Avec la Mirage, Mitsubishi entre à son tour dans l'ère de la voiture économique et compacte, à vocation urbaine. La proposition du constructeur japonais n'est pas parfaite, mais elle est colorée - huit teintes, dont quatre extravagantes - et se présente plutôt bien. Ce ne sera pas trop pour tirer son épingle du jeu devant ses rivales.

C'est un retour aux sources, mais aussi au réalisme. La Mitsubishi Mirage, petit modèle bon marché (à partir de 12 495$), invite les consommateurs à raisonner sur la place qu'occupe l'automobile dans leur quotidien. Et pourquoi donc? Simplement parce que sans que l'on s'en rende vraiment compte, il s'est formé, au fil des années, une sorte de fracture automobile. Dans leur communication publicitaire, les marques s'adressent à de «jeunes adultes», mais, en réalité, l'essentiel de leur production est absorbé par les plus de 50 ans. À mesure que l'on monte en gamme et en équipement, l'âge moyen du client augmente. Or, commencent à se dessiner parmi les consommateurs plus âgés des comportements "défensifs" vis-à-vis de l'automobile. Anticipant une baisse de leur pouvoir d'achat, certains acheteurs de plus de 55 ans, qui, il n'y a pas si longtemps, n'auraient pas hésité à acheter le dernier modèle avec toutes les options offertes, tendent désormais à réduire leur budget. À cette prise de conscience s'ajoutent aussi d'autres éléments préoccupants et qui, cette fois, touchent tous les groupes d'âge. Parmi ceux-ci, on retrouve le prix sans cesse plus élevé du carburant et l'accroissement du trafic automobile qui rend presque futiles les qualités dynamiques d'une automobile.

C'est dans cette optique - un peu pessimiste, j'en conviens - qu'est née la Mirage. Celle-ci rejoint donc ce groupe de nouveaux modèles démocratiques issus de la mondialisation, dont la rentabilité repose essentiellement sur une production à coûts réduits et une diffusion sur plusieurs continents.

Présentée en avant-première nord-américaine au dernier salon de l'auto de Montréal, la Mirage est visible depuis quelques jours chez les 88 dépositaires autorisés de la marque au pays. Mitsubishi, dont les ventes annuelles oscillent autour de 20 000 unités, nourrit l'espoir que ce modèle contribuera à la faire croître. C'est possible. Les prévisions tablent sur une augmentation progressive du segment de sous-compactes au cours des trois prochaines années. Mitsubishi, qui dit «se concentrer sur une croissance durable dans des segments spécifiques», voit là une occasion à saisir pour engranger des parts de marché.

Solution basique

S'embourgeoiser, c'est le lot de toutes les autos. On leur en fait même compliment. Mais il y a un coût à cela et, à force de suréquiper leurs modèles, les marques ont imposé aux consommateurs des prestations auxquelles ils n'aspiraient pas forcément. Sous prétexte de répondre «aux demandes des clients», elles ont tiré les prix vers le haut, réduisant le cercle des acheteurs. La Mirage vise «les laissés pour compte» pour qui l'automobile est un bien de consommation comme un autre. En somme, quatre roues, un volant et un siège suffisent - presque - à leur bonheur. La Mirage offre tout cela et même un peu plus.

Vendue à un prix attractif, la version ES n'offre pas pléthore d'accessoires et personne ne peut lui en tenir rigueur. En revanche, on s'étonne d'apprendre que le climatiseur ne figure pas sur la liste des options individuelles. Pour y avoir accès, le consommateur doit opter pour la version SE, laquelle fait gonfler la facture de 3000$. En échange de cette somme, on obtient bien sûr d'autres petites gâteries comme les jantes en alliage, les glaces électriques et des sièges chauffants... Des gâteries, puisque celles-ci n'auront aucune influence sur la valeur du véhicule à la revente.

Qu'à cela ne tienne, les responsables de la marque estiment que les acheteurs choisiront la version la plus équipée (SE) au détriment du modèle d'entrée de gamme. De là à parler d'embourgeoisement...

Construite en Thaïlande, la Mirage ne présente pas pour autant un habitacle très "yé-yé". Triste et sombre, le très minimaliste mobilier de bord se couvre de plastiques noirs et sonores. Seuls les quelques appliqués de «faux chromes» troublent à peine l'ambiance spartiate de cette auto. En revanche, les ajustements sont de bonne facture et les portières ne sonnent pas creux lorsqu'on les ferme d'un coup sec. Pas de fantaisie ou de solutions révolutionnaires. Que l'essentiel. Donc, pas la peine de les chercher, on ne retrouve aucun rangement à l'arrière (portes ou endos des sièges) ou des crochets pratiques pour suspendre son manteau. Les sièges sont relativement confortables pour quatre personnes et non cinq comme le prétend son constructeur. D'ailleurs, deux appuie-tête seulement sont installés sur la banquette.

Le coffre, accessible par un hayon, offre un faible volume (237 litres). Il nous fait en revanche bénéficier d'une hauteur sous le cache bagage (de série) en raison de sa profondeur. Il est possible de doubler la superficie en rabattant les dossiers arrière.

La ville, surtout

Soucieuse de battre des records de consommation, la Mirage soigne son aérodynamique et son poids. Si l'on prête foi aux affirmations de son constructeur, cette sous-compacte affiche un coefficient de traînée aérodynamique de 0,28 - remarquable considérant les dimensions extérieures - et un poids - autre tour de force - de 895 kg. Ces deux éléments conjugués ont incité les motoristes à concevoir une mécanique trois cylindres inédite. Répondant au nom de code 3A92, ce moteur en aluminium d'une cylindrée de 1,2 litre produit 74 chevaux aux roues avant. En théorie, c'est peu, mais le rapport poids/puissance est équivalent à des modèles dotés de motorisations plus puissantes.

De la taille d'une machine à coudre, ce moteur implanté transversalement sous le capot s'arrime de série à une boîte à cinq rapports classique fortement surmultiplié, forçant de fréquentes rétrogradations lors des relances. Moyennant 1200$, on peut retenir les services d'une boîte à variation continue (CVT) de nouvelle génération. Conçue par le spécialiste Jatco, cette transmission est identique à celle que l'on retrouve à bord de certains produits Nissan. Elle a pour particularité de comporter un module auxiliaire dans le but d'offrir un rapport de démultiplication plus élevée. Conséquence, un rendement plus fluide, une plus grande compacité et une plus faible consommation énergétique. À ce sujet, la Mirage se targue déjà d'être le véhicule à essence le plus économe au Canada avec une moyenne de 4,9 L/100 km.

Malgré son poids plume, les 74 chevaux du moteur sont parfois un peu courts et la discrétion acoustique n'est pas non plus son fort, notamment avec la boîte CVT. On peut aussi évoquer cette direction inerte et les mouvements de caisse imparfaitement maîtrisés dès que l'auto prend de la vitesse. Dans la circulation urbaine, rien de tout de cela ne transpire. La voiture vire court, se gare en un tournemain et à moins que ses minuscules roues de 14 pouces ne chutent dans un nid de poule, la suspension n'est pas trop dure.

Cela posé, le bilan est honorable. Voiture sans chichi, la Mirage se destine à un usage - essentiellement - citadin mais ne rechignant pas devant les trajets routiers (point trop longs quand même). La Mirage tient son rang dans la gamme du constructeur japonais, mais peine à le faire face à ses rivales plus douées dynamiquement (Honda Fit, Mazda 2), plus éprouvées (Toyota Yaris) ou tout simplement plus craquantes (Chevrolet Spark et Fiat 500). Mais aucune n'offre une garantie aussi apaisante.

L'essentiel

> Fourchette de prix : de 12 498 à 17 098 $

> Coût de transport et préparation : 1450 $

> Garantie de base : 5 ans/100 000 km

> Consommation obtenue lors de l'essai : 6,2 L/100 km (estimation)

> Pour en savoir plus : www.mitsubishimotors.ca

> Principales concurrentes : Chevrolet Spark, Mazda 2, Toyota Yaris

Technique

> Moteur : L3 DACT 1,2 litre

> Puissance : 74 ch à 6000 tr/min

> Couple : 74 lb-pi à 4000 tr/min

> Poids : 895 kg

> Rapport poids/puissance : 12,09 kg/ch

> Mode : Traction (roues avant motrices)

> Transmission (série) : Manuelle 5 rapports

> Transmission (optionnelle) : Automatique CVT

> Direction/braquage : Crémaillère/9,2 mètres

> Freins (av-arr) : Disque/tambour

> Pneus : 165/65 R14

> Capacité/Carburant recommandé : 35 L/Ordinaire

On aime

> Son agilité en ville

> Sa garantie sécurisante

> Son économie d'utilisation

On aime moins

> Ses versions haut de gamme

> Sa direction endormie

> Sa présentation minimaliste