette carrosserie profilée. Le volume très moyen du coffre en hauteur comme en largeur incite à faire des choix. Tous les formats de bagages ne sont pas les bienvenus.

On s'étonne pour une automobile de ce prix que Mercedes ait opté pour d'encombrants manchons pour soutenir le couvercle du coffre au lieu d'amortisseurs plus compacts. Cela dit, il faut reconnaître cependant une certaine polyvalence à la CLS avec des dossiers qui se rabattent (trois sections) pour faciliter le transport d'objets longs, pour peu que ceux-ci ne soient pas trop encombrants.

Mais quel tableau de bord...

Confortablement assis, le conducteur - et le passager avant - aura sans doute des paillettes dans les yeux en détaillant le soin accordé à la présentation du tableau de bord de la CLS. 

Les buses de ventilation en forme de réacteurs d'avion, rétroéclairées la nuit, s'ajoutent à un lacis de fibres optiques aux effets pyrotechniques avec plus de 70 teintes offertes. Pour ajouter au spectacle, sur le tableau de bord aux formes légèrement ondulées surfent de riches lambris finement découpés. 

L'attraction principale demeure toutefois le bloc d'instrumentation et le centre d'infodivertissement placés derrière une immense vitrine. Il y a beaucoup à voir et surtout beaucoup à décoder. Néanmoins, les commandes se révèlent étonnamment assez intuitives - considérant la quantité de paramètres offerts -, mais on ne saurait trop insister sur la nécessité de les apprivoiser avant de prendre la route. Celles-ci sont une source inépuisable de distraction.

Extrapolée de la berline de Classe E, la CLS dégage une personnalité bien à elle dans le but, bien évidemment, de justifier l'écart de prix (environ 20 000 $) demandé entre ces deux modèles. Il serait profondément injuste et simpliste à la fois de croire que le seul facteur de différenciation entre ces deux modèles se limite à l'esthétisme. Le ressenti au volant est aussi très différent.

Plaisir de conduire ? Correct

Plus sportive - et plus fermement suspendue, faut-il aussi ajouter -, la CLS procure un agrément de conduite plutôt bluffant pour un véhicule de cette taille.

Quoique améliorée et en dépit (ou est-ce là la faute ?) des paramètres offerts, l'assistance de la direction rate toujours de peu la cible en matière de sensations. Peu importe la sélection (Confort, Sport ou Sport +), on peine à trouver pleine satisfaction dans ce domaine. La CLS n'en demeure pas moins une solide Grand Tourisme prête à abattre de longues distances sur les voies rapides. Sur les routes plus sinueuses, elle se débrouille aussi plutôt bien, mais la future A7 Sportback d'Audi et même la Panamera de Porsche procurent plus de plaisir, voire plus d'agilité. En outre, dans le cadre d'une conduite plus sportive, on est agacé par la hauteur de l'accoudoir central qui, dans certains enchaînements, limite les mouvements ou encore le manque d'endurance des freins (sauf la version AMG). Donc, mieux vaut privilégier les routes plus ouvertes.

Le nouveau six-cylindres : une pure merveille

La grande (et belle) surprise de cette CLS, c'est son groupe motopropulseur. Le V8 est parti et fait place à un six-cylindres en ligne franchement onctueux qui n'a rien à envier au rival bavarois (lire BMW) de la marque. 

Plutôt viril, ce moteur de 3 L suralimenté bénéficie d'une hybridation dite légère. En effet, un générateur alimenté par un réseau de 48 V se trouve pris en sandwich entre le moteur et la boîte. Ce dispositif, baptisé EQ Boost, fournit ponctuellement un surcroît de puissance de l'ordre de 16 kW (22 ch).

Une pure merveille, ce moteur, qui permet de consommer aisément moins de 11 L/100 km en moyenne, pour peu qu'on adopte une conduite coulée. Pour plus de puissance, Mercedes propose l'AMG (435 ch), plus convaincante encore en matière de performances. Outre le moteur, il convient d'ajouter un mot sur la boîte de vitesses, nettement améliorée. Celle-ci compte neuf rapports, deux de plus que la précédente, mais là n'est pas sa seule singularité. En effet, la neuf-rapports est mieux étagée et surtout plus réactive que celle autrefois proposée.

À de nombreux égards, cette troisième génération retrouve non seulement la magie de la première, mais offre aussi une touche de raffinement supplémentaire. Le seul ennui est que Mercedes n'est plus seule à occuper ce segment et la CLS pourrait également souffrir d'une concurrente interne (l'AMG-GT quatre portières) plus exclusive, plus rapide et, oui, financièrement moins accessible aussi. Mais dans cette fourchette de prix, est-ce vraiment un facteur déterminant ?

Note de la rédaction : les frais d'hébergement ont été payés par Mercedes-Benz Canada.

Trois fleurs, trois tomates

On aime



Moteur soyeux

Boîte (enfin) réactive

Confort et silence de roulement

On aime moins



Places arrière et coffre étriqués

Direction amorphe (sauf AMG)

Ergonomie perfectible

La facture

Marque/modèle : Mercedes-Benz CLS 450 4Matic

Fourchette de prix : de 90 000 $ à 125 000 $ (estimation)

Frais de transport et de préparation : 1995 $ (estimation)

Garantie de base : 48 mois/80 000 km

Consommation réelle : 10,8 L/100 km

Chez les concessionnaires : automne 2018

Concurrentes à avoir à l'oeil : Audi A7 Sportback, BMW Série 8, Porsche Panamera

Pour en savoir plus :  www.mercedes-benz.ca

Fiche technique

Modèles d'entrée de gamme

Moteur : L6 DACT 3 L turbo

Puissance : 367 ch entre 5500 et 6100 tr/min

Couple : 369 lb-pi entre 1600 et 4000 tr/min

Poids : 1940 kg

Rapport poids/puissance : 5,28 kg/ch

Mode : intégral

Transmission de série : automatique à 9 rapports

Transmission optionnelle : aucune

Diamètre de braquage : 11,6 m

Freins (av.-arr.) : disque-disque

Pneus (av.-arr.) : 245/45R18-275/40R18

Capacité du réservoir : 73 L

Essence recommandée : super

Capacité maximale de remorquage : non recommandé