Surcapacités, pression sur les prix et alliances entre constructeurs, à l'instar de GM et PSA, vont jeter leur ombre sur le 82e Salon international de l'auto de Genève, qui ouvre ses portes mardi aux médias et jeudi au grand public.

Les quelque 700 marques présentes sur le salon -- dont les plus prestigieuses comme Ferrari, Porsche et Bugatti -- vont combler le coeur des 700 000 amateurs de belles mécaniques attendus pendant dix jours.

Mais le rendez-vous de Genève, deuxième salon de l'année après celui de Detroit aux États-Unis en janvier, va pâtir de la mauvaise situation conjoncturelle et des surcapacités dans le secteur.

Le Fonds monétaire mondial (FMI) a ainsi revu à la baisse à 3,3% les perspectives de croissance au niveau mondial. La zone euro, empêtrée dans la crise des dettes publiques, risque même de plonger dans la récession.

«Un nouveau ralentissement économique aigu ou une faiblesse persistante dans les ventes automobiles en Europe risquent de provoquer d'autres réactions draconiennes chez certains constructeurs», notamment des fusions ou des restructurations, voire des fermetures de site, prévient Fitch.

Selon l'agence de notation, le secteur est confronté aux surcapacités, à la concurrence féroce et à la pression sur les prix, auxquelles s'ajoute une baisse de confiance des consommateurs.

«Ces conditions difficiles devraient persister en 2012 et provoquer une pression continue sur les revenus et la profitabilité» des constructeurs, préviennent les analystes de Fitch.

La situation est cependant fort variée sur le plan géographique.

Les ventes de voitures et d'utilitaires vont ainsi croître cette année de 7,7% au niveau mondial, anticipe Standard & Poor's (S&P). L'Asie reste la région la plus vigoureuse, avec une croissance des ventes attendue de 10,9%, suivi de l'Amérique du Nord (+10,6%). En Europe de l'Ouest, elles vont par contre stagner à -0,4%.

Pour les constructeurs européens, la situation est moins dramatique que lors de la crise de 2009, notamment pour le numéro deux mondial Volkswagen qui réalise près de la moitié des ventes dans les pays émergents.

Le groupe de Wolfsburg espère ainsi vendre d'ici 2018 quelque 3 millions de véhicules en Chine et 1 million d'unités en Amérique du Nord, tandis que le français PSA Peugeot Citroën s'est doté d'une deuxième coentreprise dans l'Empire du Milieu et envisage d'ouvrir un site en Inde.

Le tableau est cependant fort varié en Europe, avec un recul l'an dernier des immatriculations de 2,1% en France, de 4,4% au Royaume-Uni et de 17,7% en Espagne, tandis que les ventes ont augmenté de 8,8% en Allemagne, premier marché européen du secteur.

Cette situation pèse sur les constructeurs généralistes européens encore très dépendant du Vieux continent, comme c'est le cas pour PSA Peugeot Citroën.

Pour faire face à ces difficultés, le numéro un mondial de l'automobile, l'américain General Motors (GM), et le français ont annoncé mercredi qu'ils allaient s'allier pour produire ensemble certaines parties de leurs voitures.

L'inquiétude est également de mise chez l'allemand Opel, en difficulté chronique. Ce dernier se trouve, selon la presse, sous pression de sa maison mère GM pour réduire ses coûts, voire pour fermer des usines.

À l'opposé, les constructeurs «premium» allemands comme Mercedes-Benz (groupe Daimler) et BMW, ou le segment du luxe avec Ferrari (Fiat) et Porsche ont le sourire, grâce à l'appétit en bolides des pays émergents.

Toutes ces difficultés ne doivent pas faire oublier que le salon de Genève reste une usine à rêves, où seront présentées 140 premières européennes et mondiales.

Parmi les nouveautés, se trouveront la nouvelle Porsche Boxter, la Ferrari F620, la Ford B-Max, la Peugeot 208, l'Opel Mokka ou encore la Mercedes classe A.