Vous partez en France voir les cousins cet été ? Chanceux, va...Vous n'allez sûrement pas de l'autre bord juste pour regarder les autos, mais si vous apercevez un Renault Kadjar, vous remarquerez sûrement des ressemblances avec des véhicules d'ici, notamment le Nissan Rogue et le Nissan Qashqai.Ces voitures françaises et ces nord-américaines sont évidemment cousines.

Ces modèles et plusieurs autres partagent le même châssis et de nombreuses composantes.

Ce sont ces partages technologiques qui ont permis à l'Alliance Renault-Nissan d'annoncer aujourd'hui des économies de synergie totalisant 4,3 milliards d'euros (près de 6,2 milliards de dollars canadiens) en 2015.

Même famille, patrimoine distinct

L'Alliance a annoncé ces économies «avec un an d'avance sur l'échéance fixée», et vise désormais 5,5 milliards d'euros (7,9 milliards de dollars) en 2018.

Détenant à elles deux la quatrième place du classement automobile mondial avec 8,5 millions d'unités vendues l'année dernière, Renault et Nissan, partenaires depuis 1999, restent des entreprises distinctes même si liées par des participations croisées et dirigées par le même PDG, Carlos Ghosn.

En revanche, elles partagent depuis 2014, au nom de l'efficacité et de la réduction des coûts, les fonctions ingénierie, fabrication et logistique, achats et ressources humaines.

De nombreuses voitures Renault et Nissan partagent déjà leurs éléments essentiels. C'est par exemple le cas des Renault Kadjar, Espace et Talisman d'une part et des Nissan Qasqhai, Rogue et X-Trail de l'autre qui sont toutes construites sur la même plateforme modulaire.

C'est une tendance qui va s'accélérer.

Production croisée et achitecture commune

«À horizon 2020, l'Alliance prévoit que 70% de ses véhicules seront construits sur des architectures» modulaires, selon un communiqué.

Ces synergies passent aussi par une «production croisée» d'une marque dans une usine de l'autre. Deux usines françaises de Renault, Sandouville (Seine-Maritime) et Flins (Yvelines) vont bientôt produire respectivement des utilitaires et la petite berline Micra de Nissan.

Pour Renault-Nissan, «le développement de technologies comme la voiture autonome et la connectivité devrait permettre de dégager des économies substantielles à l'avenir». La stratégie des membres de l'alliance inclut le développement de 10 véhicules dotés de technologies autonomes à l'horizon 2020.

Pouvoir d'achat accru

Dans l'immédiat, c'est le département des achats aux sous-traitants qui contribue le plus aux économies au sein de l'Alliance, «à 33% du total des synergies», selon Arnaud Deboeuf, directeur de l'alliance Renault-Nissan. L'ingénierie est à 26% et la fabrication à 17%, des chiffres liés aux cycles de développement des produits.

L'objectif de 5,5 milliards fixé par M. Ghosn n'inclut pas une nouvelle donnée dans l'alliance Renault-Nissan, la prise de participation du Japonais à hauteur de 34% de Mitsubishi Motors à la mi-mai, a indiqué M. Deboeuf.

Interrogé au sujet des conséquences pour l'alliance d'une sortie de l'Union européenne du Royaume-Uni, pays où Nissan opère sa plus grande usine d'Europe exportant 80% de sa production, M. Deboeuf a affirmé que «c'est vraiment trop tôt» pour les évaluer.

«Aucun secteur n'aime l'incertitude», et des décisions industrielles sur des allocations de production au Royaume-Uni pourraient être retardées, a-t-il toutefois remarqué: «il faut que la situation se clarifie».