Une bonne partie du succès de la stratégie de recentrage de Mercedes dépend de ce modèle susceptible d'accrocher le regard des acheteurs des plus luxueuses compactes de Ford, Mazda ou Volkswagen. L'affaire est d'importance et elle est, surtout, délicate : il s'agit de convaincre un public qu'une Mercedes peut être compacte, agile et relativement abordable. Dans tel cas, la Classe A est-elle vraiment une option de rechange ?

Pour plaire aux jeunes, dont la perte d'intérêt à l'égard de l'automobile est croissante, Mercedes joue son va-tout. La firme allemande appose ici sa signature sur une voiture « branchée » (au sens figuré du terme) et qui, en dépit de son statut de modèle d'entrée de gamme, comporte des avancées techniques issues de ses modèles les plus prestigieux.

Un effort marquant et nécessaire, diront les mauvaises langues pour faire oublier l'insipide CLA. La Classe A entend démontrer qu'elle mérite pleinement l'étoile apposée sur son nez.

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Objectif : faire oublier le modèle précédent

Déposée sur une architecture à roues avant motrices (le rouage intégral est offert en option) profondément révisée au point de porter un nouveau nom de code (W177 au lieu de W176 pour la CLA), cette berline qui sera proposée au Canada sous les traits d'une berline à quatre ou cinq portes a pour objectif de faire oublier les nombreuses tares du modèle précédent, notamment dans le domaine du confort.

En reprenant sensiblement les mêmes composants, Mercedes a revu les réglages et réajusté l'assiette du véhicule. 

Le confort y gagne, le dynamisme aussi, et ce, quelle que soit la dimension des pneumatiques. Cela dit, parmi les différentes tailles offertes, les 18 po représentent sans doute le meilleur compromis pour les routes québécoises entre les 17 (motricité moyenne) et les 19 po (bruyants) également inscrits au catalogue.

La direction, correctement lestée, procure un toucher de route agréable avec suffisamment de fermeté pour sentir l'activité du train avant et juste ce qu'il faut de légèreté pour pratiquer sans effort les manoeuvres à basse vitesse. Qu'à cela ne tienne, la Classe A ne parvient pas à contenir le sous-virage qui l'affecte dans les courbes serrées, et ce, malgré la présence d'un dispositif 4Matic à quatre roues motrices.

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Mieux que la CLA, sans plus

Écrire que l'on éprouve une joie incommensurable au volant de cette compacte serait incorrect. Toutefois, il est juste de dire que le comportement dynamique de ce véhicule est supérieur à celui de la CLA.

Les suspensions procurent un amortissement supérieur et la tenue de cap se révèle des plus rassurantes. Le freinage, pour sa part, s'est avéré solide, mais le lien qui l'unit au dispositif d'arrêt d'urgence, un peu moins. Cela mérite une explication.

La Classe A est dotée d'un dispositif de franchissement de ligne qui, lorsqu'on chevauche littéralement la ligne médiane de la chaussée, déclenche assez brutalement le freinage d'urgence. Mieux vaut désactiver ce filet de sécurité --franchissement de ligne-- si vous avez l'habitude de « déborder » de votre voie.

Ce faisant, aussi bien désactiver aussi --si le véhicule en est équipé-- l'assistant semi-autonome de conduite, lui non plus ne donne pas satisfaction. Comme bien des systèmes offerts par la concurrence, faut-il le rappeler.

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Moteur solide, mais pas beaucoup de punch

Au Canada, la Classe A soulève son capot - désormais soutenu par un amortisseur et non une vulgaire béquille métallique comme sur la CLA - à une évolution du moteur 2 L suralimenté des actuelles CLA et Classe B de la marque.

Baptisé M 260, ce moteur affiche des performances correctes, sans plus. On le sent solide, volontaire, mais dénué d'âme. 

Sa poussée est linéaire, sa plage d'utilisation, relativement large, mais ce moteur n'a pas le punch attendu. 

En outre, la boîte à double embrayage à sept rapports qui l'accompagne manque de réactivité.

À défaut d'afficher les prestations routières attendues, la Classe A se rattrape, de belle manière, avec un habitacle qui en fera saliver plus d'un.

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Très bel habitacle

La Classe A s'inspire des modèles les plus élitistes de la marque pour « communiquer » ses informations.

Le tableau de bord composé de deux « tablettes » numériques est du plus bel effet. Faciles à consulter en dépit du ramassis d'informations qu'elles comportent et aisément configurables, pourvu que l'on consacre un peu de temps à comprendre leur fonctionnement, ces tablettes donnent satisfaction.

Le cerveau appelé à gérer tout cela s'appelle MBUX. Il s'agit de la première génération de ce dispositif entièrement conçu par Mercedes. Il y en aura d'autres versions assurément, puisque celle-ci n'est pas totalement au point. Surtout en matière de reconnaissance vocale, laquelle se met à votre écoute dès que vous formulez l'injonction « Hé Mercedes ! ». Il n'y a que cet aspect qui soit vraiment rigolo. Même en prenant bien soin de prononcer distinctivement chacun des mots, même en soignant au mieux sa diction, le système fait encore souvent la sourde oreille.

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Matériaux agréables

Outre le bloc d'instrumentation et son centre d'infodivertissement, retenons surtout la présentation particulièrement léchée de cette berline qui s'habille de matériaux agréables (à l'oeil comme au toucher) et fait plusieurs clins d'oeil aux modèles les plus chers de la marque.

À ce sujet, mentionnons par exemple les buses de ventilation rétroéclairées dessinées comme les turbines d'un moteur d'avion. Soulignons aussi les places arrière, plus accessibles et nettement plus spacieuses et confortables que celles de l'actuelle CLA, ainsi que le volume du coffre, désormais - par rapport à celui de la CLA toujours - au diapason avec ceux des véhicules de même format.

Mais tout cela fait-il de la Classe A la meilleure compacte de l'heure ?

Non.

Quoique fortement améliorée par rapport à la CLA (liaisons au sol, insonorisation, habitabilité, comportement dynamique, sécurité, etc.), la Classe A ne survole pas la catégorie pour autant.

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Pas cher... pour une Mercedes

Qu'à cela ne tienne, l'aura de la marque, son prix attractif (pour une Mercedes, s'entend) et ses avancées suffiront à convaincre de nombreux consommateurs de lui faire une place dans leur entrée de garage.

Les plus prudents attendront une année ou deux pour s'assurer de la fiabilité de ses composants.

Et les plus pragmatiques réaliseront enfin qu'il existe actuellement sur le marché des compactes financièrement plus accessibles (à l'achat et à l'entretien) et tout aussi agréables à conduire au quotidien.

Note de la rédaction : les frais d'hébergement de ce voyage ont été payés par Mercedes-Benz, qui n'a exercé aucun droit de regard sur le contenu du reportage.

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Trois fleurs, trois tomates

ON AIME

Le souffle du moteur

L'habitacle valorisant et branché

L'habitabilité digne d'une compacte

ON AIME MOINS

La berline que le modèle à hayon

Les options qui font dérailler le budget prévu

« Hé, Mercedes », il y a encore du travail de mise au point (voir texte)

La facture

Fourchette de prix :  de 33 000 $ à 39 000 $ (estimation)

Frais de transport et de préparation : 1995 $ (2018)

Garantie de base : 48 mois/80 000 km

Consommation réelle : 9,1 L/100 km (estimation)

Chez les concessionnaires : premier trimestre 2019 (berline)

Concurrentes : Acura ILX, Audi A3, Subaru WRX

Pour en savoir plus : www.mercedes-benz.ca

Fiche technique

Moteur : essence L4 DACT 2 L suralimenté

Puissance : 188 ch à 5800 tr/min

Couple : 221 lb-pi à 1600 tr/min

Poids : 1450 kg (estimation)

Rapport poids/puissance : 7,71 kg/ch (estimation)

Mode : traction/intégral (4Matic)

Transmission de série : automatique 7 rapports

Transmission optionnelle : aucune

Diamètre de braquage : 11 m

Freins (av.-arr.) : disque-disque

Pneus (av.-arr.) : 205/55R17 (de série)

Capacité du réservoir : 51 L

Essence recommandée : super