Essai routier Nissan GT-R 2017 : la fusée japonaise

Dire que la Nissan GT-R est une voiture culte tamiserait le degré d'adoration que vouent les jeunes amateurs d'automobiles à cette bagnole. Issue d'une lignée dont la naissance remonte à 1969 avec la toute première Skyline GT-R, elle est une création emblématique, dont la légende s'est autant perpétuée sur les pistes de course que dans les garages de rêve virtuels de millions de consoles de jeux. Essai routier de l'une des voitures les plus fascinantes jamais construites dans l'archipel japonais.

Son design

Celle qu'on appelle affectueusement « Godzilla », en référence au monstre chimérique, n'a que faire des conventions.

Dessinée avec une pensée immensément pragmatique, elle déploie un plumage dense et fort complexe. Dire qu'il s'agit d'une beauté naturelle serait poussé, mais il y a une modernité tangible et intéressante à ce dessin.

Redessinée pour 2017, elle présente un faciès plus anguleux et une plus grande efficacité aérodynamique. De côté, les jupes aux tons différents et les grandes jantes noires cachant à peine les immenses étriers ajoutent à la présence imposante, lourde, empoignant le sol. Il n'y a rien de modeste ici et ce n'est pas le but de l'opération.

À bord

Nissan a complètement remanié l'habitacle de sa GT-R pour cette cuvée, un coup de crayon nécessaire.

On découvre donc une planche de bord plus mature intégrant beaucoup mieux l'écran du système d'infodivertissement et drapée en option d'un élégant cuir cousu à la main.

Ce qui est néanmoins le plus surprenant de cette GT-R, c'est à quel point elle est accessible. On prend facilement place à bord grâce à une garde au sol qui n'est pas trop basse. L'espace pour les jambes est abondant et le coffre arrière est étonnamment logeable. Le tout est agrémenté de certains détails pour rendre l'expérience inimitable, comme les poignées de portes extérieures rétractables.

Sous le capot

Le statut privilégié de la GT-R est dû en grande partie à ce qui bat sous son capot avant.

D'une cylindrée de 3,8 L, son gros V6 assemblé à la main a deux turbos à sa disposition, ce qui fait passer le compte à 565 ch et 467 lb-pi. Ces chiffres ne sont évidemment qu'une infime partie du portrait.

L'énergie déployée par ce six-cylindres est tout simplement prodigieuse. Il ne séduit cependant pas par son chant, en partie maladroitement simulé par les haut-parleurs. Bien que très rapide, la boîte à double embrayage n'a pas la vivacité des transmissions plus modernes, surtout en mode automatique.

Derrière le volant

Lancée aux trousses de voitures bien plus chères, la GT-R a bousculé la notion même de supervoiture. L'aspect révolutionnaire de Godzilla est encore et toujours aussi tangible aujourd'hui.

Construite sur un châssis extrêmement rigide qui incorpore certaines pièces de fibre de carbone, la GT-R peut également compter sur une transmission intégrale surdouée.

Très peu de voitures peuvent aussi bien distribuer leur couple au sol. L'accélération en départ arrêté est ainsi d'une impétuosité déconcertante. Malgré ses 1800 kg, les éléments suspenseurs adaptatifs la transforment en ventouse dans les virages, une virtuosité qu'on aurait cependant préférée agencée avec une direction plus tactile. Elle freine aussi fort, cette GT-R, très fort.

Technologies embarquées

Nissan a complètement révisé le système d'infodivertissement pour 2017.

Maintenant enchâssé dans un écran tactile de 8 po, il présente des menus bien conçus, à défaut d'avoir une présentation dernier cri. L'amarrage avec Apple CarPlay ou Android Auto n'est par ailleurs pas proposé.

En contrepartie, le constructeur propose l'application NissanConnect qui permet, entre autres, de déverrouiller le véhicule avec son téléphone intelligent. Comme la plupart des sportives de cette trempe, la GT-R dispose de menus modulables qui exposent une kyrielle de données sur les composantes mécaniques. Pour ce qui est de la sonorité de la chaîne fournie par Bose, c'est du sans-faute.

Verdict

Bien qu'elle soit maintenant plus bourgeoise pour marquer une séparation plus nette avec sa livrée Nismo, cette GT-R demeure une voiture d'exception qui impose le respect en raison de son potentiel de performance extraordinairement élevé.

Avec les récentes modifications apportées à son châssis, cette voiture a également beaucoup de sens sur la route, absorbant étonnamment bien les aspérités de notre réseau routier sans jamais paraître déséquilibrée.

L'approche cérébrale de sa prestation, plus encadrée que celle de bien des rivales, ne plaira cependant pas à tous. Il n'en demeure pas moins qu'il s'agit d'une réalisation franchement impressionnante et une oeuvre de référence toujours inclassable, et c'est une bonne chose.

La GT-R en bref

Départ canon : la GT-R est dotée d'un dispositif permettant d'optimiser les départs arrêtés (communément appelés launch control), ce qui permet de boucler le 0-100 km/h estimé dans les 3 s.

Boîte de vitesses : comme pour la Chevrolet Corvette, la boîte de vitesses à double embrayage est placée sur le train arrière pour bien redistribuer le poids entre les essieux avant et arrière.

Système de freinage : outillée d'étriers Brembo avant à 6 pistons et arrière à 4 pistons, cette GT-R est très efficace en freinage.

Carrosserie aérodynamique : la carrosserie de la GT-R a un coefficient de traînée extrêmement bas pour une sportive de 0,26 cx, chose qui diminue énormément l'effet de la résistance de l'air, donc une meilleure accélération à haute vitesse.

Orange mécanique : le très bel orange foncé, offert en option, est le fruit de quatre étapes de préparation.

Fiche technique

• Version à l'essai : Premium

• Prix (avec options) : 132 500 $

• Moteur : V6 DACT 3,8 L biturbo

• Puissance : 565 ch à 6800 tr/min

• Couple : 467 lb-pi de 3300 à 5800 tr/min

• Transmission : automatique à double embrayage à 6 rapports

• Architecture motrice : moteur longitudinal central avant, transmission intégrale

• Consommation (ÉnerGuide) : 12,6 L/100 km (octane 93 recommandé par Nissan)

• Concurrentes directes : Acura NSX, Jaguar F-Type R, Porsche 911 Turbo

• Du nouveau en 2017 : carrosserie et habitacle redessinés, châssis rigidifié, suspensions réglées pour améliorer le confort, moteur plus puissant de 20 ch et 4 lb-pi de couple.

• Pour en savoir plus : www.nissan.ca