La détention prolongée de Carlos Ghosn au Japon, qui a suscité des critiques à l'étranger, doit être l'occasion de revoir le système judiciaire japonais, a estimé mercredi Junichiro Hironaka, le nouvel avocat du magnat de l'automobile, insistant sur son innocence.

« Les procureurs le gardent en détention parce qu'il n'avoue pas. Je voudrais que les gens se demandent si c'est approprié du point de vue des normes internationales », a déclaré Junichiro Hironaka, qui tenait à Tokyo sa première conférence de presse.  

« Cette affaire étant devenue internationale, je pense que c'est l'occasion d'amender le système », a-t-il insisté.

Des organismes de défense des droits sont d'accord

Ses propos font écho à un communiqué publié plus tôt par la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) et l'organisation japonaise Centre pour les droits des prisonniers, qui ont dénoncé les « graves défaillances » de la justice nippone.

Carlos Ghosn, dont l'arrestation le 19 novembre à Tokyo a secoué le monde des affaires, a été inculpé pour avoir caché, dans les rapports de Nissan remis aux autorités boursières, une partie de ses revenus : 9,23 milliards de yens (111 millions de dollars canadiens) de 2010 à 2018. Il est aussi accusé d'abus de confiance.

Il risque jusqu'à 15 ans de prison.

L'homme d'affaires de 64 ans avait d'abord choisi pour le défendre un ancien procureur, Motonari Otsuru. Mais face à son attitude jugée passive et aux rejets de ses requêtes de libération, il a décidé la semaine dernière de muscler sa défense, en faisant appel à des vétérans du barreau.

« Les procédures pour préparer le procès vont débuter. Il devrait se tenir quelque temps après l'été ou l'automne », a précisé M. Hironaka, qui a obtenu par le passé des acquittements notoires.

«Un problème interne à Nissan»

L'avocat a repris la thèse d'une « stratégie » ourdie par Nissan, qu'a déjà avancée Carlos Ghosn pour expliquer sa chute brutale. « J'ai l'impression que c'est un problème interne à Nissan », a-t-il dit.

Selon le capitaine d'industrie, on a voulu l'éliminer du jeu pour contrer son projet d'intégration des trois compagnies de l'alliance : Renault, Nissan et Mitsubishi Motors.

M. Ghosn a désormais perdu tous ses titres : Nissan s'était empressé de le révoquer, tout comme Mitsubishi Motors, tandis que Renault a nommé en janvier un tandem pour le remplacer.

Outre les poursuites judiciaires au Japon, Renault a récemment transmis des éléments à la justice française relatifs à l'organisation du mariage de son ex-PDG en 2016 au château de Versailles.